PRÉSIDENTIELLE 2025: DES CANDIDATURES DE PROVOCATION

Il fut une époque où les candidats à l’élection du Président de la République étaient
des hommes sérieux, triés sur le volet. Pendant longtemps, il n’y en avait qu’un seul
en lice, dans tout le pays. Quand ils étaient nombreux, ils déposaient leurs dossiers
en toute connaissance de cause, en prenant soin de respecter toutes les conditions
fixées par la constitution et le code électoral.

Manifestement, en 2025, ce n’est plus du tout le cas. Nous avons assisté à une
vraie scène de théâtre lors de cette saison où certains ‘’candidats’’ n’ont déposé,
pour tout dossier de candidature à l’élection du Président de la République, que leur
extrait de naissance. Quid de la caution de 50 millions ; quid de l’âge minimum
requis qui est de 35 ans ; quid du parrainage. Des jouvenceaux de 24 hivernages
ont ainsi donné dans la provocation au prétexte qu’ils voulaient prendre le pouvoir
pour la jeunesse.

Mais, ce qui est plus écœurant, c’est que des politiciens chevronnés, qui se disent
‘’leaders de l’opposition’’, eussent donné dans cette surenchère. Les candidats
désignés et investis par le PPA-CI et le PDCI-RDA étaient inéligibles dès le départ.
Le premier, ayant perdu ses droits civiques pour cause de condamnation judiciaire,
n’est plus sur la liste électorale depuis 2020. En conséquence, il savait très bien – et
son parti le savait tout aussi bien – qu’il ne saurait, en aucun cas, être éligible à la
Présidence de la République. S’il n’est électeur, il ne peut prétendre être éligible
non plus, simple question de logique.

Le second a donné dans la ruse : inscrit irrégulièrement sur la liste électorale en
2023 en qualité de citoyen français, sa situation juridique a été dénoncée
franchement par Arthur Banga dès janvier 2025. Au PDCI-RDA, on s’est
obstinément refusé d’apprécier sainement la réalité en face – selon la définition que
feu Laurent Dona-Fologo donnait à la politique. On a plutôt donné dans la politique
de l’autruche : on a crié haro sur le baudet, Arthur Banga. On l’a voué aux gémonies
et l’on en a fait l’ennemi public numéro un. Pourtant, on a rétropédalé pour annoncer,
le 7 février dernier, devant des caméras de télévision, que Tidiane Thiam avait enfin
entamé sa procédure de renonciation à la nationalité française. Le 19 mars – c’était
mon anniversaire – le même ‘’candidat’’ se réjouissait d’avoir enfin été ‘’libéré de sa
nationalité française’’ acquise en 1987, lorsqu’il avait 25 ans. Arthur Banga avait
donc raison depuis le départ de cette saga à la française puisque Thiam était
président du PDCI-RDA en qualité de citoyen français. Il a même dû démissionner
de ce mandat litigieux, dans la foulée, avant de se présenter de nouveau au suffrage
des membres de son parti, dans un délai très bref, d’environ 48 heures. Entre
temps, il fut radié de la liste électorale sur décision de la justice. Redevenu
exclusivement ivoirien, il aurait fallu qu’une nouvelle RLE eût lieu pour qu’il y fût
régulièrement inscrit avant de prétendre se porter candidat à l’élection présidentielle.
Ce sera possible dès 2030, mais pas avant.

Dès lors, tout le monde savait bien que monsieur Thiam ne saurait faire acte de
candidature pour cette saison électorale 2025. Cependant, tous ces messieurs ont
donné dans la provocation en constituant, et en déposant, de prétendus ‘’dossiers
de candidature’’ à l’élection présidentielle devant la CEI, en grandes pompes, pour

donner des illusions à leurs militants les plus zélés. Ils ont espéré que, au regard de
l’allégresse et du zèle de leurs partisans, les institutions de la République faibliraient
et seraient contraintes d’accepter leurs dossiers irrecevables, au nom d’une paix
sociale à rançon. Que nenni !

Ils ont été légitimement déboutés par le Conseil Constitutionnel qui n’a point d’état
d’âme. Leurs partisans n’ont plus leurs yeux que pour pleurer. Mais nos politiciens
continuent de leur vendre du rêve en plein état d’éveil : ils prétendent que rien n’est
encore joué ; que tout ne fait que commencer ; que leur offensive diplomatique à
Washington, à New-York, à Bruxelles, à Strasbourg et à Paris finira par les faire
inscrire sur la liste de départ. Mais la morale de l’histoire est que les candidatures
de provocation ne paient point de dividendes politiques. À défaut, ces ‘’candidats’’
de provocation brandissent l’équation de la rue, pour faire tourner la balance en leur
faveur. Cette stratégie risquée fera-t-elle leur fortune politique au lendemain du 25
octobre ?

Just wait and see !

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