La crise politique a enregistré son premier sacrifié: Kouassi Allouan Ernest Christophe. Ce jeune homme de 22 ans n’a pas eu la chance des 237 et 18 personnes interpellées, le 11 octobre, respectivement à Abidjan et Dabou.
Il a perdu la vie; il n’a pas survécu à la balle qu’il a reçue, le 13 octobre à Bonoua, à la manifestation baptisée « Bloquons tout ». Il paye le tribut du dialogue de sourds pouvoir et opposition embarqués dans des discours inflammables.
Alassane Ouattara, le chef de l’État sortant, s’est rendu le 14 octobre à Yamoussoukro pour s’incliner sur la tombe de Félix Houphouët-Boigny. Et il a encore promis que l’élection présidentielle du 25 octobre 2025 sera démocratique et sécurisée.
Et l’État n’a pas fait dans la dentelle. 44.000 éléments des forces de défense et de sécurité (FDS, 18.000 policiers, 18.000 gendarmes et 8.000 militaires) ont été déployés, en conséquence, sur le terrain. C’est l’État de guerre.
En face, la principale opposition se trouve sur le pied de guerre et refuse de s’en laisser conter. Le Conseil constitutionnel a éliminé tous ses prétendants à la magistrature suprême, que le candidat Ouattara a voulu moquer, à Daloa, à l’ouverture de sa campagne. Et elle réclame, sans relâche, une présidentielle inclusive.
L’on assiste ainsi au choc des mots d’ordre contradictoires. D’un côté, des décisions d’interdiction des mouvements populaires que les FDS doivent exécuter à la lettre et de l’autre, des appels à la mobilisation de militants chauffés à blanc. Et dans un pays abonné, comme un rituel, aux troubles électoraux avec des centaines de morts durant les élections, les affrontements s’avèrent inévitables et encore meurtriers pour faire triompher les causes défendues.
Ce risque encore accru de nouvelles violences politiques remet au goût du jour cette pensée de Paul Valéry: « La guerre est un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas. »
F. M. Bally
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