Côte d’Ivoire – Treize cadres du PPA-CI convoqués à la Police criminelle: Des accusations graves du procureur

Le climat politique ivoirien, déjà tendu au lendemain de la présidentielle du 25 octobre, connaît un nouvel épisode explosif. Treize hauts cadres du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) viennent d’être convoqués par la Police criminelle, dans un contexte marqué par de récentes tensions entre pouvoir et opposition.

Selon plusieurs sources concordantes, il s’agit de Sébastien Dano Djédjé, Justin Katinan Koné, Michel Gbagbo, Me Habiba Touré, Assoa Adou, Demba Traoré, Damana Pickass, Kassoum Fadiga, Zéréhoué Yoro Édouard, Sam Etiassé, Hubert Oulaï et Séhi Gaspard.
Aucun motif officiel n’a été communiqué à ce stade, mais la nouvelle a suscité un vif émoi dans les rangs du PPA-CI.


Des accusations graves du procureur

Dans une déclaration faite mardi, le procureur de la République près le tribunal de première instance d’Abidjan, Oumar Braman Koné, a affirmé que des membres du service d’ordre du PPA-CI étaient “munis d’armes de guerre” lors des incidents survenus en marge de la marche interdite du 11 octobre 2025.
Selon lui, une enquête aurait été ouverte pour faire la lumière sur les circonstances de ces faits et identifier les responsables présumés.

Cette sortie du procureur apporte un premier élément d’explication à la vague de convocations. Cependant, aucune preuve publique n’a encore été présentée, et le PPA-CI dément catégoriquement toute implication de ses militants dans des actes armés. Le parti dénonce ce qu’il qualifie de “montage politique visant à criminaliser l’opposition”.


Une convocation collective qui interroge

La simultanéité de ces convocations surprend et soulève de nombreuses interrogations. Pour plusieurs observateurs, il est inhabituel que presque toute la direction politique d’un parti d’opposition soit appelée à comparaître devant la police criminelle en même temps.
Le calendrier n’est pas anodin : ces convocations interviennent moins de trois jours après la clôture du scrutin présidentiel, alors que le PPA-CI dénonce encore des irrégularités et conteste la réélection du président sortant Alassane Ouattara.

Dans les milieux proches du parti, certains y voient une tentative d’intimidation, voire une manœuvre politique destinée à fragiliser la contestation post-électorale.


La justice, instrument de régulation ou de pression ?

Depuis sa création en 2021, le PPA-CI fondé par Laurent Gbagbo dénonce régulièrement l’instrumentalisation des institutions judiciaires et sécuritaires à des fins politiques.
Ces nouvelles convocations s’inscriraient, selon plusieurs responsables du parti, dans une stratégie d’affaiblissement de l’opposition par la voie judiciaire.

Du côté du pouvoir, le discours est tout autre : “nul n’est au-dessus de la loi”, rappellent plusieurs voix gouvernementales, affirmant que la justice “fait simplement son travail” et que “les infractions graves, notamment liées à la sécurité publique, doivent être sanctionnées”, quels qu’en soient les auteurs.

Mais l’absence de communication détaillée de la part du ministère de la Justice ou de la Direction de la Police criminelle alimente les soupçons et les interprétations contradictoires.


Vers une nouvelle confrontation politique

À Abidjan, les états-majors politiques retiennent leur souffle. Le PPA-CI, qui prépare une conférence de presse d’urgence, promet de “réagir avec fermeté mais dans la légalité”.
Cette nouvelle offensive judiciaire pourrait bien marquer le début d’un bras de fer politique d’une rare intensité entre le pouvoir en place et les forces d’opposition, dans un contexte où la réconciliation nationale demeure fragile.

Alors que la Côte d’Ivoire tente encore de tourner la page de ses crises passées, cette affaire risque de raviver la méfiance entre justice et politique, et de relancer le débat sur l’indépendance des institutions, à la veille d’un nouveau cycle politique.

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