Atome: De l’Algérie à la Côte-d’Ivoire où en est le nucléaire africain ?

Alors qu’une vingtaine de pays africains ont annoncé leur intention de développer un programme nucléaire civil, seuls quelques-uns ont franchi le pas des projets concrets. Entre ambitions affichées, partenariats internationaux et chantiers en cours, le continent avance à des vitesses très différentes sur ce dossier hautement stratégique.

L’Afrique du Sud, toujours pionnière

À ce jour, l’Afrique du Sud demeure le seul pays africain à disposer d’une centrale nucléaire opérationnelle. La centrale de Koeberg, près du Cap, mise en service dans les années 1980, produit environ 5 % de l’électricité du pays. Pretoria a plusieurs fois annoncé vouloir prolonger la durée de vie de ses deux réacteurs et envisage la construction de nouvelles unités, mais les difficultés financières et la crise de gouvernance d’Eskom, l’opérateur public, retardent toute avancée majeure.

Égypte : le chantier phare du continent

Le pays le plus avancé est aujourd’hui l’Égypte, où la construction de la centrale d’El-Dabaa, réalisée avec l’appui du russe Rosatom, est entrée dans une phase active. Quatre réacteurs de 1 200 MW chacun sont prévus. Le premier devrait entrer en service avant la fin de la décennie. Ce projet, estimé à plus de 25 milliards de dollars, symbolise la volonté du Caire de diversifier ses sources d’énergie et de renforcer sa souveraineté énergétique.

Algérie : entre recherche et velléités industrielles

L’Algérie affiche depuis longtemps son intérêt pour le nucléaire civil. Le pays dispose de deux petits réacteurs de recherche, à Draria et Aïn Oussera, et a signé plusieurs accords de coopération, notamment avec la Russie et la Chine. Alger a annoncé l’objectif de construire sa première centrale d’ici 2035, mais aucun chantier n’a été lancé pour l’instant.

Maroc : un œil sur le nucléaire

Le Maroc s’est également positionné sur la question, dans le cadre de sa stratégie de diversification énergétique. Le royaume possède le réacteur de recherche Maamora, près de Rabat, et a renforcé ses partenariats avec la Russie et la France. Toutefois, aucune décision formelle de construction de centrale n’a encore été prise, Rabat concentrant pour l’heure ses efforts sur le solaire et l’éolien.

Côte d’Ivoire et Afrique de l’Ouest : l’étape des intentions

En Côte d’Ivoire, les autorités ont exprimé dès 2015 leur volonté de se doter d’une centrale nucléaire, avec un horizon initial fixé à 2030. Abidjan a signé un accord de coopération avec la Russie et discuté avec d’autres partenaires, dont les États-Unis et la France. Le pays a d’ailleurs intégré l’énergie nucléaire dans son plan national d’électricité, mais le projet reste au stade préliminaire.
D’autres États d’Afrique de l’Ouest, comme le Ghana et le Nigeria, sont également engagés dans des discussions ou des projets préparatoires, sans avoir encore lancé de chantiers.

Un avenir encore incertain

Si la dynamique nucléaire s’accélère sur le continent, la marche reste haute pour la plupart des pays. Les obstacles sont nombreux : coût très élevé des projets, besoins en formation et en sûreté, dépendance technologique vis-à-vis des grandes puissances (Russie, Chine, France, États-Unis).
Mais à l’heure où la demande énergétique de l’Afrique devrait doubler d’ici 2040, et face à l’urgence climatique, plusieurs capitales considèrent le nucléaire comme une option incontournable pour accompagner leur industrialisation.

Avec Jeune-Afrique

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