Québec Canada: un réseau ivoiro-béninois mêle arnaques amoureuses, crime organisé et exportation de véhicules volés

Aboubacar Diallo est arrivé au Québec comme étudiant de l’Université du Québec à Trois-Rivières. En août 2025, il a été «reconnu interdit de territoire au Canada» par la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada. Photo : Photo issue de documents judiciaires

D’arnaqueurs de l’amour à voleurs, le crime organisé africain s’étend au Québec

L’arnaque amoureuse ? C’est leur spécialité. Mais ce n’est pas tout. Au Québec, un réseau de criminels africains impliqué aussi dans l’exportation de véhicules volés s’est développé et professionnalisé. Et ses membres débarquent comme faux étudiants.

Au Québec, un réseau criminel africain, principalement composé de ressortissants ivoiriens et béninois, s’est professionnalisé dans l’arnaque amoureuse en ligne et d’autres activités criminelles, dont l’exportation de véhicules volés. Les membres arrivent souvent au Canada comme faux étudiants, exploitant des permis d’études pour entrer sur le territoire sans fréquenter réellement les universités.

Leur méthode : séduire des victimes via les réseaux sociaux ou par courriel, les isoler sur des messageries privées, puis leur soutirer de l’argent grâce à des faux documents (contrats, testaments, factures médicales, cadeaux livrés à domicile). Ces opérations généreraient plusieurs centaines de millions de dollars, une partie étant blanchie via des comptes bancaires multiples, des applications de transfert d’argent et même des cryptomonnaies, avant d’être envoyée en Afrique de l’Ouest.

Dans une affaire récente, les services frontaliers ont découvert une vingtaine de fausses identités pour un seul membre du crime organisé africain. De son côté, Mamadou Berthe, qui a finalement été expulsé à la fin du mois d’août, possédait des passeports de la Côte d’Ivoire, du Togo, du Mali et de la Guinée.

Avec ces identités, l’argent se promène entre les comptes. C’est comme une immense toile d’araignée, détaille Nancy Simoneau.

Outre l’arnaque amoureuse, le réseau est impliqué dans la fraude bancaire, le vol de véhicules ensuite exportés vers l’Afrique et d’autres activités criminelles comme le trafic de stupéfiants et le proxénétisme. Les autorités canadiennes ont décrit l’organisation comme un réseau tentaculaire, bien structuré, et « soupçonné » de financer des activités terroristes.

Selon les experts, la criminalité organisée africaine au Québec, encore jeune, pourrait devenir de plus en plus influente, tirant profit de failles dans les contrôles d’immigration et de la crédibilité géographique qui leur permet de convaincre plus facilement leurs victimes.

Pour appâter ses nombreuses victimes, ce réseau fait livrer des cadeaux à leur domicile (des fleurs, des toutous ou du chocolat). La production et l’envoi de faux documents (contrat notarié, testament ou facture d’hôpital), plus réalistes les uns que les autres, sont également monnaie courante pour soutirer des sommes importantes en jouant sur la corde de l’émotion.

Aboubacar Diallo a finalement été reconnu interdit de territoire au Canada à la fin du mois d’août, indique l’Agence des services frontaliers pour des motifs de criminalité organisée et de blanchiment d’argent.

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