Le Kenya est en deuil. Le chef historique de l’opposition, Raila Odinga, est décédé ce mercredi matin en Inde, à l’âge de 80 ans. Selon les autorités locales, l’ancien Premier ministre kényan a succombé à un malaise soudain lors d’une promenade dans le district d’Ernakumam, dans le sud du pays. « Il se promenait avec sa sœur, sa fille et son médecin lorsqu’il s’est écroulé. Il a été conduit dans un hôpital, où il a été déclaré mort », a précisé à l’AFP Krishnan M., responsable de la police locale. Le Sreedhareeyam Ayurvedic Eye Hospital, où il suivait un traitement, a confirmé qu’il avait été victime de difficultés respiratoires avant de s’effondrer. Malgré les efforts des médecins, il n’a pu être réanimé.
Né le 7 janvier 1945, fils du vice-président Jaramogi Oginga Odinga, Raila Odinga fut l’une des figures les plus emblématiques de la lutte démocratique au Kenya. Opposant farouche aux régimes autoritaires de Daniel arap Moi, il connut la prison, l’exil et la répression, avant de devenir Premier ministre de 2008 à 2013, à la suite de la crise postélectorale de 2007. Cinq fois candidat à la magistrature suprême, il incarna pour des générations de Kényans le visage de la résistance électorale et le symbole d’un combat pour la justice sociale. À chaque scrutin, il affirma avoir été privé de victoire par la fraude, sans jamais renoncer à la voie démocratique.
Sa dernière bataille remonte à l’élection présidentielle de 2022, qu’il perdit de justesse face à William Ruto. Contestant le résultat, il mena une série de manifestations violemment réprimées, avant d’accepter un compromis politique. Plusieurs membres de son parti, l’Orange Democratic Movement (ODM), furent ensuite intégrés au gouvernement, marquant une trêve fragile entre les deux camps.
La disparition de Raila Odinga met un terme à plus d’un demi-siècle de vie politique marquée par la constance, la ténacité et la foi dans le suffrage universel. En dépit de ses échecs électoraux, il laisse l’image d’un opposant incorruptible, d’un patriote convaincu et d’un acteur essentiel de la transition démocratique kényane. Les hommages affluent déjà à travers le continent. Du Nigeria à la Tanzanie, des voix saluent un homme qui, malgré les défaites, n’a jamais cessé de croire à la démocratie et à la voix du peuple. Un deuil national de trois jours devrait être décrété à Nairobi, tandis que les préparatifs du rapatriement de la dépouille sont en cours.
Avec Le Monde et AFP
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