Par F. Kouadio — Cap’Ivoire Info
Deux ans après la rupture avec la CEDEAO et le pari assumé d’une alliance sécuritaire avec la Russie, les juntes de l’AES (Mali, Burkina Faso, Niger) n’ont pas réussi à enrayer ni l’expansion des groupes terroristes, ni la pression croissante sur les civils.
Farabougou, symbole d’impuissance
La chute de Farabougou (région de Ségou, Mali) illustre ce constat. Après l’attaque du 19 août, l’armée a décroché, laissant la population fuir, puis revenir sous un « ordre islamique » imposé par les djihadistes : interdictions multiples, « impôt » prélevé, charia appliquée. Ce village martyr est devenu « l’épine dans le pied » de Bamako, après des années de blocus, d’accords locaux vite caducs et de replis militaires successifs.
Wagner, Africa Corps et promesses non tenues
La substitution de Wagner par Africa Corps devait améliorer la situation sécuritaire. Mais au Mali comme au Burkina Faso, où la première base a été installée, les attaques restent nombreuses et l’effet protecteur pour les civils limité. L’argument d’efficacité reste sans preuves tangibles.
La CEDEAO prépare une force antiterroriste
Face à l’impasse, la CEDEAO accélère l’activation de sa
brigade régionale antiterroriste (1 650 à 5 000 hommes dans un premier temps), avec le soutien attendu de l’Union africaine et des partenaires internationaux. Mais Bamako et Ouagadougou ont boudé le sommet des chefs d’état-major africains tenu à Abuja du 25 au 27 août. Ce boycott confirme leur préférence pour une approche strictement AES, au détriment d’une architecture régionale inclusive.
Le geste minimaliste du Niger
Contrairement à ses alliés, le Niger a envoyé un représentant à Abuja. Un signe politique modeste mais lisible : Niamey laisse la porte entrouverte à une coopération plus large. Ce choix tranche avec la ligne dure malienne et burkinabè.
Le retour discret des États-Unis
Dans ce contexte, Washington multiplie les signaux depuis l’été : promesse d’une Chambre de commerce, reprise des discussions sécuritaires, diplomatie économique. Bamako s’y montre réceptif, esquissant un rapprochement paradoxal avec les États-Unis, alors même que le discours officiel reste tourné vers Moscou.
Sans coopération régionale, pas d’issue
Les rapports onusiens le rappellent : aucun État sahélien ne peut, seul, contenir la mobilité des katibas ni protéger durablement les zones frontalières et économiques. Sans renseignement mutualisé ni logistique partagée, les « gains » ponctuels resteront fragiles.
Une équation claire
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- AES + Russie : pas de résultats probants.
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- CEDEAO : une boîte à outils crédible mais dépendante de la volonté politique.
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- États-Unis : un retour par le commerce et la sécurité.
En refusant d’intégrer une mécanique régionale, Bamako et Ouagadougou s’isolent. À l’inverse, le geste de Niamey suggère qu’un
réalisme sécuritaire pourrait demain peser plus que les proclamations d’allégeance.
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