Le Grand Orient de France (GODF) a élu, le 21 août 2025 à Bordeaux, son nouveau Grand Maître, Pierre Bertinotti. Âgé de 72 ans, professeur d’économie à CentraleSupélec et à l’Université de Lorraine, ancien haut fonctionnaire du ministère des Finances et diplômé de Sciences Po Paris ainsi que de HEC, il succède à Nicolas Penin pour un mandat d’un an.
Cette élection, qui s’inscrit dans la continuité de la tradition républicaine et laïque du GODF, résonne également bien au-delà de l’Hexagone. Car si le GODF demeure la principale obédience maçonnique française, son influence dépasse largement les frontières nationales. En Afrique francophone, notamment en Côte d’Ivoire, au Sénégal, au Bénin, au Gabon ou encore au Cameroun, de nombreux responsables politiques, économiques et administratifs gravitent dans l’orbite du GODF ou entretiennent avec lui des relations discrètes mais constantes.
Pierre Bertinotti hérite donc d’une double mission : consolider le rayonnement interne de l’obédience en France, tout en préservant et dynamisant ces « réseaux d’influence africains », où la franc-maçonnerie se mêle souvent aux logiques de pouvoir, de diplomatie parallèle et d’affaires économiques. Dans un contexte où la France cherche à redéfinir ses rapports avec le continent africain, le rôle du GODF, parfois vu comme un « relais invisible » de l’influence française, reste un sujet sensible.
Certains observateurs estiment que le nouveau Grand Maître devra trouver un équilibre entre fidélité aux idéaux universalistes de la franc-maçonnerie et gestion pragmatique de réseaux où se croisent hauts fonctionnaires, dirigeants politiques et hommes d’affaires africains. D’autres y voient un prolongement naturel de la vocation du GODF : créer des ponts, défendre la laïcité et promouvoir les valeurs républicaines, même sous d’autres latitudes.
Quoi qu’il en soit, l’élection de Pierre Bertinotti confirme que le GODF continue de peser non seulement dans le débat public français, mais aussi dans les arcanes d’un espace franco-africain où les loges maçonniques constituent, depuis plusieurs décennies, un lieu de rencontre privilégié entre élites des deux rives.
Le Grand Orient de France revendique plus de 55 000 membres répartis dans plus de 1 400 loges. Fondée en 1728, cette obédience, considérée comme la principale force maçonnique classée à gauche dans le paysage français, s’est ouverte aux femmes depuis 2010. Celles-ci représentent aujourd’hui entre 12 et 13 % de ses effectifs. Le GODF demeure ainsi la plus grande obédience maçonnique de France en termes d’adhérents.
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