Le Conseil National de Sécurité rappelle l’interdiction de contester les décisions du Conseil constitutionnel
En 2011, le RDR, devenu aujourd’hui RHDP, n’avait pas hésité à brandir les armes pour contester la décision du Conseil constitutionnel, alors présidé par Paul Yao N’Dré, qui proclamait Laurent Gbagbo vainqueur de la présidentielle. Quinze ans plus tard, ironie du sort : le même camp, solidement installé au pouvoir, se fait le chantre d’une intransigeance totale contre toute contestation des décisions de cette même institution.
Dans un communiqué au ton martial, le Conseil National de Sécurité (CNS) a rappelé que toute remise en cause des arrêts du Conseil constitutionnel est illégale et expose ses auteurs à des sanctions. Plus encore, il a instruit les ministères de la Justice et de la Sécurité de déployer tous les moyens nécessaires pour maintenir l’ordre, allant jusqu’à interdire meetings et manifestations publiques qui oseraient s’opposer aux décisions de l’organe suprême en matière électorale.
Ce durcissement interroge. Comment comprendre qu’un pouvoir qui s’est bâti sur la contestation violente d’une décision institutionnelle, au prix d’une guerre postélectorale aux milliers de morts, cherche aujourd’hui à bâillonner toute forme de contestation, même pacifique ?
La contradiction est flagrante et soulève une question fondamentale : s’agit-il encore de défendre l’État de droit ou simplement de verrouiller un pouvoir jaloux de son monopole ?
Au fond, ce paradoxe met en lumière la fragilité de la démocratie ivoirienne, oscillant entre mémoire sélective et logique de conservation du pouvoir. Le RHDP est-il frappé d’amnésie collective ou feint-il d’oublier ses propres turpitudes et méthodes d’hier pour mieux s’octroyer le droit exclusif de définir ce qui est légal ou illégal aujourd’hui ? Après quinze années sans partage, le parti présidentiel semble avoir troqué le combat pour la justice contre une obsession du maintien du pouvoir.
Hervé Coulibaly
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