Burkina Faso : trois ans après le coup d’État, les enfants pris au piège du JNIM

Par Fleur Kouadio

En 2022, le capitaine Ibrahim Traoré promettait d’en finir avec le terrorisme. Trois ans plus tard, le Burkina Faso est exsangue : les attaques djihadistes se multiplient, des centaines de villages ont disparu de la carte, et plus de deux millions de déplacés internes survivent dans la misère.

Derrière cette faillite sécuritaire, un drame plus silencieux s’impose : l’enrôlement d’enfants par les groupes djihadistes, notamment le Jama’at Nusrat al-Islam wal Muslimin (JNIM). Le dernier rapport des Nations Unies sur les enfants et les conflits armés, publié en avril 2025, confirme des centaines de cas d’enfants recrutés de force ou exploités par ces groupes. L’organisation Human Rights Watch parle d’un « effondrement de la protection des civils ».

Les enfants deviennent aujourd’hui les instruments d’une guerre qui n’épargne plus rien : convoyeurs de munitions, espions, ou même combattants. Dans les régions de l’Est et du Sahel burkinabè, des sources locales signalent que des adolescents sont entraînés à manier des armes sous la contrainte.

L’armée burkinabè, malgré une rhétorique triomphale, ne contrôle qu’une partie du territoire. Les VDP (Volontaires pour la défense de la patrie), souvent mal encadrés, sont accusés de représailles aveugles. Le résultat est une fracture nationale. Là où l’État recule, les groupes armés remplissent le vide avec les enfants comme première cible.

Pour Ibrahim Traoré, la promesse de « régler la situation » s’est transformée en cauchemar politique. Son pouvoir repose sur la censure et le contrôle du discours, mais aucune victoire militaire durable n’a été obtenue.

Le Burkina Faso symbolise aujourd’hui l’impasse d’une stratégie fondée sur la force brute. Et les premières victimes, ce ne sont ni les militaires ni les politiciens, mais les enfants de la guerre.

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