Entre fidélité idéologique et affirmation présidentielle, le rapport de force est désormais clair. Ousmane Sonko, conscient de sa popularité intacte dans la rue, entend garder la main sur le parti et son électorat.
De son côté, Bassirou Diomaye Faye, passé plus institutionnel, cherche à construire une présidence stable et autonome, quitte à froisser son mentor.
Les deux hommes jouent une partie d’échecs délicate : l’un ne veut pas redevenir simple symbole, l’autre refuse d’être perçu comme un pion, ce qu’il est dans les faits. Car l’autre, l’a fait littéralement élire.
Le froid politique sous les tropiques
Pendant que le monde débat du réchauffement climatique à Belém, au Brésil, le Sénégal découvre les premiers signes d’un refroidissement politique inquiétant.
Les médiateurs auront fort à faire pour réchauffer une coalition où la confiance semble désormais gelée.
Si la diplomatie interne échoue, le PASTEF risque de s’engager dans une véritable guerre froide politique — avec, en toile de fond, la présidentielle de 2029.
À vos parkas !
Le PASTEF s’enflamme : vers la rupture entre Sonko et Diomaye ?
Entre soupçons de trahison, jeu d’influence et fractures internes, la coalition présidentielle vacille.
Le climat politique au Sénégal se refroidit, et cette fois, il ne s’agit pas de météo.
Depuis le Téra Meeting d’Ousmane Sonko tenu sur le parking du stade Léopold Sédar Senghor de Dakar, les tensions se multiplient au sein du PASTEF. Plusieurs figures du parti ont ouvertement exprimé leurs inquiétudes face à l’attitude du président Bassirou Diomaye Faye, élu en mars 2024 sous la bannière de la coalition Diomaye Président.
Les partisans de Sonko accusent Diomaye de dérive solitaire
Présenté au départ comme le “président de précaution” désigné par Ousmane Sonko en raison de son inéligibilité, Bassirou Diomaye Faye semble aujourd’hui vouloir s’émanciper de cette tutelle politique.
Dans les rangs du PASTEF, la colère monte : certains réclament la dissolution de la coalition Diomaye Président, perçue comme un outil de légitimation personnelle.
Pire, des voix internes l’accusent de vouloir empêcher le retour politique de Sonko en 2028, en retardant ou bloquant une amnistie totale de son dossier judiciaire. Une stratégie jugée “mackyste”, en référence au style jugé autoritaire de l’ancien président Macky Sall.
Le clash Aïda Mbodj – Aminata Touré fait exploser la tension
Le 8 novembre, Ousmane Sonko, en sa qualité de président du PASTEF, a confirmé Aïda Mbodj comme coordinatrice de la coalition présidentielle et exigé le retrait d’Aminata Touré, accusée d’avoir été épinglée par un rapport de l’Inspection générale d’État (IGE) en 2020.
Une sortie jugée ferme, presque menaçante, à l’endroit du chef de l’État.
Mais deux jours plus tard, le président Diomaye Faye a répliqué avec une froideur stratégique. Après avoir reçu longuement Aminata Touré au Palais, il l’a nommée Superviseur général de la Coalition Diomaye Président, en remplacement d’Aïda Mbodj. Une nomination justifiée par “un processus engagé depuis le 10 septembre”, soit bien avant le Téra Meeting.
Ce geste a été interprété par la base du PASTEF comme un acte d’autorité, voire un affront direct à Sonko. La rupture, jusque-là larvée, s’affiche désormais en pleine lumière.
Cinq signes avant la première balle politique
Avant cette “balle blanche” tirée par le président, cinq signaux avaient déjà annoncé la tempête :
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l’absence remarquée de Sonko au Conseil des ministres du 22 octobre ;
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le live critique du 25 octobre ;
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ses congés annoncés le 6 novembre ;
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un nouveau live le 7 novembre ;
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et enfin, le Téra Meeting du 8 novembre, moment de bascule politique.
Une série d’avertissements qui, de toute évidence, n’ont pas freiné le chef de l’État dans sa volonté d’imposer son autorité sur l’appareil politique qu’il dirige — au risque d’un divorce consommé avec le PASTEF historique.






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