Comment le Front commun pourrait « malgré lui » offrir un quatrième mandat à Alassane Ouattara

L’alliance PPA-CI / PDCI-RDA, présentée comme le principal bloc d’opposition, semble aujourd’hui prisonnière de sa propre stratégie. En refusant toute ouverture tactique, le Front commun s’expose à un scénario que beaucoup redoutaient : offrir, sans le vouloir, un boulevard politique à Alassane Ouattara pour un quatrième mandat.

Tout est parti du rejet, par le Conseil constitutionnel, des candidatures de Laurent Gbagbo et de Tidjane Thiam — un coup dur, mais largement anticipé, pour les deux formations historiques qui pèsent ensemble plus des deux tiers de l’électorat ivoirien. Pourtant, au lieu de se rallier à une candidature de substitution parmi celles validées — Simone Ehivet Gbagbo, Ahoua Don Mello ou Jean-Louis Billon —, le Front commun a choisi le silence. Aucun soutien officiel, aucune consigne claire, aucune stratégie commune.

Ce mutisme, censé traduire la protestation, s’apparente de plus en plus à une impasse politique. À quelques jours du scrutin, la base militante est désorientée, tandis que le pouvoir, lui, déroule tranquillement sa campagne.

Des voix s’élèvent, tardivement mais avec insistance, pour dénoncer ce choix. « En refusant de soutenir Billon, Don Mello ou Simone Gbagbo, le Front commun se prive d’un levier politique et contribue, malgré lui, à légitimer la victoire du pouvoir sortant », confie un cadre du PPA-CI sous couvert d’anonymat.

L’histoire semble bégayer. Comme en 1995 avec la “chaise vide”, ou en 2020 avec le boycott actif, l’opposition risque encore de perdre dans les urnes ce qu’elle croit gagner dans la rue.

Et cette fois, le contexte est encore plus verrouillé : le gouvernement vient d’interdire toutes les marches et manifestations politiques jusqu’au 1er janvier, réduisant à néant toute possibilité de mobilisation populaire.

À moins d’un sursaut stratégique de dernière minute, le scrutin de 2025 pourrait bien se solder par un résultat sans surprise : un quatrième mandat pour Alassane Ouattara, offert sur un plateau par les divisions et l’immobilisme de ses adversaires.

Pour certains observateurs, la fragilisation de Laurent Gbagbo n’est pas seulement politique, mais aussi relationnelle. Selon eux, le leadership du fondateur du PPA-CI s’est progressivement effrité depuis son retour au pays, miné par des tensions internes et des choix personnels qui auraient brouillé son image historique de rassembleur.

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