COP30 : Quelles solutions face à certaines pratiques polluantes des entreprises minières chinoises en Afrique ?

La Chine est le premier producteur mondial de terres rares, dont elle contrôlerait environ 60% de l’extraction et 90% du raffinage.[1] Ces chiffres impressionnants cachent malheureusement une forte empreinte écologique, en particulier en Afrique, où la Chine est très présente. À l’heure de la COP30 de Belém, quelles solutions face à ces activités d’extraction polluantes ?

Si la Chine n’est pas le seul pollueur en Afrique, elle est régulièrement épinglée par des études universitaires, journalistiques et associatives sur ses pratiques peu respectueuses de l’environnement et des normes éthiques aléatoires. En effet, il n’existe pas de cadre normatif contraignant à l’international sur les activités minières, ce dont certaines entreprises du domaine extractif profitent. Ces dernières peuvent donc adopter des pratiques dangereuses voire illégales en vertu des codes miniers nationaux : 

  • Défauts ou absence d’études d’impact environnemental ;
  • Mauvaise gestion des déchets miniers ;
  • Rejets toxiques dans les cours d’eau
  • Absence de dialogue avec les communautés locales ;
  • Faible contrôle des activités des entreprises ;
  • Manque de transparence sur les données environnementales etc.

Elles peuvent porter atteinte aux écosystèmes, en engendrant la pollution des réserves d’eau potable, l’empoisonnement d’espèces animales et végétales, l’appauvrissement des sols, des graves problèmes de santé parmi les populations locales etc.

Plusieurs cas récents en Afrique :

Récemment, les activités de la filiale chinoise Congo Dongfang Mining (CDM) en République Démocratique du Congo ont été suspendues par les autorités en raison de la pollution de l’eau à Lubumbashi. Selon le ministère des Mines congolais, « un débordement d’effluents industriels provenant d’un bassin de rejet aurait touché plusieurs quartiers environnants, suscitant de vives inquiétudes quant à la sécurité des populations et à la protection de l’environnement… le bassin de rejet de la société CDM ne répond à aucun standard international :  Absence de dispositifs de contrôle, de stabilité et d’étanchéité, inexistence d’un plan d’urgence en cas d’incident ; autant de défaillances ayant conduit à une pollution manifeste des eaux, à la mortalité piscicole et à la contamination de l’environnement immédiat. »[2]Ce constat a entrainé une réponse sévère des autorités congolaises à savoir la suspension des activités de cette entreprise. En RDC, la Chine avait déjà été épinglée pour des cas similaires. L’entreprise COMMUS filiale de Zijin Mining est régulièrement accusée de graves atteintes à l’environnement dans la province du Lualaba (sud-est).

En septembre 2025, l’ONG Human Rights Watch a appelé le gouvernement zambien à mener une enquête sur le déversement de déchets toxiques dans le fleuve Kafwe après la rupture d’un bassin de rétention sur le site minier de Sino-Metals Leach en Zambie. Une entreprise de dépollution ayant fait des mesures dans le fleuve a estimé que la quantité de déchets répandus était 20 fois supérieure aux annonces de Sino-Metals. Les analyses de l’entreprise sud-africaine Drizit ont conclu à la présence dans l’eau de « niveaux dangereux de cyanure, d’arsenic, de cuivre, de zinc, de plomb, de chrome, de cadmium », pouvant causer des malformations congénitales ainsi que des cancers.[3]

Le Cameroun héberge des gisements de fer de Mbalam (Est), d’uranium à Poli (Nord, d’or à Bétaré Oya et Batouri (Est), et des gisements de pétrole offshore du Sud-Ouest. Les sites aurifères à Batouri sont principalement opérés par des exploitants chinois, qui utilisent certains produits chimiques, en particulier le mercure pour amalgamer l’or. Des spécialistes ont ainsi alerté sur le risque de développement de problèmes dermatologiques chez les populations, des problèmes digestifs avec des gastroentérites, ou autres formes d’empoisonnement.[4]

La responsabilité de l’Etat chinois et de l’entreprise pollueuse

L’Etat chinois dispose de leviers pour contraindre les entreprises du secteur minier à des pratiques plus responsables. En 2025, la Chine a adopté un nouveau cadre règlementaire « Les Normes de divulgation sur la durabilité des entreprises » pour encadrer les pratiques environnementales. Cela dit, le texte ne prévoit pas de sanctions en cas de non-respect des règles énoncées et les contrôles par les autorités compétentes semblent rares.

