Côte d’Ivoire – Filière cacao : le gap explose et met sous tension tout le système d’achat

Malgré les communications rassurantes du gouvernement et du Conseil du Café-Cacao (CCC), les données qui circulent au sein de la filière témoignent d’une situation bien plus préoccupante que ce qui est officiellement présenté. Selon plusieurs acteurs du secteur, le différentiel entre les prix internationaux et le prix bord champ ivoirien s’est fortement aggravé ces dernières semaines.

Il y a peu, ce « gap » se situait autour de –800 FCFA par kilogramme. Il atteint désormais environ –1 578 FCFA/kg, un niveau jamais observé depuis plusieurs années.

Un risque croissant pour les exportateurs

Concrètement, cela signifie que pour chaque kilogramme de cacao acheté aux producteurs au prix officiel de 2 800 FCFA, l’État devrait compenser l’exportateur à hauteur de près de 1 600 FCFA/kg pour lui permettre de revendre à des prix conformes aux cours réels du marché spot.

Plusieurs sources issues des coopératives et des exportateurs estiment que 300 000 à 400 000 tonnes pourraient être concernées par cette situation d’ici fin mars 2026. À ces niveaux, l’équation financière devient difficile à tenir : sans soutien massif, une partie des opérateurs risque de fortement ralentir leurs achats.

Des achats potentiellement gelés jusqu’en mars 2026

Face à ce déséquilibre grandissant, certains exportateurs envisagent de reporter une grande partie de leurs opérations d’achat, dans l’attente d’un éventuel réajustement du prix bord champ.
Beaucoup s’attendent en effet à ce qu’à partir de mars 2026, l’État soit contraint de revoir les prix officiels pour les aligner sur :

la réalité d’un marché mondial en surproduction,

la baisse continue des cours internationaux,

et les contraintes financières internes du système de stabilisation ivoirien.

Un discours officiel en décalage avec la réalité du terrain

Si les autorités assurent que la campagne est sous contrôle, les acteurs de terrain constatent un fossé grandissant entre les annonces et la dynamique réelle du marché. Le risque d’un ralentissement prolongé des achats inquiète particulièrement les producteurs, qui pourraient se retrouver confrontés à des difficultés d’écoulement, malgré un prix officiel affiché comme « historique ».

À ce stade, aucun plan de soutien concret n’a été annoncé pour compenser les exportateurs ou absorber le choc financier.

La filière cacao, pilier de l’économie nationale, entre ainsi dans une phase de tension dont l’issue dépendra des prochaines décisions gouvernementales.

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