Longtemps perçue comme apathique et désengagée, la génération Z — ces jeunes nés entre 1997 et 2012 — s’impose désormais comme le visage inattendu d’une révolte mondiale. Du Népal à Madagascar, en passant par le Maroc, elle redéfinit les codes de la contestation à l’ère des réseaux sociaux, entre colère sociale, défiance politique et mobilisation numérique.
Du désenchantement à l’explosion
Au Népal, tout est parti d’un ras-le-bol face à la corruption endémique et au chômage massif. Mi-septembre, des milliers de jeunes ont envahi les rues de Katmandou, exigeant la démission du gouvernement. Les images du Parlement en flammes, les vidéos de ministres pris à partie par des manifestants ont sidéré le monde. Dans ce pays montagneux habituellement paisible, la jeunesse a brisé un tabou : celui de la peur.
Quelques semaines plus tard, le souffle de la révolte a traversé les océans. À Antananarivo, le mouvement GenZ Madagascar a fait descendre dans la rue des milliers d’étudiants et de jeunes chômeurs, galvanisés par les appels lancés sur TikTok et Telegram. Arborant des t-shirts à l’effigie d’anime japonais ou de rappeurs américains, ces manifestants incarnent une génération mondialisée, connectée, mais surtout en quête de dignité.
Maroc : la colère numérique devient politique
Au Maroc, le collectif GenZ212 a transformé une vague d’indignation en un mouvement de fond. Ce qui n’était au départ qu’une protestation contre la cherté de la vie s’est mué en révolte sociale d’une génération frustrée par le chômage, la censure et la corruption. Les manifestations de Casablanca, Rabat et Tanger ont surpris un pouvoir qui pensait la jeunesse résignée. Les slogans, mêlant ironie et désillusion, circulent massivement sur X (ex-Twitter) et TikTok, portés par une créativité numérique qui contourne la répression classique.
Une contestation sans leader mais pas sans message
Contrairement aux révolutions traditionnelles, ces mouvements n’ont ni chefs identifiés, ni structures hiérarchisées. Leur force réside dans la décentralisation et la viralité. Un hashtag, une vidéo ou une indignation partagée suffit à embraser plusieurs continents.
Ce que réclame cette génération ? Transparence, justice, dignité et inclusion économique. Loin des idéologies partisanes, elle exige que les gouvernants rendent des comptes et que la démocratie cesse d’être un simple mot.
Une vague du Sud global
De Nairobi à Dacca, d’Antananarivo à Rabat, le même cri résonne : celui d’une jeunesse qui refuse de payer le prix des échecs économiques et des régimes autoritaires. Ces révoltes, nées dans le Sud global, traduisent une fracture mondiale entre générations, où les jeunes connectés, diplômés mais précarisés, refusent désormais de subir.
Si les autorités locales ont souvent tenté de réduire ces mobilisations à des « manipulations extérieures », le diagnostic sociologique est clair : la génération Z n’attend plus la permission pour s’exprimer. Elle a trouvé dans le numérique un espace de liberté et dans la rue une scène de légitimité.
Vers un nouvel âge de la contestation
Le phénomène dépasse les frontières et annonce peut-être une transformation politique majeure. Après les printemps arabes et les mouvements « Occupy », la révolte de la Gen Z ouvre une ère nouvelle : celle d’une jeunesse mondialisée, consciente de sa force collective et déterminée à réinventer la citoyenneté à l’échelle planétaire.
Le monde politique, souvent déconnecté de ces réalités, peine à en saisir la portée. Pourtant, du Népal au Maroc, un message s’impose : la génération Z n’est plus silencieuse. Elle est en marche.
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