Quand la joie devient maladresse politique : le cas Simone Gbagbo (Tribune)

La validation du dossier de candidature de Mme Simone Éhivet Gbagbo à l’élection présidentielle d’octobre 2025 a suscité de sa part une manifestation publique de joie. Un geste humain, certes, mais qui interroge sur le plan politique et stratégique.

Dans le contexte actuel, marqué par l’exclusion de plusieurs figures majeures du paysage politique ivoirien, cette effusion apparaît pour beaucoup comme une fausse note. L’acceptation d’un dossier de candidature n’est pas une faveur mais un droit lorsque les conditions légales sont réunies. L’accueillir avec une telle exubérance donne le sentiment d’une grâce concédée par le pouvoir, là où il aurait fallu affirmer la légitimité tranquille d’une actrice politique de premier plan.

Sur le plan symbolique, cette attitude peut fragiliser son image présidentielle. Les électeurs attendent d’un candidat non pas la fébrilité d’un retour inespéré, mais la sérénité d’une évidence. En politique, l’émotion doit être maîtrisée, calibrée et dirigée. Or, ici, elle a semblé spontanée au point d’éclipser le message politique qui aurait pu accompagner cet instant.

De plus, ce geste isole Mme Gbagbo au sein même de l’opposition. Alors que nombre de personnalités expriment leur amertume ou leur indignation face à leur exclusion, elle semble se réjouir d’un privilège dont d’autres ont été privés. Cette dissonance affaiblit la possibilité d’une dynamique unitaire et alimente la perception d’une opposante consentante plutôt que d’une figure de rassemblement.

Il ne s’agit pas de nier l’épreuve personnelle traversée par Simone Gbagbo, ni la dimension humaine de sa réaction. Mais en politique, le registre affectif a toujours une traduction stratégique. Or, en l’occurrence, cette démonstration de joie pourrait s’interpréter comme un aveu de faiblesse, voire une maladresse qui pèsera sur la construction de sa stature présidentielle.

En définitive, ce moment, qui aurait pu être l’occasion de délivrer un message fort – appel à l’unité, dénonciation de l’exclusion de concurrents, affirmation d’un projet – restera comme une opportunité manquée. Il rappelle que dans une élection où chaque geste compte, la communication politique doit être pensée, pesée et assumée.

Stéphane Kool
Intelligence marketing advisor –

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