Dans une déclaration solennelle, une semaine après le verdict du Conseil constitutionnel établissant la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle, Charles Blé Goudé a lancé un appel à une participation massive des électeurs au scrutin du 25 octobre afin de changer la gouvernance en Côte d’Ivoire. Il y voit une occasion, belle pour la Côte d’Ivoire, pour changer le destin des générations futures. L’abstention pense-t-il, ne fera que le lit du statu quo et de l’immobilisme
Mes chers compatriotes,
Ivoiriennes mes sœurs, ivoiriens mes frères,
Le lundi 8 septembre 2025, le conseil constitutionnel a rendu publique la liste définitive des candidats retenus pour l’élection
présidentielle du 25 octobre 2025. Sur les soixante (60) personnalités qui ont soumis leurs dossiers de candidature, seulement cinq (05) ont été retenues, tandis que les cinquante-cinq (55) autres prétendants ont vu leurs dossiers soit déclarés irrecevables, soit rejetés, pour diverses raisons qu’il n’est point besoin d’énumérer ici. Mes premières pensées sont d’abord pour les personnalités recalées par le conseil constitutionnel. Je pense à des personnalités de premier plan, avec lesquelles j’ai travaillé, chacune, dans des
circonstances différentes, notamment le Président Laurent Gbagbo, président du PPA-CI, le Premier ministre Pascal Affi N’guessan,
président du FPI, le ministre Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA. A leur endroit, j’exprime toute ma solidarité. Quand on a investi son temps, son énergie, ses finances, du personnel dans une opération de collecte de parrainages à travers tout le pays, dans des zones souvent difficiles d’accès, la décision du conseil constitutionnel qui les recale, ne peut que susciter un sentiment de grande frustration.
Derrière cette décision, il y a aussi des milliers de militants, de jeunes, de femmes, d’hommes, qui espéraient porter leurs voix sur la
candidature de leurs champions. Je pense à eux. Je pense à leur déception, à leur colère, à ce sentiment d’injustice qu’ils pourraient
légitimement ressentir. Je veux leur dire que je partage leur souffrance, car elle est aussi la mienne. Au-delà des leaders portés par des partis politiques déjà connus, j’éprouve particulièrement de la peine pour deux personnalités dont la participation à l’élection présidentielle d’octobre pouvait, selon moi, apporter une nouvelle dynamique à la campagne, et surtout au débat politique. Vous l’aurez aisément deviné, il s’agit de mes amis, l’honorable Assalé Tiémoko, et le préfet Vincent Toh Bi. Pour participer à cette élection, ils ont travaillé dur, très dur.
Cette période de collecte des parrainages a été un vrai challenge pour eux. Je partage leur douleur et leur frustration. Mais aussi, à
travers leur détermination et les valeurs qu’ils ont portées ces dernières années, je ressens une fierté pour notre génération, car
désormais, la classe politique ne pourra plus faire semblant d’ignorer la relève.
Mes chers compatriotes,
Être écarté injustement du processus électoral malgré les efforts, les espoirs et l’engagement, est une épreuve dont nous connaissons et comprenons bien la douleur au COJEP. Surtout, moi dont le dossier n’a même pas franchi les portes de la Commission Électorale
Indépendante, et qui a eu pour sépulture l’étape de la liste électorale provisoire, pour cause d’une condamnation à vingt (20) ans par
contumace. Cette décision, que je considère comme profondément injuste, m’a écarté du processus électoral. Surtout que j’avais déjà été acquitté pour les mêmes faits après plusieurs longues années d’un procès devant la Cour Pénale Internationale.
Mais aujourd’hui, ce qui est en jeu va au-delà de ma situation personnelle et de mes ambitions politiques. Ce qui compte aujourd’hui, c’est la Côte d’Ivoire et la vie de nos compatriotes. Fidèle à mon engagement républicain, je voudrais aussi féliciter les
candidats retenus, et désormais qualifiés pour participer à la présidentielle. Leur présence dans la compétition fait peser sur leurs
épaules, une responsabilité immense : celle de porter l’espoir du changement tant souhaité par une bonne partie des ivoiriens.
Mes chers compatriotes, Cette situation qui se présente à nous, appelle une interrogation fondamentale, dont la réponse n’est pas évidente.
Alors que certains leaders de l’opposition ont vu leurs dossiers de candidature rejetés, et que d’autres sont retenus sur la liste
définitive des candidats, que faire ? Dans l’histoire des peuples, il existe des moments qui ne laissent aucun choix, si ce n’est celui d’un engagement vers de nouveaux horizons plus porteurs d’espoir. Au regard des dernières décennies de crises que notre pays a
connues, avec leur corollaire de blessés, de morts et de déséquilibre de la cohésion sociale, nous pouvons sans risque de nous tromper, affirmer que la Côte d’Ivoire a besoin de réformes profondes à plusieurs niveaux. Quel que soit le vainqueur de la résidentielle, le prochain Président de la république devra procéder à ces réformes. Ivoiriennes mes sœurs, ivoiriens mes frères,
Depuis mon retour au pays, je suis allé vers vous, dans les villes, villages et campements, pour vous écouter, toucher de plus près vos
réalités, vos préoccupations, mais aussi vous inviter au pardon. Je sais ce que vous voulez : vous avez soif de changement.
Vous aspirez à un coût de la vie sensiblement réduit. Vous réclamez des soins de santé de meilleure qualité.
