Le Front Commun, c’est la nouvelle trouvaille de Laurent Gbagbo, après le Front
Républicain et son boycott actif de 1995. Hier, il s’était allié avec le RDR, pour
troubler l’ordre public pendant la présidentielle de 1995 sous Bédié. Aujourd’hui, il
s’allie avec le PDCI-RDA de Tidjane Thiam pour tenter de troubler à nouveau la paix
sociale avant la présidentielle de 2025. Mais monsieur Ouattara n’est point
monsieur Bédié. Il n’est pas homme à se laisser distraire par quelques soubresauts
d’un opposant en perte de vitesse.
Car M. Ouattara tient les rênes du pouvoir plus solidement que M. Bédié ne les a
jamais tenus. Ce ne sont point les tentatives de coups d’État ou de velléités de
rébellion qui ont manqué, ces 15 dernières années. Mais M. Ouattara les a toutes
étouffées dans l’œuf. Il a maté les agitateurs récalcitrants, fait arrêter plusieurs
agitateurs qui séjournaient à l’étranger et les a extradés en Côte d’Ivoire. Il les a fait
juger, condamner et emprisonner. Le pays a ainsi continué sa marche allègre vers
le développement. Ce n'est pas maintenant qu’il cessera de veiller sur la sécurité
des biens et des personnes, à quelques encablures du 25 octobre 2025.
MM. Gbagbo et Thiam le savent fort bien. C’est pourquoi, ils ont reporté leur marche
prévue pour le 4 octobre au 11 octobre, sachant bien qu’elle est tout simplement
annulée. Toutefois, ils ne peuvent le dire clairement, de peur de se ridiculiser devant
leurs partisans gonflés à bloc. En réalité, ils ne rêvent que du scénario du pire : le
chaos, le coup d’État ou l’insurrection populaire, qui chasseraient M. Ouattara du
pouvoir. Ils espèrent ainsi qu’une force illégitime ramasserait le pouvoir dans la rue
et le leur remettrait, sur un plateau d’or. Si ce n’est pas naïf de nourrir une si folle
espérance !
Mais c’est le scénario du pire qu’ils caressent. Leur inflexibilité et leur rhétorique, qui
refusent tout compromis, montrent bien qu’ils sont prêts à bloquer le fonctionnement
du pays, en faisant usage de la rue. C’est le sens des marches projetées. Mais
cette stratégie du pire est une équation à multiples inconnues. Ils savent bien que
toute initiative de leur part sera réglée comme le funeste et défunt CNT a été réglé.
Le choix est le leur.
Pour leurs ambitions personnelles, ils veulent bloquer le fonctionnement du pays tout
entier, bloquer son économie, bloquer le fonctionnement des institutions, ou pire, les
renverser. Ils estiment que leur salut réside dans le néant et dans le chaos dès lors
que les décisions du Conseil Constitutionnel ne sont susceptibles d’aucun recours.
Juridiquement parlant, ils n’ont plus aucune carte entre leurs mains. Il ne leur reste
plus que les cartes inconstitutionnelles, comme la rue et l’insurrection populaire.
Comme ils estiment qu’ils sont les seuls détenteurs du ‘’peuple’’ du Côte d’Ivoire, ils
comptent le mettre à rude contribution et l’appelant à sortir dans les rues du pays
tout entier, pour en bloquer le fonctionnement normal. Ils espèrent contraindre ainsi
le pouvoir à reculer d’une manière ou d’une autre. Cependant, ils savent bien que
jamais ils ne sauraient être inscrits sur la liste électorale avant le 25 octobre 2025, ni
qu’ils ne sauraient participer à l’élection présidentielle à venir, ni comme électeurs ni
comme candidats. Seul le changement anticonstitutionnel à la tête de l’État peut
sauver leur avenir politique immédiat en pointillé.
Puisqu’ils rêvent de coup d’État, il n’y a qu’à regarder du côté de la Guinée de
Mamadi Doumbouya, du Mali d’Assimi Goïta, du Burkina Faso d’Ibrahim Traoré ou
du Niger de Tiani pour savoir que, jamais les militaires ne prennent le pouvoir pour
l’offrir à des opposants civils, sur un plateau d’or. Même quand ils mettent la main
sur le cœur, pour jurer d’assurer une courte transition avant de retourner le pouvoir
aux civils, ils se renient tous et prolongent leur bail à la tête de l’État, indéfiniment.
Parfois, ils vont jusqu’à dissoudre les partis politiques. Le pouvoir d’État offre trop de
privilèges, d’honneurs et de faste pour le laisser filer des doigts d’un humain, sans
coup férir. Toutes les nations qui ont compté sur la bonne foi des hommes en treillis
s’en sont mordu les doigts. La Côte d’Ivoire ne ferait guère exception en la matière.
Dr Famahan SAMAKÉ.
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