Énergie & eau potable : la Côte d’Ivoire multiplie les projets d’infrastructures 

Classée 5e pays le plus attractif d’Afrique pour les investissements étrangers et 1ère en Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire est aujourd’hui lancée dans une opération séduction pour attirer de nouveaux investisseurs et développer certains secteurs économiques qui en ont besoin. 

 

La Côte d’Ivoire a la cote en ce moment. Avec une économie florissante, elle attire de plus en plus les investissements étrangers, dans de nombreux domaines. Elle pointe aujourd’hui à la 5e place des pays les plus attractifs, derrière l’Île Maurice, l’Égypte, l’Algérie et le Maroc selon The Global Attractiveness Index 2025. Si notre pays est bien connu pour ses productions agricoles comme le cacao – 40% de la production mondiale –, le café, le caoutchouc ou les noix de cajou, il développe également d’autres secteurs stratégiques comme les infrastructures énergétiques et la gestion des ressources en eau. 

 

Abidjan cherche à attirer les investisseurs 

Selon les chiffres 2023 du Centre de promotion des investissements en Côte d’Ivoire (CEPICI), le Burkina voisin est le premier investisseur dans le pays (11%), suivi de la Turquie (7%), puis du trio Togo-France-Chine (5% chacun). Si l’essentiel de ces fonds étrangers sont dirigés vers l’industrie et les services financiers, la Côte d’Ivoire tente désormais de diversifier la provenance de ses partenaires et les domaines économiques récipiendaires. 

 

Les partenaires étrangers de la Côte d’Ivoire ne s’y trompent pas : le pays est de plus en plus attractif. Selon le Département d’État américain, « Moody’s Investors Service a relevé la notation d’émetteur à long terme (en monnaie locale et étrangère) et la notation des obligations senior non garanties (en devises étrangères) du gouvernement ivoirien de Ba3 à Ba2, et a indiqué que les perspectives du pays étaient passées de « stables » à « positives ». Avec le deuxième meilleur profil de crédit d’Afrique de l’Ouest, ce relèvement reflète la résilience économique de la Côte d’Ivoire, soutenue par une diversification économique croissante, des niveaux de revenus en hausse et de solides perspectives économiques ». Et les États-Unis ne sont pas insensibles aux appels du pied d’Abidjan, ne serait-ce que pour les réserves offshores du gisement Baleine (2,5 milliards de barils et 3300 milliards de pieds cubes de gaz naturel) qui attisent les convoitises. 

 

En juillet dernier, Sidi Tiémoko Touré, le ministre ivoirien des Ressources animales et halieutiques, était d’ailleurs à Washington pour faire la promotion du pays et attirer des investisseurs américains qui s’orientent habituellement vers les pays anglophones du continent. « Nous sommes prêts à faire des affaires en Côte d’Ivoire, a invité Sidi Tiémoko Touré. Nous avons enregistré une croissance moyenne du PIB de 8,2% entre 2011 et aujourd’hui, même pendant la pandémie de COVID-19, ce qui est un excellent indicateur. » Outre ces bonnes performances, la Côté d’Ivoire met également en avant deux facteurs synonymes de confiance : ses cadres réglementaires favorisant la protection des investissements étrangers et les prises de participation dans les entreprises publiques en train d’être privatisées, et sa capacité à servir de porte d’entrée à toute la sous-région. 

 

L’énergie et l’eau focalisent désormais toute l’attention 

Si les États-Unis peuvent devenir un partenaire important de la Côte d’Ivoire, le pays doit aussi mettre en valeur des secteurs particulièrement propices aux investissements comme la gestion des ressources en eau et l’énergie – avec l’hydroélectricité, la biomasse et les énergies renouvelables. Ces dernières années, la Côte d’Ivoire a fait un bond en avant dans ces domaines, conformément à sa vision énergétique à l’horizon 2030. Et les choses devraient s’accélérer : depuis 2024, quelque 1221 milliards de francs CFA ont été injectés dans le secteur énergétique. En 2030, le pays devrait porter sa capacité de production électrique à 5000MW dont 45% provenant de sources renouvelables, selon les vœux du ministre de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique, Jacques Assahoré Konan. Dans ce domaine, plusieurs projets de taille similaire (environ 50MW de capacité de production) sont en train de voir le jour : la centrale de Bondoukou financée par une entreprise des Émirats Arabes Unis, AMEA Power dont la première pierre a été posée en février dernier, la centrale Kong Solaire développée conjointement par InfraCo Africa et Africa Via ou encore une autre dans le nord du pays menée par Emerging Africa & Asia Infrastructure Fund et Ninety One.  

Si l’énergie solaire concentre aujourd’hui de nombreux investissements, la production d’électricité propre peut prendre aussi d’autres formes, comme la biomasse dont le combustible vient des déchets agricoles des plantations locales de palmiers. Biovea Energie – un consortium réunissant EDF, Meridiam et Sifca – a investi 152 milliards de francs CFA dans la construction de sa centrale (capacité de production de 46MW). Un projet doublement vertueux car il génèrera des revenus supplémentaires en faveur de 12000 agriculteurs de la région d’Aboisso, à environ 100km à l’est d’Abidjan. « Cette centrale sera l’une des plus grandes d’Afrique de l’Ouest alimentée par des déchets agricoles, assure l’entreprise française Meridiam, partenaire du projet et déjà présent dans dix pays du continent dans des projets d’infrastructures bas-carbone de transport ou d’énergies renouvelables. Elle produira suffisamment d’énergie pour alimenter 1,7 million de personnes tout au long de l’année. Il s’agira de la première centrale électrique connectée au réseau utilisant ce type de biomasse. Le projet s’inscrit dans le cadre du Plan d’action national des énergies renouvelables de la Côte d’Ivoire 2014-2030. Cette centrale biomasse contribuera à réduire les émissions de CO2 de la Côte d’Ivoire de 4,5 millions de tonnes sur 25 ans. » Dans le secteur de la biomasse comme dans d’autres, de nouveaux projets pourraient voir le jour tant les besoins – mais aussi les capacités et le savoir-faire – sont là. 

 

Enfin, le développement des infrastructures pour la distribution de l’eau potable reste une des préoccupations nº1 du gouvernement. Ces dix dernières années, la Côte d’Ivoire a accueilli de nombreuses entreprises étrangères spécialistes du secteur, comme le groupe français Egis – pour l’alimentation des villes de Gagnoa et Sinfra – ou plus récemment l’entreprise belge John Cockerill avec de nouvelles infrastructures pour l’alimentation de Toumodi et des localités environnantes, et leurs 100000 habitants. 

 

La Côte d’Ivoire affiche ses ambitions, et ses partenaires l’ont bien compris. Que ce soit pour le déploiement de nouvelles capacités de production d’électricité ou celui de nouveaux réseaux de distribution d’eau potable, ces investissements dans les infrastructures sont évidemment les bienvenus, car ils visent avant tout l’amélioration du bien-être des populations locales. Espérons qu’ils ne s’arrêteront pas en si bon chemin.

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