Canada: Vive réaction de l’Ambassade de Côte d’Ivoire après le documentaire « Mangeurs d’argent » de Radio-Canada

La diffusion, le 18 septembre 2025, d’un documentaire de Radio-Canada intitulé « Mangeurs d’argent » a suscité de vives réactions à l’ambassade de Côte d’Ivoire au Canada ainsi qu’au sein de la communauté ivoirienne.

Une enquête contestée

Ce documentaire présente le Québec comme étant un foyer d’implantation de réseau criminel transnational. Il décrit cette organisation comme étant impliquée dans des activités de fraude amoureuse, de falsification de documents, de blanchiment d’argent et d’exportation de véhicules volés depuis le Canada.

Suite à la diffusion du documentaire, les réactions ivoiriennes se sont multipliées, réfutant la mise en cause de la Côte d’Ivoire, notamment à travers la phrase « une organisation criminelle, venue principalement de Côte d’Ivoire ».

Les autorités ivoiriennes basées au Canada s’insurgent également contre ce qui est appelé « mafia ivoirienne ». Autant de qualifications jugées insultantes et stigmatisantes par la représentation diplomatique qui les conteste, à travers un courrier adressé au directeur de l’information de Radio Canada, par l’Ambassadeur Bafétigué Ouattara.

Québec Canada: un réseau ivoiro-béninois mêle arnaques amoureuses, crime organisé et exportation de véhicules volés


En plus de contester ces appréciations tendant à lier cette organisation à la Côte d’Ivoire, l’Ambassade déplore les méthodes utilisées pour réaliser cette enquête. Le Chef de Mission critique notamment un manque de consultation et de collaboration avec la Côte d’Ivoire. Abidjan, dénonce ainsi des manquements aux principes d’équilibre et de rigueur journalistiques. Selon la note publiée et signée par l’Ambassadeur ivoirien, le documentaire, en ne recueillant pas l’avis de la voix officielle ivoirienne a conduit à un traitement « partiel et déséquilibré » qui ternit l’image de la Côte d’Ivoire.

La Côte d’Ivoire, victime et non instigatrice

En contestant certains aspects de ce documentaire, les autorités ivoiriennes rappellent aussi que la lutte contre la criminalité transnationale est une priorité nationale. Pour lutter et s’engager contre la cybercriminalité, le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, la Côte d’Ivoire a ratifié plusieurs conventions internationales.

De ce fait, tout comme le Canada, la Côte d’Ivoire se dit également victime de ces organisations criminelles transnationales.

Les autorités ivoiriennes constatent par ailleurs que ces réseaux criminels exploitent les failles des institutions au sein des pays, comme en témoignent les arrivées massives après l’octroi de permis d’études parfois sans suivi rigoureux.

Abidjan regrette, dans le même ordre d’idées, l’ouverture aisée de comptes bancaires multiples avec de fausses identités mais aussi une absence de mécanismes efficaces de traçabilité financière.

Pour contenir et stopper ces criminels, les autorités ivoiriennes souhaitent un renforcement des contrôles ainsi qu’une meilleure coopération entre la Côte d’Ivoire et le Canada, en ce qui concerne ces réseaux criminels. En effet, au coeur de cette actualité et face à l’ampleur du phénomène, l’Ambassade ivoirienne constate une absence de coopération policière et judiciaire systématique entre le Canada et la Côte d’Ivoire. Ce qui expliquerait qu’aucune démarche n’ait été faite en vue d’impliquer les services ivoiriens dans les investigations, alors que les activités de ces organisations criminelles vont au-delà des limites nationales des pays. Un constat qui interpelle sur la nécessité du renforcement des accords bilatéraux en matière de police, de justice, de cybercriminalité et d’extradition entre les deux pays.

Abidjan souhaite donc un dialogue et une coopération renforcés avec Ottawa, afin de prévenir et sensibiliser sur les méfaits et les actions de ces réseaux criminels.

Samuel Tia

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