Côte d’Ivoire – Gouvernement post-présidentiel: Ouattara tendra-t-il enfin la main à la gauche ?

Après quinze années de gouvernance marquées par une domination politique sans partage, la question revient avec insistance : Alassane Ouattara fera-t-il entrer l’opposition de gauche dans son gouvernement ? Pour nombre d’Ivoiriens, ce serait là le véritable signal d’une réconciliation nationale attendue depuis trop longtemps.

Une gauche marginalisée depuis 2011

Depuis son arrivée au pouvoir, le chef de l’État a entretenu une relation pour le moins distante, voire hostile, avec les figures issues du courant de gauche et du mouvement syndical. Sous le régime du RHDP, la gauche a été perçue non pas comme une force d’alternance, mais comme un risque pour l’équilibre du système politique et économique bâti depuis 2011.

Le rêve d’un gouvernement d’union

Pour une partie de l’opinion nationale, notamment au sein de la société civile et des milieux religieux, l’heure est venue de tourner la page de l’exclusion. Un gouvernement d’union nationale, incluant des cadres du PPA-CI, du FPI ou même du mouvement syndical, incarnerait un geste fort en faveur de la réconciliation et du vivre-ensemble.
Mais au regard du style politique du président Ouattara, ce scénario paraît peu probable.
« Le président n’aime pas partager le pouvoir, encore moins avec ceux qui contestent sa légitimité ou son modèle économique », estime un observateur politique basé à Abidjan.

La crainte de “donner les moyens à ses opposants”

Selon plusieurs sources proches du pouvoir, Alassane Ouattara redoute que l’ouverture politique ne se transforme en plateforme de contestation interne. Faire entrer des cadres de la gauche au gouvernement reviendrait, selon cette lecture, à leur offrir une visibilité et des moyens financiers susceptibles de nourrir une opposition institutionnelle plus structurée. Cette prudence, souvent interprétée comme une fermeture, traduit aussi la volonté du chef de l’État de garder le contrôle total de l’appareil d’État, dans un contexte post-électoral encore fragile.

Une réconciliation toujours en suspens

Quinze ans après la crise postélectorale de 2010-2011, la Côte d’Ivoire reste divisée entre une élite politique issue du libéralisme d’État et une gauche fragmentée, en quête de légitimité et d’espace politique.
La perspective d’un gouvernement d’ouverture aurait pu symboliser la maturité démocratique du pays.
Mais à ce stade, tout indique que le pouvoir continuera de se refermer sur lui-même, dans la continuité d’une logique de gestion exclusive, plus que de partage.

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