D’un front à un autre, Sébastien Lecornu s’installe désormais à Matignon. Après avoir dirigé le ministère des Armées, il prend la tête d’un gouvernement confronté à un Parlement éclaté et ingouvernable. La question est simple : saura-t-il désamorcer le champ de mines parlementaire qui a déjà emporté ses prédécesseurs ?
À 39 ans, l’élu de l’Eure se retrouve propulsé au sommet de l’État. Son crâne prématurément dégarni fait oublier sa jeunesse, lui qui aime à dire : « Malheureusement, je suis né vieux ». Plutôt que d’incarner la fougue de la nouvelle génération, il revendique deux décennies de vie politique au compteur, débutées dès l’adolescence par une adhésion à l’UMP à Vernon, sa ville natale.
Lecornu n’en est pas à son premier rendez-vous manqué avec Matignon. Il y a neuf mois déjà, Emmanuel Macron envisageait de le nommer Premier ministre. Mais la colère de François Bayrou, qui redoutait une marginalisation de son mouvement, avait conduit le président à changer ses plans in extremis au profit du leader du MoDem. Cette fois, le fidèle lieutenant est récompensé.
Ce parcours, marqué par une ascension rapide mais discrète, illustre une constante : la capacité de Sébastien Lecornu à évoluer dans des environnements politiques instables, voire hostiles. Une qualité que l’Élysée espère décisive au moment d’affronter les fractures parlementaires et sociales. Reste à savoir si, à Matignon, le stratège saura se muer en bâtisseur de consensus dans un climat politique empoisonné.
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