L’Afrique en mouvement: la génération Z impose sa voix à Madagascar et au Maroc

GenZ212: quand la jeunesse connectée réinvente la contestation au Maroc

Le mouvement GenZ212, né sur les réseaux sociaux et propulsé par Discord, bouleverse les codes traditionnels de la contestation au Maroc. Sa force réside dans son anonymat collectif : pas de leader identifiable, pas de figures médiatiques exposées, mais une multitude de voix qui s’expriment en ligne et se traduisent dans la rue. Ce modèle horizontal, fluide et insaisissable déstabilise un pouvoir habitué à négocier avec des porte-parole ou des partis structurés.

Cette stratégie a deux conséquences majeures. D’une part, elle rend toute tentative de récupération ou de répression ciblée pratiquement impossible : il n’existe pas de « tête » à supprimer. D’autre part, elle illustre la mutation d’une jeunesse dépolitisée dans les cadres classiques mais hyperpolitisée dans ses pratiques numériques et sociales. Avec ses 150 000 membres sur Discord, GenZ212 montre que les espaces virtuels deviennent désormais de véritables arènes politiques.

Le choix du collectif d’exiger la dissolution du gouvernement plutôt qu’un dialogue institutionnel marque également une rupture. Là où les mouvements sociaux passés revendiquaient des réformes sectorielles (emploi, salaires, droits ponctuels), GenZ212 questionne la légitimité même de l’État : un gouvernement incapable de garantir les droits sociaux fondamentaux peut-il encore prétendre gouverner ?

Face à cette dynamique, l’exécutif tente de ramener le mouvement dans le cadre classique de la négociation « institutionnelle, transparente, en présentiel ». Mais cette réponse semble décalée par rapport à l’essence de GenZ212, nourrie par l’anonymat, le virtuel et le refus de la personnalisation. L’État parle un langage que la jeunesse ne reconnaît plus.

En filigrane, GenZ212 révèle une crise générationnelle et politique profonde : défiance envers les élites, urgence des revendications sociales (santé, éducation, justice), et émergence d’une nouvelle grammaire de mobilisation où les réseaux surpassent les partis. Par sa forme et ses méthodes inédites, ce mouvement pourrait bien annoncer une recomposition durable du paysage politique marocain.

Andry Rajoelina dénonce une tentative de « coup d’État »

Une semaine après le début des manifestations contre les pénuries d’eau et d’électricité, qui ont fait au moins 22 morts et des centaines de blessés, les appels à la démission du président malgache, Andry Rajoelina, s’intensifient à travers le pays. Le 2 octobre 2025, des manifestants se sont rassemblés à Antsiranana pour appeler à une grève générale visant à forcer le président à quitter ses fonctions.

Une contestation qui se radicalise

Depuis le 25 septembre, Madagascar est le théâtre de manifestations ayant initialement pour but de dénoncer les coupures d’eau et d’électricité. Rapidement, le mouvement a évolué, réclamant désormais le départ du chef de l’État. Des heurts ont éclaté entre manifestants et forces de l’ordre dans la capitale et plusieurs grandes villes de province.

Andry Rajoelina dénonce une manipulation étrangère et locale

Dans une allocution retransmise en direct sur sa page Facebook, le président a affirmé que le mouvement visait à « provoquer un coup d’État ». Selon lui, la jeunesse mobilisée, notamment au sein du groupe Gen Z très actif sur les réseaux sociaux, serait manipulée par des acteurs malgaches et étrangers.

« Des pays et agences ont payé ce mouvement pour m’évincer, pas par des élections, mais pour le profit et le pouvoir, comme dans d’autres pays africains », a-t-il déclaré.

Il a également accusé certains hommes politiques malgaches d’avoir exploité la contestation pour « mener un coup d’État et détruire le pays », sans toutefois citer de noms. Rajoelina s’est dit prêt à dialoguer et a demandé aux forces de l’ordre de « faire revenir la paix ».

Un gouvernement limogé mais toujours sous pression

Le président n’a pas encore annoncé la nomination d’un nouveau Premier ministre, après avoir limogé l’ensemble du gouvernement lundi dernier pour tenter d’apaiser la colère des manifestants. Le centre-ville de la capitale est de nouveau bouclé, les commerces fermés, et des grenades lacrymogènes ont été utilisées contre les manifestants. D’autres rassemblements ont été signalés à Mahajanga, Toliara et Fianarantsoa.

Une contestation organisée et déterminée

Le collectif regroupant la jeunesse, les syndicats et d’autres composantes du mouvement a demandé à être consulté dans le processus de nomination du futur Premier ministre et a réclamé un délai supplémentaire de quatre jours pour ce choix. Il a également appelé à une enquête internationale sur les abus des forces de l’ordre.

Plusieurs syndicats, dont celui de la société nationale de distribution d’eau et d’électricité, ont lancé un appel à la grève générale. L’opposition, dans une rare position commune, réclame également la démission du président, ancien maire d’Antananarivo et magnat des médias.

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