Bruxelles accusée de reculer sur la lutte contre la déforestation

Après avoir présenté un règlement européen ambitieux contre la déforestation importée, la Commission européenne a décidé de reporter pour la deuxième fois consécutive son entrée en vigueur, prévue initialement en décembre prochain. Une décision dénoncée par ONG et acteurs économiques, qui y voient un « cadeau » aux États-Unis de Donald Trump et à l’Indonésie, pays à l’origine du plus vaste projet de déforestation en cours en Papouasie.

Un report jugé « inacceptable »

Le règlement devait interdire la mise sur le marché européen de produits liés à la déforestation, comme l’huile de palme, le soja, le café ou encore le cacao.
« Ce report d’un an est totalement inacceptable et pénalise gravement les entreprises et pays qui s’étaient préparés à sa mise en œuvre », déplorent les organisations environnementales. Elles rappellent que « les citoyens européens ne veulent pas consommer de produits issus de la destruction des forêts ».

Considéré comme pionnier au niveau mondial, ce texte devait permettre à l’Europe de se positionner en leader de la protection des forêts. Pour ses défenseurs, le recul annoncé fragilise gravement sa crédibilité, alors même que le continent traverse une crise climatique et environnementale marquée par des incendies sans précédent cet été.

Pressions commerciales en toile de fond

Selon plusieurs observateurs, ce nouveau report est directement lié à des négociations commerciales récentes menées par Bruxelles :

avec les États-Unis, dont les exportateurs ont dénoncé les contraintes du règlement ;

et avec l’Indonésie, l’un des plus grands producteurs mondiaux d’huile de palme, directement concerné par le texte.

En privilégiant ces accords, la Commission européenne enverrait le signal d’une priorité donnée au commerce plutôt qu’à l’environnement.

Une mobilisation citoyenne ignorée

Les critiques rappellent que l’opinion publique soutient largement la loi. Un sondage de 2024 révélait que 82 % des Européens estiment que les entreprises ne devraient pas vendre de produits contribuant à la déforestation, et 81 % soutiennent explicitement le règlement.

Ce mois-ci encore, près de 200 000 citoyens ont écrit à la Commission pour exiger son application sans délai et refuser tout recul environnemental.

Des entreprises déjà prêtes, désormais pénalisées

Ironie du sort : de nombreuses entreprises avaient déjà investi pour se mettre en conformité. Le report crée désormais une incertitude juridique nuisible à l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement — petits exploitants, industries agroalimentaires et distributeurs.
« Les lacunes techniques ne peuvent justifier un tel report. Au contraire, la mise en œuvre du règlement inciterait tous les acteurs à améliorer leurs pratiques », insistent les ONG.

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