Djibouti, petit pays niché à l’extrême Est de l’Afrique, attire peu l’attention médiatique. Et pourtant, il concentre sur son sol une densité militaire unique au monde. Sept pays y disposent déjà de bases — la France, les États-Unis, le Japon, l’Italie, l’Allemagne, l’Espagne et la Chine — bientôt rejointes par l’Arabie Saoudite, qui a signé un accord pour construire une nouvelle installation militaire.
Officiellement, cette situation est une aubaine pour Djibouti. L’État perçoit des loyers conséquents pour la présence de ces forces étrangères, tandis que les grandes puissances sécurisent leurs intérêts stratégiques dans la Corne de l’Afrique, un carrefour maritime majeur reliant l’océan Indien à la mer Rouge et au canal de Suez.
Mais la cohabitation de rivaux mondiaux sur un territoire grand comme un département français pose une question majeure : n’est-ce pas une bombe à retardement diplomatique ? La proximité forcée de forces aux intérêts parfois opposés pourrait à tout moment créer des tensions, ou pire, un incident aux conséquences internationales.
Djibouti joue ainsi un équilibre fragile. En monnayant sa position géostratégique, le pays fait preuve d’un pragmatisme indéniable, mais il s’expose également à des risques considérables. La présence militaire internationale massive sur son sol soulève des interrogations sur sa souveraineté réelle, d’autant que le pays est dirigé depuis plus de 25 ans par un régime autoritaire, critiqué pour sa gouvernance autocratique et peu ouverte aux libertés démocratiques.
Pays pauvre, au manque d’infrastructures, Djibouti est devenu un laboratoire géopolitique à ciel ouvert, où s’entrelacent intérêts financiers, sécurité régionale et rivalités mondiales. L’équation est simple mais périlleuse : illusions de prospérité économique immédiate contre stabilité politique à long terme. Le pays saura-t-il naviguer entre ces forces sans chavirer ? L’avenir dira si son pragmatisme est une stratégie gagnante ou un pari dangereux.
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