
Le 29 août, le Centre culturel Blaise Senghor de Dakar a accueilli La Grande table ronde des panafricains. Cette rencontre, initiée par GASSI (Front pour le retrait des bases militaires françaises du Sénégal) et MIR (Mouvement international pour les réparations), a réuni plusieurs organisations autour d’une même conviction : l’Afrique doit obtenir des réparations pour les crimes coloniaux et mettre fin aux mécanismes actuels de dépendance.
La projection du documentaire « Réparations: la dette colonial » a servi de point de départ à un débat animé. Dès l’ouverture, Souleymane Jules Diallo, leader du mouvement JIF’AFRIK, a lu un communiqué commun annonçant que le départ des bases militaires françaises du Sénégal représentait une victoire majeure, mais non suffisante. Selon lui, la France poursuit son influence à travers l’économie et le système monétaire, ce qui impose de franchir une nouvelle étape : celle des réparations. « Au Sénégal, plus de 300 entreprises françaises contrôlent l’économie du pays et ont pratiquement monopolisé les secteurs stratégiques », a souligné l’activiste.
Plusieurs orateurs ont souligné l’aspect historique de la nécessité des réparations. Abdoulaye Diene, du FIPAN, a rappelé que l’Allemagne avait versé des réparations après la Seconde Guerre mondiale, soulignant que l’Afrique, elle aussi marquée par des crimes massifs et l’exploitation de ses ressources, ne doit pas être exclue de ce processus de justice.
D’autres voix ont mis en avant l’urgence d’une stratégie collective. Mahmoud Oujouara a appelé à renforcer l’autonomie du continent en misant sur la production et la transformation locale, affirmant que les réparations ne doivent pas seulement servir à compenser le passé, mais aussi à bâtir un avenir de souveraineté. Pour Théophile Ndick Pouye, il est indispensable d’inscrire cette question à l’agenda panafricain de manière prioritaire, à l’image du combat qui a mené au retrait des troupes françaises.
Au-delà des divergences de ton, un constat commun s’est imposé : la lutte pour les réparations s’intensifie et s’élargit. Elle ne se limite plus à la mémoire des crimes coloniaux, mais se déploie désormais comme un projet politique et économique, visant à obtenir une reconnaissance internationale et à consolider la souveraineté africaine.
La rencontre de Dakar confirme ainsi que le temps des simples dénonciations est révolu. Pour les panafricanistes, il s’agit aujourd’hui de passer à l’action, d’imposer un dialogue équitable avec l’Europe et d’exiger la restitution des richesses spoliées.
Par Fatou Fadiga
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