Depuis Francis Fukuyama et sa thèse sur la « fin de l’Histoire », les élites occidentales répètent que la démocratie libérale serait le point d’arrivée naturel de toutes les sociétés humaines. Amartya Sen ou Larry Diamond ont parlé d’« universalité de l’aspiration démocratique », comme si ce modèle constituait une loi de l’évolution politique. Mais l’expérience des trente dernières années en Afrique dément radicalement cette vision.
La démocratie n’a pas « pris racine » sur le continent, non pas à cause d’une soi-disant immaturité des peuples africains, mais parce qu’elle a été imposée comme une greffe étrangère sur des sociétés aux structures différentes. Résultat : au lieu de stabiliser, elle a exacerbé les conflits, attisé les divisions communautaires, produit guerres postélectorales et instabilités chroniques.
La preuve est ailleurs : la Chine a bâti son émergence économique et technologique en dehors du paradigme démocratique. La Russie s’affirme comme une puissance mondiale sans pluralisme politique véritable. Ces modèles montrent que l’efficacité d’un système de gouvernance dépend de son adéquation avec l’histoire et les réalités sociales, non de sa conformité aux canons occidentaux.
Assimiler la démocratie à une universalité est donc un discours idéologique, pas une vérité empirique. L’Afrique n’a pas à se laisser dicter son avenir par des modèles extérieurs. Elle doit inventer ses propres systèmes politiques, adaptés à ses réalités.
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