La déclaration de patrimoine, telle que prônée par le candidat Djé Bi — « Nous, les élus, principalement, devons déclarer nos patrimoines, parce que nous sommes mandatés par le peuple » — pose une question essentielle : celle de la responsabilité des dirigeants face aux citoyens.
1. Pourquoi la déclaration est nécessaire
Dans une démocratie, les élus et les hauts responsables gèrent les ressources publiques. Connaître leur patrimoine avant, pendant et après leur mandat permet de vérifier qu’ils ne s’enrichissent pas illicitement. Sans cet outil, la frontière entre service public et intérêt personnel devient floue.
C’est pourquoi plusieurs pays africains (Sénégal, Bénin, Burkina Faso) et européens (France, Italie) ont inscrit cette obligation dans leurs lois. Dans ces pays, la déclaration de patrimoine est un instrument de prévention de la corruption et de restauration de la confiance publique.
2. Faut-il sanctionner le refus ?
Oui, si l’on veut que la transparence soit effective. Sans sanction, l’obligation reste purement symbolique. Les sanctions peuvent être graduelles :
Administratives : refus de prise de fonction tant que la déclaration n’est pas faite.
Financières : amendes pour les récalcitrants.
Politiques : inéligibilité temporaire ou exclusion des hautes fonctions de l’État.
Par exemple, au Sénégal, un ministre ou député qui refuse de déclarer ses biens s’expose à des sanctions pénales. En France, un élu qui fournit une déclaration mensongère risque jusqu’à 3 ans de prison et 45 000 euros d’amende.
3. Le cas ivoirien : entre volonté et inertie
En Côte d’Ivoire, l’obligation de déclaration de patrimoine est prévue par la Constitution (article 35 et suivants), mais elle n’est quasiment jamais appliquée. Les présidents successifs l’ont évoquée, mais sans mécanisme coercitif clair, ni organe indépendant chargé de contrôler et sanctionner. Résultat : une règle existe, mais reste lettre morte.
4. Une réforme urgente pour crédibiliser la démocratie
Sanctionner ceux qui refusent de déclarer leur patrimoine ne doit pas être vu comme une chasse aux sorcières, mais comme un gage de bonne gouvernance. La démocratie ivoirienne ne peut s’approfondir que si ses acteurs acceptent d’être redevables devant le peuple.
La proposition de Djé Bi remet donc au cœur du débat la question de l’intégrité publique. Elle oblige les électeurs à se demander : voulons-nous des dirigeants qui rendent compte, ou des dirigeants qui se soustraient au contrôle citoyen ?
Publication de la déclaration de patrimoine: Ce qu'en pense le candidat Djè Bi pic.twitter.com/NBVVnXPr5m
— Arnaud GOHI – Le Citoyen (@ArnaudGOHI2) August 30, 2025
Commentaires Facebook