Mamadou Koulibaly « recadre » l’ambassadeur Haïdara
Dans une réaction virulente publiée sur les réseaux sociaux, l’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, Mamadou Koulibaly, a vivement répondu à l’ambassadeur ivoirien au Sénégal, Mamadou Haïdara, qu’il accuse d’ignorer volontairement les conclusions de plusieurs rapports internationaux consacrés au blanchiment de capitaux et au trafic transfrontalier de bétail en Afrique de l’Ouest.
S’adressant directement au diplomate, qu’il qualifie ironiquement de « caporal-chef de la police de la pensée », M. Koulibaly regrette que ce dernier ait privilégié « l’attaque personnelle », plutôt qu’un débat de fond sur les risques sécuritaires et économiques identifiés dans les documents concernés.
Le Bounkani pointé comme zone clé du trafic
Dans son exposé, Mamadou Koulibaly résume les principaux points des rapports consultés, selon lesquels :
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la région du Bounkani, notamment Doropo et Téhini, constitue désormais une plaque tournante du blanchiment de bétail volé au Burkina Faso au profit du JNIM et de réseaux criminels associés ;
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les groupes armés sahéliens y déploient une stratégie d’extraction non violente de ressources, évitant les affrontements pour préserver leurs circuits économiques ;
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l’économie du bétail, centrale dans les conflits sahéliens, demeure l’une des sources de financement les plus résistantes des groupes armés.
Selon ces analyses, les acteurs impliqués — négociants, intermédiaires et réseaux transfrontaliers — engrangeraient des profits « deux à trois fois plus élevés » grâce à l’achat de bétail à bas prix, alimentant indirectement les groupes djihadistes.
Des ramifications jusqu’à l’économie ivoirienne
Les rapports évoqués établissent également que des flux financiers illicites issus de ces trafics se seraient infiltrés dans plusieurs secteurs en Côte d’Ivoire, notamment :
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l’immobilier,
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la grande distribution,
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les transferts internationaux,
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et l’économie informelle.
Mamadou Koulibaly pointe des conséquences « graves » pour l’État : érosion des recettes publiques, fragilisation institutionnelle, perte de transparence dans la gouvernance et menaces sur la stabilité économique.
« Se taire, c’est être complice »
L’ex président de l’Assemblée Nationale [10 ans] et ancien ministre, estime qu’ignorer ces alertes reviendrait à cautionner indirectement les activités terroristes dans la sous-région. Il accuse l’ambassadeur Haïdara de « légèreté », d’« irresponsabilité » et de préférer « s’attaquer au messager » plutôt que de contribuer à une réponse structurée à ce qu’il décrit comme un « problème grave qui hypothèque la paix et l’avenir de tous ».
La sortie de Mamadou Koulibaly, [officiellement à la retraite politique] intervient dans un contexte où le gouvernement ivoirien affirme renforcer son dispositif de lutte contre les flux illicites et l’infiltration criminelle dans les secteurs économiques stratégiques.
● Votre réponse puérile relève t-elle de la paresse, du désintérêt ou de l’irresponsabilité ?
Peu importe.
Je me permets de vous faire un résumé des études concernées pour vous. Considérez le comme ma contribution bénévole à votre éducation sur ces questions épineuses qui devraient préoccuper tout responsable politique à votre niveau.
Pour les industries du blanchiment de capitaux en CI et du recel de bétail volé au Niger, Mali et Burkina, sur le marché ivoirien, il est dit, entre autres, que:
■1) la région du Bounkani, (avec Doropo et Tehini… ) est devenue une plaque tournante clé du blanchiment de bétail volé au Burkina Faso, facilitant les flux financiers vers le JNIM et les réseaux criminels associés. La région du Bounkani en Côte d’Ivoire joue un rôle secondaire mais néanmoins important
dans cet écosystème.
■ 2) La fonction de blanchiment des capitaux issus de ces régions, corrobore que le JNIM est capable de s’assurer des
ressources dans le Bounkani, donc en Côte d’Ivoire, sans recourir à la violence, ce qui met en évidence une stratégie d’extraction non violente de fonds et donc de long terme, dans les principaux corridors logistiques.
■ 3) Ces tendances réaffirment le rôle central de l’économie du bétail dans l’écosystème conflictuel du Sahel et de l’Afrique de l’ouest côtière. Le vol de bétail restant l’une des sources de financement
les plus résilientes et les plus lucratives pour les groupes armés opérant dans la région.
■4) L’implication d’acteurs armés dans le marché transfrontalier du bétail fausse les dynamiques
commerciales, générant des profits deux à trois fois plus élevés pour les intermédiaires et les
négociants en bétail, qui peuvent acheter du bétail volé à des prix très bas pour financer indirectement les terroristes et le JNIM.
■ 5) Cette convergence
d’intérêts entre des puissants acteurs économiques des États côtiers dont votre pays, et les acteurs liés au terrorisme, renforce le statu quo, sape les efforts de consolidation de la paix et brouille les lignes entre acteurs de la lutte contre le terrorisme, réseaux criminels et le blanchiment des capitaux en Afrique de l’ouest.
■ 6) Un état des lieux du blanchiment de capitaux en Côte d’Ivoire amène au constat que les flux financiers illicites, se retrouvent dans le financement:
▪︎ de l’immobilier;
▪︎ de la grande distribution;
▪︎ des circuits des transferts internationaux;
▪︎ du développement de l’économie informelle.
■7) Pour quelles conséquences globales ?
▪︎ Ces activites financent le renforcement des djihadistes et autres criminels et terroristes dans la sous-région.
▪︎ Elles réduisent les capacités institutionnelles déjà insuffisantes de l’État ivoirien.
▪︎ Elles Érodent les recettes publiques.
▪︎ Elles minent la transparence de la gouvernance et compromettent la stabilité économique et financière de l’État.
▪︎ Elles contreviennent au discours sur l’intégration régionale en Afrique de l’Ouest.
■ 8) Face à ces constats et à leurs conséquences, se taire n’est pas de la dignité mais de la complicité et de l’irresponsabilité.
L’indignité, c’est vous qui l’incarnez, préférant attaquer le messager plutôt que de vous employer à trouver des solutions à ce problème grave qui hypothèque la paix et l’avenir de tous.
Diplomatiquement, votre Excellence !
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