Les Démocrates de Côte-d’Ivoire réclament un gouvernement d’union et la libération des détenus (Déclaration)

Le mouvement de Séraphin Prao lance un appel au dialogue pour éviter le chaos post-présidentiel

Longtemps avant la présidentielle du 25 octobre dernier, le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » a appelé, à de nombreuses occasions, à des élections apaisées, sans violence, inclusives, démocratiques et crédibles. Malheureusement, la Côte d’Ivoire ne s’est pas empêchée de renouer avec ses démons d’élections présidentielles bouclées, gérées et cadenassées, avec un organe électoral jugé partisan, l’exclusion des candidats susceptibles de battre le parti au pouvoir et la violence qui s’en suit.

L’on a enregistré, à ce jour, plus d’un vingtaine de morts, de nombreuses destructions de biens publics et privés, et des violences inter-ethniques ont été signalées à l’ouest du pays. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » s’incline respectueusement devant la mémoire de toutes les victimes tombées lors de cette énième crise pré-électorale et dont le seul tort a été de vouloir servir la nation ou de rêver d’une Côte d’Ivoire fraternelle et démocratique reposant sur le socle constitutionnel, adresse sa compassion aux familles endeuillées et souhaite un rétablissement rapide aux blessés.

Bien qu’il déplore les circonstances chaotiques dans lesquelles la présidentielle de cette année s’est tenue, le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » prend acte des résultats de l’élection présidentielle et appelle à la libération des ivoiriens emprisonnés pour faits de marche. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » déplore aussi le climat de terreur et de haine qui règne actuellement en Côte d’Ivoire, qui rappelle les sombres heures de son histoire et qui ne permet pas à la nation d’être pour ses filles et ses fils une terre d’espérance promise à l’humanité et la patrie de la vraie fraternité comme le clame notre hymne national.

Cette situation malheureuse que la nation connaît à nouveau, l’on aurait pu l’éviter. Malheureusement, avec le RHDP, l’on a l’impression de prêcher dans le désert, même lorsque ce que l’on dit est sensé. Convaincu de sa force populaire, arc-bouté à ses performances macro-économiques et confiant en la fidélité sans faille de l’armée à son chef suprême, il n’écoute personne. Seule la voix de ses partisans et soutiens compte et il semble ne laisser à l’opposition que la seule alternative de la violence insurrectionnelle ou du coup de force pour espérer faire un nettoyage dans cette opposition et instaurer un régime de parti unique qui lui permettrait de gouverner encore pendant 45 ans comme le clament certains de ses thuriféraires et, ainsi, faire les 60 ans promis à ses partisans.

Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » s’oppose à cette souricière aux leviers sécuritaires de l’Etat et dénonce cette logique du chaos à tout prix, qu’elle soit le fait du pouvoir ou d’autres acteurs politiques. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » demande au gouvernement et au pouvoir RHDP de faciliter, garantir et encadrer l’expression démocratique des citoyens quels qu’ils soient. Car l’on a l’impression, dans ce pays, qu’il est permis aux partisans du Président Alassane Ouattara de sortir quand ils veulent et de manifester comme ils le veulent. Mais lorsqu’il s’agit des partisans de l’opposition, l’on leur brandit les textes. Il ne saurait y avoir d’exception en démocratie. Tous les citoyens sont égaux devant la loi : la discrimination persistante de fait doit prendre fin. Le RHDP reste le parti au pouvoir. Et c’est à lui de favoriser l’expression démocratique de tous les citoyens et de tendre la main à son opposition pour trouver avec elle une position consensuelle, un juste milieu qui garantisse la paix et le retour à une vie normale.

Certains disent que le RHDP a pris le pouvoir pour se venger de ce que ses cadres et ses militants ont subi de la part des autres pouvoirs seize ans durant et veut faire subir à ces pouvoirs tombés dans l’opposition ce qu’ils ont eux-mêmes subi, en les faisant se sentir, eux aussi et leurs partisans, pressurés et en excluant leurs leaders de la compétition électorale, les privant astucieusement de leur droit de vote. Pour cela, cette frange de la population ou ceux qui développent cet argumentaire estiment qu’il faut rendre le pays ingouvernable, qu’il faut rendre au RDR devenu RHDP la monnaie de sa pièce et lui retourner les propos incendiaires de ses cadres tenus en son temps à l’endroit des différents pouvoirs ainsi que sa logique insurrectionnelle avec la rébellion armée de 2002, convaincus que le RHDP n’a de leçon à donner à personne en Côte d’Ivoire.

Pour le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire », la voie insurrectionnelle reste une voie périlleuse pour le pays, pour son économie, pour la sous-région, pour la stabilité macro-économique de la zone CFA et pour la France à travers ses entreprises présentes sur le sol ivoirien. L’on ne s’en sortirait jamais avec une telle logique. A cette allure, il ne resterait qu’une seule alternative, que la Côte d’Ivoire se transforme en un Rwanda bis. Les ingrédients sont là sous nos yeux, et les discours haineux pour l’activer et portés malheureusement par certains leaders traversent dangereusement l’espace social et médiatique. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » ne veut pas de cela pour notre pays. Ses populations ont trop souffert et aspirent à la paix. Car l’on sait quand commence la violence ; mais l’on ne sait jamais quand elle s’arrête ni à quels prix humains et économiques.

C’est pourquoi il appelle à un dialogue républicain vrai et non cosmétique comme tous ceux auxquels l’on a eu droit depuis 2012 et qui, dans leurs recommandations, ont énoncé les questions de fond sans jamais les traiter. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » appelle aussi à la mise en place d’un gouvernement d’union nationale comprenant aussi bien les candidats ayant participé à l’élection présidentielle que les mouvements politiques qui appellent à poursuivre les manifestations de rue. Il n’y a pas d’autre manière de sortir de la crise que connaît le pays actuellement, à moins de vouloir que des militaires rebattent les cartes à la manière de Guéi Robert et que tout le monde sorte perdant. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » ne recommande d’aucune manière et à quelque bord politique que ce soit le recours à cette voie. Il invite donc tous les acteurs politiques au dialogue pour sauver la Côte d’Ivoire d’une aventure aux conséquences désastreuses pour la stabilité du pays et de la sous-région, pour la paix, pour la démocratie et pour les vies humaines. La balle est plus que jamais dans le camp du Président Alassane Ouattara : la force ne résout pas tout.

Fait à Abidjan, le 30 octobre 2025.

Pour « Les Démocrates de Côte d’Ivoire ».

Le Président

Prof. Séraphin Prao

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