Le taux de participation à la présidentielle de 2025 nous apprend certaines choses. Comme tous les analystes l’avaient prédit, l’enjeu était véritablement à ce niveau. Avec un taux de participation de 50,10 %, donc un taux d’abstention de 50 % également (49,9% plus exactement), on a comme un électorat coupé en deux entre le pouvoir, et les deux principaux partis d’opposition n’ayant pas pris part à cette présidentielle, et qui ont appelé au boycott du scrutin. On en déduit immédiatement que ces deux partis ne constituent pas la majorité de l’électorat. S’ils avaient participé à ce scrutin, leurs suffrages mis ensemble ne seraient pas allés au-delà de 50 % de l’électorat.
D’autre part, l’électorat qui s’est abstenu de voter, n’aurait pas forcément voté comme une seul homme pour ces deux leaders. Des personnes auraient certainement voté pour le président sortant, des personnes qui ne se sont pas déplacées pour une raison ou pour une autre (certainement la peur). Evidemment on ne peut pas à ce stade évaluer cette part. Mais mathématiquement, elle réduit d’autant le pourcentage des abstentionnistes qui auraient voté pour nos deux leaders de l’opposition. Ce qui encore une fois atteste que l’électorat de ces deux leaders est bien en dessous de 50%.
On peut affiner le raisonnement. Même si ces deux leaders avaient été autorisés à se présenter, il y aurait eu de toute façon un certain taux d’abstention. C’est naturel. Dans aucune élection, le taux de participation n’atteint 100 %. Ce qui signifie que nous avons trois composantes dans les 50% d’Ivoiriens qui ne sont pas allés voter :
– Les personnes qui auraient voté pour les deux leaders de l’opposition dont la candidature fut invalidée
– Les personnes qui ont auraient voté pour le président sortant mais qui se sont abstenus du fait du contexte de peur et d’incertitude
– Les personnes qui ne seraient pas allées ( ces personnes peuvent être d’un bord comme de l’autre ).
Encore une fois, on ne peut pas évaluer le pourcentage de chaque composante, mais on parvient à la conclusion mathématique que la première composante ne peut à elle seule atteindre 50%, ce qui signifie que nos deux leaders de l’opposition n’auraient pas pu réunir plus de 50% de votes sur leurs noms même s’ils avaient été autorisés à compétir.
Beaucoup d’analystes font valoir que dans ce pays, il y a trois forces politiques. Lorsque deux se mettent ensemble, elles ont forcément la majorité sur la troisième. Ceci était certainement vrai en 2010. Mais en 2025, quinze années plus tard, les choses ne sont pas restées figées. Nous avons une dynamique différente au niveau de chaque groupe de la population, ce qui se répercute sur le corps électoral. Et le taux de participation de 50,10 % à cette présidentielle nous montre bien que les deux forces dont les candidats n’ont pas participé au scrutin, ne constituent pas la majorité de l’électorat quand bien même elles se soient mises ensemble.
Pour en revenir au taux de participation, il faut noter que de 1990 à 2025, le plus bas taux de participation fut de 37,42% lors de la présidentielle de 2 000 qui a vu le candidat Laurent Gbagbo battre le Général Gueye. L’élection elle-même fut calme et sans violence, aucun parti n’a officiellement appelé au boycott, mais le taux d’abstention fut le plus élevé dans l’histoire de ce pays, parce qu’il y avait un certain désintérêt de la part de la majorité de la population. Cela n’a pas empêché tout le monde de reconnaître cette victoire. Il est bon d’avoir cela à l’esprit.
Douglas Mountain
oceanpremier4@gmail.com
Le Cercle des Réflexions Libérales






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