Cybercriminalité au Ghana : un réseau démantelé avec un butin estimé à 100 millions de dollars

New York // C’est un coup de filet d’une ampleur inédite qui a été réalisé cette semaine par le FBI et les autorités américaines. Quatre Ghanéens, identifiés comme les chefs d’une organisation criminelle sophistiquée baptisée « The Enterprise », sont dans le collimateur de la justice pour une escroquerie en ligne massive ayant rapporté plus de 100 millions de dollars (86 millions d’euros) en sept ans. Trois des suspects viennent d’être extradés vers New York, où ils comparaîtront pour des charges pouvant leur valoir jusqu’à vingt ans de prison.

L’extradition express de trois « bosses » du cybercrime

L’opération, soigneusement préparée, a connu son point d’orgue mercredi 7 août. Isaac Oduro Boateng (36 ans, alias « Kofi Boat »), Inusah Ahmed (40 ans, alias « Pascal ») et Derrick van Yeboah (alias « Van ») ont été escortés par des agents fédéraux américains lors de leur extradition depuis le Ghana. Présentés dès le lendemain devant le tribunal fédéral du district sud de New York, ils ont été décrits par le procureur Jay Clayton comme les architectes d’une « conspiration massive visant à arnaquer des personnes vulnérables et à voler des entreprises » américaines entre 2016 et 2023.

Le quatrième homme, Patrick Kwame Asare (alias « Borgar »), est toujours en fuite. Les forces de l’ordre internationales sont à ses trousses.

 « The Enterprise » : une machine à arnaquer sophistiquée

Selon le dossier d’accusation, le réseau opérait avec une structure et des méthodes dignes d’une entreprise. Sous la direction présumée de Boateng et Ahmed, « The Enterprise » a mis en place un vaste système de fraude électronique, ciblant méthodiquement des particuliers et des sociétés aux États-Unis.

Les techniques employées, bien que non entièrement détaillées, incluaient vraisemblablement des escroqueries de type « arnaques aux sentiments » (romance scams), des hameçonnages ciblés (phishing) et des compromissions de messagerie professionnelle (BEC – Business Email Compromise), des méthodes courantes pour détourner des fonds de manière frauduleuse. Les millions de dollars illicitement acquis étaient ensuite blanchis through des circuits complexes, ce qui vaut également aux accusés des charges de blanchiment d’argent et de recel.

Un signal fort contre la cybercriminalité transnationale

Cette affaire dépasse par son ampleur le cadre des escroqueries habituelles. Le montant détourné, faramineux, est à faire « pâlir d’envie les brouteurs abidjanais », note même le rapport, en référence aux cybercriminels notoires opérant depuis la Côte d’Ivoire.

Elle symbolise surtout la détermination des États-Unis à poursuivre les cybercriminels où qu’ils se trouvent dans le monde. L’extradition rapide des suspects depuis le Ghana témoigne d’une collaboration internationale efficace et envoie un message sans équivoque : les sanctuaires géographiques ne protègent plus les escrocs.

Les prochaines étapes seront cruciales. La justice américaine, réputée pour sa sévérité en matière de cybercrime, va maintenant constituer son dossier pour un procès qui s’annonce retentissant.

Avec Lemonde.fr

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