L’ancien président de la République démocratique du Congo est jugé par contumace pour collusion présumée avec les rebelles du M23. Le procès, ouvert le 25 juillet devant la Haute Cour militaire de Kinshasa, a connu un tournant décisif ce 22 août avec le réquisitoire de l’auditeur général des Forces armées congolaises (FARDC).
Le réquisitoire de l’auditeur général
Le lieutenant-général Jean-René Likulia Bakulia a requis la peine capitale contre Joseph Kabila, chef de l’État entre 2001 et 2019, accusé de collusion avec les rebelles du M23 qui occupent une partie du Nord et du Sud-Kivu.
Les charges sont lourdes : trahison, participation à un mouvement insurrectionnel, crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité, homicide intentionnel par balles, viol, torture, déportation, et occupation par la force** de la ville de Goma.
« C’est lui le boss [de l’AFC/M23] », a martelé l’auditeur général, réclamant son arrestation immédiate.
Identité contestée et accusations d’espionnage
L’accusation est allée jusqu’à contester l’identité même de l’ancien président. « C’est un Rwandais adopté sociologiquement par Laurent-Désiré Kabila », a soutenu Me Richard Bondo, coordonnateur des avocats de la République, qui s’est constituée partie civile. Selon lui, « Joseph Kabila Kabange » ne serait autre qu’Hippolyte Kanambe.
« Il ne mérite pas d’être jugé comme Congolais pour trahison, mais comme espion », a renchéri Me Jean-Marie Kabengela.
Tshisekedi à l’offensive
Le président Félix Tshisekedi avait lui-même, en mai dernier, publiquement accusé son prédécesseur de collusion avec le M23, le présentant comme le véritable chef de l’**Alliance Fleuve Congo (AFC), branche politique du mouvement rebelle. Quelques jours plus tard, le Sénat levait l’immunité parlementaire de Kabila, ouvrant la voie à des poursuites judiciaires.
Les partisans de Kabila dénoncent une « parodie de procès »
Pour les proches de l’ancien chef de l’État, il s’agit d’un procès politique.
« Manipuler l’identité d’un ancien président, fils d’un héros national, dont la famille est vivante, juste à des fins politiciennes, est un crime d’État », s’est indigné Néhémie Mwilanya, son dernier directeur de cabinet.
Même son de cloche du côté de José Makila, ancien ministre : « Ce n’est pas seulement Joseph Kabila qu’on juge, c’est l’État de droit qu’on sacrifie. Une justice transformée en arme politique menace toute la nation. »
Un verdict attendu dans un contexte de négociations
Ce procès historique intervient alors que le gouvernement congolais et l’AFC/M23 mènent au Qatar des négociations de paix. Après une déclaration de principe signée le 19 juillet, le médiateur qatari a transmis mi-août un projet d’accord aux deux parties.
Le verdict de la Haute Cour militaire de Kinshasa est attendu dans les prochains jours. Il pourrait marquer un tournant majeur dans l’histoire politique et judiciaire de la RDC.
Avec Jeune-Afrique
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