Vous avez besoin d’une éducation plus performante en adéquation avec les besoins de notre pays. Vous rêvez d’une justice plus indépendante.
Vous avez besoin de retrouver la confiance dans nos institutions, singulièrement dans notre système électoral. Vous voulez affronter la retraite avec plus de sérénité. Etc… Bref, la liste des réformes souhaitées est longue et variée. Mais elle traduit une réalité simple : vous avez soif de changement. Mais, comment parvenir à ce changement si nous nous détournons du seul processus qui nous permet de devenir des décideurs et d’opérer les réformes escomptées ? Ma profonde conviction est la suivante : nous n’obtiendrons ni l’alternance, ni les changements souhaités, si nous ne nous mettons pas en capacité de décider. Pour moi, la seule voie pour parvenir au changement sans faire couler une seule goutte de sang d’aucun ivoirien, est celle des urnes. Oui, certains me diront que notre système électoral n’inspire pas confiance. Leurs griefs sont parfaitement légitimes. Je les comprends et je les partage. Mais a-t-on une autre alternative pour parvenir à l’alternance ? Ma réponse est non. Je fais remarquer que des dizaines d’ivoiriens, dont des leaders d’opposition, et non des moindres, ont déposé leurs candidatures en vue de participer à la prochaine élection présidentielle. La participation de ces personnalités à cette élection aurait été une occasion de confronter encore plus de programmes et projets de société, afin d’enrichir davantage le débat politique. Hélas, plusieurs d’entre elles ont vu leurs candidatures malheureusement rejetées, et je le regrette. Le fait que toutes ces personnalités aient déposé leurs candidatures, laisse comprendre qu’en dépit de tous les griefs contre notre système électoral, la classe politique ivoirienne a clairement fait le choix des urnes en vue d’obtenir l’alternance. Je salue cette logique, et je m’y inscris. Car, au regard de l’histoire récente de notre pays, toute autre voie est un saut dans l’inconnu ; et la Cote d’ Ivoire n’en a pas besoin.
Pour ma part, je crois fermement que l’opposition a de réelles chances de gagner cette élection. Il est à rappeler que bon nombre
d’ivoiriens n’ont pas participé aux élections présidentielles de 2015 et 2020. Leur absence à ces grands rendez-vous n’a toutefois pas
apporté les changements auxquels nous aspirons. Va-t-on répéter la même erreur en espérant avoir un résultat cette
fois différent ? Je reste convaincu que si tous ces millions d’ivoiriens qui se sont abstenus de participer à l’élection présidentielle en 2015 et 2020 votent massivement, nous gagnerons la prochaine élection présidentielle. On peut rejeter des candidatures, mais on ne peut pas arrêter l’élan d’un peuple décidé à faire entendre sa voix dans les urnes. Car, dans l’isoloir, l’on est seul avec sa conscience et sa détermination.
J’appelle donc tous les ivoiriens, dans leur ensemble et leur diversité, à se lever, à se mobiliser et à participer massivement à la
prochaine élection présidentielle, sans violence. Car si nous voulons le changement, la seule option est de voter massivement le 25 octobre prochain. C’est là, et seulement là, que nous pourrons transformer notre soif d’alternance et de changement en réalité.
Pour partager avec vous ma détermination à opérer le changement dans les urnes, je viendrai vers vous, chez vous, comme j’en ai eu
l’habitude. A la Commission Electorale Indépendante, je voudrais rappeler sa lourde responsabilité, à éviter à la Côte d’Ivoire un autre conflit post-électoral par l’organisation d’un scrutin transparent, crédible et sécurisé. Pour finir, à mes camarades du COJEP, je voudrais dire ceci : Notre combat pour la démocratie ne s’arrête pas à ma non présence sur la liste des candidats. Il se poursuit autrement, mais avec la même détermination. Pour traduire en acte la principale résolution du dernier congrès de notre parti, j’appelle tous les responsables à se mobiliser pour participer à la convention qui se tiendra le samedi 04 octobre 2025 à la fondation Félix Houphouët Boigny pour la recherche de la paix, à Yamoussoukro. Ce sera l’occasion pour le COJEP de désigner le candidat à soutenir lors de la présidentielle.
Avant cette convention, accompagné par quelques membres de la direction, je prendrai le soin de rencontrer tous les candidats de
l’opposition pour des échanges. A nous tous dans l’opposition, je voudrais dire : L’heure n’est plus aux accusations et aux polémiques.
L’heure est au rassemblement pour le changement dans les urnes. Nous ne sommes pas condamnés à répéter les erreurs du passé.
Nous ne sommes pas obligés de céder au fatalisme. On ne construit rien dans le chaos et la violence, on construit toujours dans la paix et la tranquillité. La Côte d’Ivoire peut choisir une autre voie, celle d’un avenir sans conflit, celle de la dignité et de l’unité. L’heure est au rassemblement pour le changement dans les urnes. Et je dis avec force : LE CHANGEMENT, C’EST POSSIBLE. LE CHANGEMENT C’EST MAINTENANT. Ensemble, nous pouvons bâtir la Côte d’Ivoire, dans le respect de nos différences.
QUE DIEU BENISSE LA COTE D’IVOIRE
Fait à Abidjan le 15 septembre 2025,
Pour le COJEP
Charles Blé Goudé
Président
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