Par Binaté Sylla

Hormis les rassemblements de protestation organisés par les partis de l’opposition politique, le contexte de l’année électorale 2025 en Côte d’Ivoire, lié à l’élection présidentielle Constitutionnellement programmée pour se tenir le 25 Octobre, est marquée par l’arrestation de plusieurs dirigeants et militants de l’opposition. Au-delà du PDCI-RDA présidé par Tidjane Thiam depuis le décès de Henri Konan Bédié, et du PPA-CI sous la direction de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, libéré de la CPI après plus de 7 ans de procès relatif à la crise postélectorale 2011, le GPS (Générations et Peuples Solidaires), formation politique dont le premier leader Guillaume Soro Kigbafori est en rupture de banc politique avec le RHDP (Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix) du président ivoirien Alassane Ouattara, subit également des saignées dans ses rangs.
L’absence relative de troubles socio-politiques est la face de l’iceberg qui jette le voile sur la profonde fracture sociale depuis le coup d’État militaire du Général Guéi Robert en décembre 1999 contre le président Henri Konan Bédié. L’accession d’Alassane Ouattara à la présidence de la république en Avril 2011 à l’issue d’un conflit armé face à La Majorité Présidentielle (LMP) conduite par Gbagbo Laurent ne réussit pas pour autant à absoudre les discours confligènes entre les partisans de l’actuel parti au pouvoir le RHDP et ceux de l’opposition.
Regroupés en alliance dénommée Front Commun, mise sur pieds da,s le courant du mois de Juin 2025, le PDCI-RDA et le PPA-CI sont confrontés à l’arrestation par enlèvements, en violation des procédures judiciaires, de plusieurs de leurs dirigeants et militants. Ce fut le cas à quelques heures de la grande marche pacifique organisée le samedi 16 Août 2025 par cette coalition politique, du carrefour Saguidiba de la commune de Yopougon à la place Ficgayo, pour protester contre la candidature du président Alassane Ouattara à un 4è mandat présidentiel et l’emprisonnement des militants. À l’instar du cybermilitant Gala Kolébi, de l’ancien ministre de la Défense Lida Kouassi Moïse, tous deux du PPA-CI, des membres de la direction de la Jeunesse du PDCI-RDA, dont Henri Joël et Innocent Yao, sont actuellement incarcérés au Pôle Pénitentiaire d’Abidjan (PPA). La série d’arrestations des partisans de l’opposition par enlèvements, voire sans convocation de police, s’est illustrée à travers la disparition du jeune cybermilitant du PPA-CI Zigui Ibrahim fin Août 2025, finalement découvert selon son avocat au Pôle Pénitentiaire d’Abidjan, après une dénonciation massive à travers réseaux sociaux et journaux. La vie d’exilé politique menée depuis 2018 par l’ancien président du parlement de la république de Côte est en corrélation avec les mésaventures politiques auxquelles sont confrontés des membres du Comité d’Orientation et de Coordination de son mouvement politique GPS. Les procès judiciaires sanctionnés par des peines de prison qui frappent des proches collaborateurs de Guillaume Soro Kigbafori que sont El Hadj Mamadou Traoré, Kafando Soumahoro, Souleymane Kamaraté, alias Soul to Soul expliquent en large partie le départ de nombreux opposants à l’extérieur de la Côte d’Ivoire. Craignant pour leur vie et redoutant d’être mis aux arrêts de manière arbitraire, nombreux sont des dirigeants et militants de l’opposition politique qui ont opté pour l’exil tant dans différents pays africains qu’aux USA, en Europe, en Russie et en Asie. Au regard de la répression contre le personnel politique de GPS, le jeune chauffeur de profession Idriss Fofana, partisan de Guillaume Soro Kigbafori, précédemment résident dans la commune de Yopougon, a pu au prix de mille efforts se rendre dans un pays occidental courant l’année 2023 afin de se mettre à l’abri de toutes représailles politiques et des contingences liées à l’environnement socio-politique de plus en plus inquiétant, surtout à l’approche de l’élection présidentielle pour lequel le Conseil constitutionnel ivoirien s’est prononcé le lundi 08 septembre 2025 en invalidant les candidatures des poids lourds politiques, à savoir Gbagbo Laurent, Tidjane Thiam, Affi N’guessan, Assalé Tiémoko. Ainsi, le député Bredoumy Kouassi Soumaila, porte-parole du PDCI-RDA, et le médecin Dr Osman Chérif, membre de la direction de la Jeunesse du même parti politique, ont été exfiltrés, dit-on, vers le Ghana par mesure de sécurité en raison des fortes rumeurs sur leur arrestation en Côte d’Ivoire. L’écrivain Sylvain Takoué fait partie du nombre des exilés politiques Ivoiriens . Sans doute, il n’est pas erroné d’affirmer que depuis la fin de la crise postelectorale 2011 sanctionnée par la chute de Gbagbo Laurent et l’entrée d’Alassane Ouattara à la présidence de la république, les ivoiriens continuent d’être à la recherche de la réconciliation nationale.
À quoi ont servi le ministère de la réconciliation nationale confié à Konan Kouadio Bertin, ex-président de la jeunesse du PDCI-RDA et actuel ambassadeur de la Côte d’Ivoire au Gabon depuis 2024, la CDVR (Commission Dialogue Vérité et Réconciliation) présidée par feu Charles Konan Banny, ex-membre de la direction du PDCI-RDA et ancien gouverneur de la BCEAO (Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest), et la CONARIV (Commission Nationale de Réconciliation et d’Indemnisation des Victimes) mise sous la présidence de Monseigneur Paul Siméon Ahouanan, Archevêque Métropolitain de Bouaké ?
Binaté Sylla
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