Le Premier ministre français, Sébastien Lecornu, a échappé de peu à deux motions de censure déposées à l’Assemblée nationale, préservant ainsi son gouvernement et évitant une crise politique majeure.
La première motion, initiée par La France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon, a recueilli 271 voix, soit 18 de moins que la majorité requise de 289 pour faire tomber le gouvernement. Soutenue par LFI, les Verts (EELV), le Parti communiste et le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen, elle n’a pas obtenu le ralliement nécessaire des Républicains (LR) et des socialistes.
La seconde motion, déposée par le RN, a échoué plus largement avec seulement 144 voix favorables. De nombreux députés, y compris ceux de la gauche radicale, avaient refusé de voter un texte émanant de l’extrême droite.
Ce double vote intervient dans un contexte politique tendu, marqué par la décision du Premier ministre de suspendre la réforme très contestée des retraites, qui prévoyait un report de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans. Sébastien Lecornu a annoncé que cette mesure ne serait plus appliquée avant l’élection présidentielle de 2027, un recul perçu comme une concession majeure face à la pression de la rue et de l’opposition.
Cette volte-face a permis au chef du gouvernement d’obtenir le soutien ponctuel du Parti socialiste, farouchement opposé à la réforme. « Au travail », a lancé Lecornu sur BFMTV, promettant de se concentrer désormais sur le débat budgétaire pour 2026.
Nommé début septembre pour succéder à François Bayrou, Lecornu dirige un gouvernement sans majorité absolue. Son équipe, critiquée pour son manque de renouvellement, compte plusieurs fidèles du président Emmanuel Macron, dont Roland Lescure aux Finances et Gérald Darmanin à la Justice.
La France traverse une période économique difficile, marquée par une dette publique record et un déficit supérieur à 5 % du PIB, le plus élevé de la zone euro. Les premières annonces de coupes budgétaires et la suppression envisagée de deux jours de congé avaient déjà suscité une vague de mécontentement populaire.
En reculant sur la réforme des retraites, Lecornu évite la chute, mais son autorité politique sort fragilisée d’un épisode qui révèle la fragilité d’un exécutif contraint de gouverner au bord du gouffre parlementaire.
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