Le Front commun, Alea Jacta est. la coalition du PDCI-RDA et du PPA-CI, prend les habits du Front républicain, l’ex-alliance du FPI et du RDR.
C’est le même scénario et la même mise en scène. Il y a trente ans en effet, la Côte d’Ivoire vivait une atmosphère politique tendue. Le Front républicain se dressait contre le régime d’Aimé Henri Bédié. Ses revendications: le vote à 18 ans, les urnes transparentes, une commission électorale, etc.
D’un côté, Alassane Dramane Ouattara, ancien premier ministre et mentor de Djéni Kobinan Kouamé (secrétaire général du RDR), invoquait les dispositions du Code électoral et refusait donc de se présenter à l’élection présidentielle d’octobre 1995, pour ne pas violer la loi. De l’autre, la candidature de Laurent Gbagbo, secrétaire général du FPI, avait été validée.
Mais le Front républicain lançait le mot d’ordre de boycott du scrutin, dénonçant le manque de consensus et de concession du pouvoir en place sur ses demandes. Les violences politiques avec des déplacements de population et des morts d’homme ont émaillé ce scrutin.
Le Front commun reprend cette recette pour alimenter sa stratégie de désobéissance civile et de mobilisation pour perturber la présidentielle du 25 octobre 2025. Il a échoué à faire aboutir ses doléances: audit de la liste électorale, réforme de la CEI, dialogue politique, révision de la liste électorale.
Pis, Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, les présidents des deux principaux partis d’opposition, radiés de la liste électorale ont été recalés de même que d’autres leaders comme Affi N’Guessan et Soro Guillaume. Cerise sur le gâteau, tous leurs lobbying et tractations pour refigurer sur la liste électorale ont fait chou blanc.
Le Front commun a choisi d’organiser la résistance pour exiger le dialogue politique et dire « non au quatrième mandat anticonstitutionnel d’Alassane Ouattara ». Et après la répression de sa manifestation du 11 octobre, il demande à ses militants et partisans de rester, tous les jours, dans les rues et partout sur l’étendue du territoire national.
Et le pays, politiquement à vau l’eau, se retrouve face à une autre épreuve de force. En Côte d’Ivoire, comme le disait Platon, « la démocratie est une dictature contrôlée par quelques individus dont les électeurs sont les complices ».
Et là se trouve la tragédie de la Côte d’Ivoire, pays dont tous les acteurs, autistes, ont perdu la mémoire de ce qu’ils ont hérité et des drames politiques vécus.
Le père fondateur avait tenté d’anticiper, en colmatant les brèches des déchirures. Il a décrété la paix comme la seconde religion du pays et en 1989, il a fait créer par l’UNESCO, le Prix Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix.
Il a bêché en vain. Son prix, victime des crises politiques, fonctionne en dents de scie et son pays est défiguré. Les rivalités sont insurmontables, les élections sont des foires d’empoigne et le rendez-vous de grands risques d’implosion. Et, alors que l’orage gronde, chacun retient son souffle.
F. M. Bally
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