Face à la répression violente des manifestations qui secouent la Côte d’Ivoire depuis plusieurs jours, une question s’impose : où sont passés les diplomates occidentaux ?
Comme à chaque crise ivoirienne, les chancelleries européennes et américaines gardent un silence assourdissant, se retranchant derrière une prudente réserve diplomatique. Ce mutisme, devenu presque rituel, ne sera probablement rompu que lorsque les bilans humains s’alourdiront — quand il sera déjà trop tard.
Pour l’heure, aucune condamnation officielle n’a été formulée, alors que des morts et de nombreuses arrestations ont été signalés dans plusieurs villes du pays.
Les observateurs y voient le signe d’un calcul géopolitique assumé : mieux vaut, pour les capitales occidentales, une Côte d’Ivoire solidement arrimée au camp atlantiste, fût-elle dirigée par un Ouattara vieillissant et autoritaire, que de risquer de voir Abidjan basculer dans le giron russo-chinois, celui des BRICS et de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Avec un Ghana voisin de plus en plus réceptif à la coopération Sud-Sud et à la multipolarité économique, les diplomaties occidentales semblent avoir choisi le silence stratégique plutôt que la perte d’un allié jugé indispensable à leur influence régionale.
Pour l’instant, seule Amnesty International a eu le courage de rompre le silence, dénonçant la répression et appelant au respect des libertés publiques.
Une prise de position salutaire, qui pourrait — espère-t-on — réveiller les consciences diplomatiques encore engourdies par la realpolitik et l’obsession du contrôle géopolitique.
À ce jeu dangereux, la Côte d’Ivoire pourrait bien suivre, tôt ou tard, le chemin du Sénégal, où la jeunesse a fini par rejeter un système politique à bout de souffle. Car, qu’on le veuille ou non, la génération d’Alassane Ouattara appartient déjà au passé.
Sylvie Kouamé avec Hervé Coulibaly
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