Une unité militaire rebelle à Madagascar a annoncé sa prise de contrôle des forces armées, aggravant la crise après que les soldats d’élite ayant contribué à l’accession au pouvoir du président actuel ont rejoint les manifestants antigouvernementaux.
« Désormais, tous les ordres de l’armée malgache – qu’ils soient terrestres, aériens ou [navals] – émaneront du quartier général du CAPSAT », ont déclaré dimanche des officiers du contingent administratif et technique dans un message vidéo.
Cette déclaration est intervenue quelques heures après que la présidence a accusé des forces anonymes de tenter de renverser le président Andry Rajoelina. Dans un communiqué, la présidence a déclaré qu’une « tentative de prise de pouvoir illégale et forcée » était en cours dans ce pays africain, sans fournir de détails.
Dans un message adressé à la communauté internationale, le chef de l’État a déclaré vouloir « informer le monde qu’une tentative de prise illégale du pouvoir est actuellement en cours », sans toutefois fournir de preuve tangible à l’appui de ses accusations.
Des manifestations d’une ampleur inédite
Depuis plusieurs semaines, des milliers de jeunes Malgaches descendent quotidiennement dans les rues pour dénoncer la détérioration des conditions de vie, notamment les pénuries chroniques d’eau et d’électricité. Ce mouvement de colère, d’abord centré sur des revendications sociales, s’est progressivement transformé en une contestation politique ouverte exigeant la démission du président Rajoelina, au pouvoir depuis 2019 et réélu en 2023 pour un second mandat.
Une partie de l’armée bascule dans la rue
La situation a pris une tournure particulièrement grave hier, lorsqu’une section de l’armée, notamment des membres de l’unité d’élite CAPSAT, a rejoint les manifestants dans la capitale.
À bord de véhicules militaires, ces soldats ont escorté les manifestants jusqu’à la place du 13 Mai, lieu hautement symbolique de la vie politique malgache, théâtre de plusieurs soulèvements depuis les années 1970.
Fait inédit, la police s’est retirée du site dès qu’elle a constaté la présence des militaires aux côtés des protestataires. Cette défection partielle au sein des forces de défense fait craindre une fragmentation de l’appareil sécuritaire et une escalade rapide de la crise.
Un scénario qui rappelle les précédentes crises politiques
La place du 13 Mai reste ancrée dans la mémoire collective malgache : c’est déjà là qu’en 2009, Andry Rajoelina – alors maire d’Antananarivo – avait conduit un soulèvement populaire ayant conduit à la chute du président Marc Ravalomanana.
Ironie du sort, seize ans plus tard, le même homme se retrouve à son tour confronté à une contestation d’ampleur nationale, qui ravive les souvenirs douloureux d’une longue instabilité politique sur la Grande Île.
Photo: AFP
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