Deux problèmes majeurs que les Ivoiriens et les Africains doivent absolument résoudre

Par Dr Charles Koudou

Les crises politiques récurrentes en Afrique, et singulièrement en Côte d’Ivoire, ne sont pas seulement le fruit d’hommes politiques défaillants. Elles traduisent un système défectueux, hérité et entretenu, qu’il faut repenser en profondeur. Deux problèmes majeurs, étroitement liés, doivent être résolus si nous voulons bâtir des États réellement indépendants, justes et démocratiques.

1. Revoir les accords d’indépendance

Il est urgent de réévaluer, réajuster, voire abroger les accords d’indépendance avec la France. Ces accords, signés dans la foulée des indépendances, ont instauré un pacte tacite : « Tu peux faire ce que tu veux dans ton pays, multiplier les mandats, t’imposer comme le maître du pouvoir, tant que tu ne touches pas à nos intérêts économiques et stratégiques. En retour, nous protégeons ton régime. »

Ce contrat invisible, vieux de plus de soixante ans, a étouffé les germes de la démocratie en Afrique francophone. Il a produit des dirigeants dépendants et des peuples frustrés. Tant que ce lien de subordination perdurera, les discours sur la souveraineté resteront de simples slogans.

2. Repenser la Constitution

Le second chantier, indissociable du premier, concerne la Constitution, souvent taillée sur mesure pour le président en place.
Il faut instaurer une Constitution impersonnelle, qui ne puisse être modifiée selon les humeurs ou les ambitions d’un seul homme.

Quelques pistes concrètes :

  • Réduire les pouvoirs du président de la République ;
  • Supprimer son budget de souveraineté et limiter ses avantages ;
  • Mettre fin à sa mainmise sur les institutions de contrôle (Cour suprême, Conseil constitutionnel, CEI, Sénat, etc.) ;
  • Soumettre les nominations majeures à l’approbation du Sénat ;
  • Interdire au président de nommer des sénateurs ;
  • Instaurer une Commission électorale véritablement indépendante, dont les membres seraient sélectionnés sur appel à candidature par un comité relevant de la Cour suprême ;
  • Élire en interne le président de la Cour suprême et non plus le faire nommer par l’exécutif ;
  • Transformer le Conseil constitutionnel en simple organe d’interprétation rattaché à la Cour suprême.

Enfin, les budgets régionaux doivent être votés de manière décentralisée, pour équilibrer le pouvoir et renforcer la gouvernance locale.

Tant que les pouvoirs exorbitants et les privilèges du président ne seront pas revus à la baisse, la tentation de conserver le pouvoir à tout prix demeurera. C’est cette concentration extrême qui alimente le népotisme, le tribalisme, la corruption et l’injustice.

Un changement de mentalité avant tout

Les acteurs politiques actuels ne s’attaquent pas à ces deux problèmes — surtout au second — parce qu’ils en tirent avantage. Le multipartisme sans démocratie réelle est un leurre.

Il nous faut donc de nouvelles mentalités, de nouveaux groupes de réflexion et de nouveaux partis politiques portés par une vision systémique du changement. Car le véritable problème de nos nations n’est pas celui des hommes, mais celui du système. Tant qu’il ne sera pas réformé en profondeur, nous revivrons sans fin les mêmes crises, les mêmes abus, les mêmes désillusions.


Dr Charles Koudou
koudoucharles@gmail.com

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