PLAN DE REDRESSEMENT.

Vendredi 10 octobre 2025. C’est le départ de la campagne électorale officielle pour l’élection présidentielle du 25 du même mois.

Cinq candidats se lancent à l’assaut des 8.727.431 électeurs. Ce sont Mmes Simone-Ehivet Gbagbo et Henriette Adjoua Lagou, Alassane Ouattara, Jean-Louis Billon et Ahoua Don Mello.

Parmi ces prétendants à la magistrature suprême, un se distingue par sa singularité: Don Mello. D’une part, il est le seul candidat indépendant. Il ne postule sous aucune bannière politique et ne bénéficie du soutien d’aucun poids lourd de la scène.

D’autre part, c’est un candidat qui se réclame souverainiste et qui ne veut ni falsifier ni tronquer son parcours politique dans la gauche progressiste. L’emblème de son bulletin de vote est ainsi tout un programme : la carte de la Côte d’Ivoire au cœur de l’Afrique, c’est-à-dire la souveraineté dans le panafricanisme.

De ce fait et sans détour, Ahoua Don Mello attaque frontalement les forteresses coloniales et rejette le vernis de l’indépendance factice du pays marquée par les coups d’État permanents des puissances occidentales.

Félix Houphouët-Boigny, auquel la détérioration des termes de l’échange a été imposée dans les années 1980, a assisté, impuissant, au démantèlement de toute sa politique socio-économique par le programme d’ajustement structurel. Henri Konan Bédié, 48 heures après avoir annoncé la prochaine sortie du pays de la chaîne de l’endettement extérieur marquée par « 20 ans de tracasseries et d’ingérence dans l’élaboration du budget national », a été renversé par un putsch militaire, le 24 décembre 1999. Laurent Gbagbo, harcelé depuis sa prestation de serment avec le charnier de Yopougon, a fini par être vitrifié le 11 avril 2011.

Sur le modèle assumé de l’Alliance des États du Sahel (AES), Ahoua Don Mello veut, par conséquent, revisiter les bases de la coopération de domination avec les puissances occidentales, qui reste bâtie sur une relation incestueuse.
C’est pourquoi sa candidature repose sur une motivation pragmatique et inédite: remettre entre les mains du pays les clés de son développement endogène et chasser le fantôme du colonialisme. Sur les traces d’Houphouët-Boigny qui écrivait, en décembre 1932 contre l’administration coloniale, « On nous a trop volés », Don Mello tempête: « La Côte d’Ivoire a été trop pillée. »

Aussi, ses 42 opérations pour transformer le pays constituent-elles un chamboulement pour ouvrir un nouveau chapitre. Elles reposent sur trois piliers.

D’abord, rompre l’accord de défense de type monopolistique conclu depuis le 24 avril 1961 avec la France. Il paralyse le pays dans la définition de ses choix, de ses priorités et de ses partenaires.

Ensuite, réviser l’approche économique actuelle qui fait de la Côte d’Ivoire un pays qui produit tout mais ne transforme presque rien. Il faut inverser la tendance en lançant le pays dans sa révolution industrielle domestique et la transformation sur place de toutes ses matières premières.

Deux avantages : les prix des produits ne seront plus fixés à Londres où New York, mais à Abidjan, et la plus-value revient à l’État et aux producteurs. Et deux impératifs: amplifier le réseau ferroviaire et relever le niveau de l’enseignement pour avoir des diplômés qualifiés qui disposent du savoir, du savoir-faire et du savoir-faire-faire.
Sur cette lancée, réexaminer les actuels contrats de concession sur l’or, le pétrole et le gaz notamment qui réservent des portions congrues à l’État.

Enfin, atteindre la souveraineté monétaire en mettant à plat les accords autour d’une monnaie, le FCFA, qui reste arrimée à l’Euro, et qui profitent à la France; ne laissant pas au pays les moyens de sa politique.

Ahoua Don Mello veut sortir la Côte d’Ivoire de sa situation d’État dominé en une position de dominant. Et, avec son plan audacieux de redressement national, il va à la rencontre des électeurs, dont il attend le sursaut patriotique, pour partager son rêve d’émancipation. Résultat, le 25 octobre 2025.

F. M. Bally

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