D’autres solutions existent également : le renforcement des mécanismes d’évaluation en amont des projets ou l’application des restrictions d’accès à des financements publics en cas d’atteintes manifestes à l’environnement.

Les entreprises pourraient également améliorer certaines de leurs pratiques : respecter les cartographies de zones sensibles, mettre en place des systèmes de gestion responsable des déchets et rejets, restaurer les zones dégradées par leurs activités, publier leurs données scientifiques etc.

Les outils dans les mains des gouvernements-hôtes :

Si les activités minières constituent des rentres lucratives pour les gouvernements, elles peuvent être encadrées par des codes miniers restrictifs. Les gouvernements peuvent « également annuler les licences d’exploitations des entreprises ayant endommagé l’environnement et porté atteinte aux droits des communautés locales ou même porter en justice les entreprises jugées responsables d’atteinte à l’environnement.

Par exemple, en 2024, le ministère nigérien des mines a demandé la fermeture d’au moins quatre sites miniers chinois suite à empoisonnement de la faune aux abords des sites exploités par des entreprises chinoises dans le Nord du pays.[5]

Le Tchad de son côté a porté plainte en 2014 contre le géant pétrolier chinois CNPC pour pollutions répétées dans la région du Mayo-Kebbi (sud-ouest). L’entreprise s’est engagée à payer 400 millions de dollars de réparation.[6]

La mobilisation d’organisations de la société civile :

L’ONG Business & Human Rights Resource Centre (BHRRC) a estimé qu’entre janvier 2021 et décembre 2022, 39 entreprises chinoises de l’extraction minière étaient impliquées dans 102 cas d’allégations de violations des droits humains et environnementaux.[7]

Le mouvement citoyen FILIMBI au Congo a dénoncé la pollution de la rivière Arwini dans le nord-est de la RDCongo par les activités illégales de la société Xiang Jiang Mining. Le courrier adressé par RIAO-RDC (réseau d’appui aux ONG) à la ministre congolaise de l’Environnement avait déclenché l’arrêt immédiat des activités de la société chinoise et donné lieu à des dédommagements.

En Zambie, environ 50 fermiers ont porté plainte contre l’entreprise Sino-Metals Leach, accusée d’avoir pollué le fleuve Kafwé. Ces derniers ont demandé 220 millions de dollars de compensation, afin de réaliser une étude environnementale et sanitaire et reloger les familles touchées.[8]

Légende 1 : Pollution au mercure dans une exploitation chinoise d’or au Cameroun

Légende 2 : Pollution de l’Usine chinoise Sea Production : GREEN PEACE Afrique …

AT, Correspondance particulière


Sources à consulter

[1] https://www.lepoint.fr/monde/terres-rares-la-chine-accorde-a-l-europe-un-sursis-d-un-an-01-11-2025-2602216_24.php#:~:text=La%20Chine%20contr%C3%B4le%2060%20%25%20de,des%20photos%20de%20machines%2Doutils%E2%80%A6

[2] https://projetafriquechine.com/2025/11/12/r-d-congo-le-gouvernement-congolais-suspend-les-activites-du-chinois-dongfang-mining-pour-pollution/

[3] https://projetafriquechine.com/2025/09/16/deversement-toxique-dune-mine-en-zambie-hrw-appelle-a-une-enquete-exhaustive/

[4] https://www.dw.com/fr/cameroun-exploitation-mines-pollution/a-71291895

[5] https://projetafriquechine.com/2024/05/06/niger-fermeture-temporaire-de-mines-dor-apres-la-mort-de-plusieurs-dizaines-danimaux/

[6] https://www.agenceecofin.com/hydrocarbures/2810-23875-le-chinois-cnpc-va-payer-au-tchad-un-dedommagement-de-400-millions-pour-retrouver-ses-permis

[7] https://www.africanews.com/2023/07/06/chinese-mining-companies-accused-of-human-rights-violations-ngos/?utm

[8] https://fr.africanews.com/2025/09/29/zambie-plainte-pour-pollution-contre-une-entreprise-miniere-chinoise//#:~:text=En%20Zambie%2C%20environ%20cinquante%20fermiers,plainte%20pour%20la%20m%C3%AAme%20raison.

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