Un mot à Dr Alain Ehoussou…, invité de l’émission NCI 360 du dimanche 21 septembre 2025

Par Soumahoro Alfa Yaya, citoyen ivoirien

J’ai été outré, profondément choqué, d’entendre, de la bouche d’un enseignant-chercheur, les propos tenus par le Dr Alain Ehoussou. Son visage, marqué par des mimiques de dédain, transpirait une haine politique dissimulée sous le manteau fissuré de l’enseignant.

Comment peut-on, au nom de l’objectivité académique, s’indigner que l’on rappelle sur un plateau de télévision les assassinats odieux commis sous le régime de son mentor, Laurent Gbagbo ? Le général Robert Guéï, Camara H, Guy-André Kieffer, Benoît Dacoury… autant de noms gravés dans la mémoire collective ivoirienne.

Un enseignant digne de ce nom ne devrait-il pas savoir que l’Histoire se construit aussi à travers la mémoire des crimes ? N’a-t-il pas appris, lui qui enseigne, que des bibliothèques entières sont consacrées aux atrocités de la Seconde Guerre mondiale, afin que jamais le monde n’oublie Hitler et ses abominations ? Que dire encore du souvenir glaçant du génocide rwandais, avec la tentative d’extermination des Tutsis par des Hutus ? Pourquoi donc vouloir effacer, minimiser ou balayer d’un revers de main les crimes récents de notre propre pays ?

Je témoigne. À mon humble niveau, je porte encore les stigmates de ce régime de Gbagbo Laurent :

Mon beau-frère, disparu à Abobo au début des années 2000.

Mon cousin, étouffé par des soldats, son seul “crime” ayant été qu’aucune balle n’avait traversé son corps.

Mon jeune beau-fils, enlevé au corridor de Gesco en 2010, jamais revenu.

Mon cousin germain, mécanicien, éborgné par un policier de la BAE qui lui a arraché l’œil avec un tesson de bouteille. Cet agent vit encore aujourd’hui, identifié, impuni.

Alors, Dr Ehoussou, ce n’est pas une question de haine ni de règlement de comptes. C’est une question de vérité et de mémoire. Fermer les yeux, c’est réveiller les démons de la vendetta qui sommeillent chez de nombreux Ivoiriens victimes. Oublier, c’est poser une bombe silencieuse au ventre des survivants.

Heureusement, le Président Alassane Ouattara, par ses paroles calmes et responsables, nous appelle au pardon. Pardonner, peut-être. Mais oublier, jamais.

Dr Alain Ehoussou, qu’il ne vous arrive jamais ce qui est arrivé à tant de familles ivoiriennes. Je ne vous le souhaite pas. Mais sachez qu’on ne guérit pas les plaies en les cachant. On guérit en nommant la douleur et en affrontant la vérité.

Soumahoro Alfa Yaya
Journaliste – Diplômé de Master, ISTC-Polytechnique Abidjan
Ancien Directeur de la Communication et RP
Ministère des Affaires étrangères de Côte d’Ivoire

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