Côte d’Ivoire : Riyad City, le rêve immobilier de 200 milliards de FCFA qui s’effondre

Un projet immobilier pharaonique tombé à l’eau

D’un coût annoncé de 200 milliards de FCFA, le projet Riyad City se présentait comme le plus ambitieux investissement immobilier de Côte d’Ivoire. Sur un site de 28 hectares à Elokaté (Bingerville), il était prévu d’ériger 144 immeubles R+7 et d’y adosser le plus grand mall d’Afrique de l’Ouest. Un pôle urbain futuriste, principalement destiné à la diaspora ivoirienne en Amérique du Nord.

À l’origine du projet, des Ivoiriens établis aux États-Unis, en coordination avec le consul général à New York, Inza Camara (époux de la présidente du Sénat), avaient convaincu des investisseurs saoudiens. Le promoteur, Tarek Kadada, PDG de la société GAIA, devait en assurer la réalisation.


Des débuts sous méfiance

Le projet démarre dans un climat de défiance. Lors de la cérémonie de lancement, le 28 janvier 2023, plusieurs personnalités annoncées — Premier ministre, ministres de la Construction et des Affaires étrangères, maire de Bingerville — se font représenter. Seul le consul général aux États-Unis est présent. Une absence remarquée qui, déjà, laissait planer le doute.


Litiges fonciers et manquements graves

En janvier 2024, 58 familles d’Elokaté attaquent GAIA en justice, estimant n’avoir pas perçu l’intégralité des sommes convenues lors de la cession du terrain. Le ministère de la Construction ordonne l’arrêt des travaux dans l’attente du règlement du litige. Mais d’autres manquements s’accumulent :

  • commercialisation d’appartements sans bâtiment témoin,

  • utilisation contestée des fonds des souscripteurs,

  • placement de l’argent en compte VEFA au lieu d’un compte séquestre,

  • absence de bureau d’études et de contrôle clairement identifiés.

Pour les autorités ivoiriennes, GAIA n’a ni mobilisé les 200 milliards promis, ni démontré l’expertise technique requise. Le Pôle Judiciaire Pénal Financier saisit alors les comptes de l’entreprise.


La contre-attaque du promoteur

En janvier 2025, Tarek Kadada sort du silence. Dans la presse, il dénonce une « injustice », brandit les autorisations obtenues et assure avoir trouvé un accord avec les familles d’Elokaté. Il annonce même un partenariat avec une société brésilienne pour livrer une première tranche de 992 appartements en 18 mois.
En juin 2025, il adresse une lettre ouverte au président Ouattara, publiée dans la presse. Mais l’État reste inflexible. Ses comptes étant bloqués, GAIA finit par fermer ses bureaux. Le bras de fer avec les autorités se termine en impasse.


Une série noire de projets avortés

Le fiasco Riyad City rappelle d’autres déconvenues :

  • la gare routière d’Adjamé, lancée en 2012 mais restée à l’étape de remblaiement ;

  • le projet « Aérocités », annoncé comme une ville futuriste autour de l’aéroport, abandonné faute de financements réels.

Aujourd’hui, un nouveau chantier titanesque, « Eburny Pearl », est annoncé sur le site de Yobou-Lambert à Treichville. Piloté par l’homme d’affaires Danny El Feghaly via la société DELFE, il prévoit un investissement de 2 000 milliards de FCFA. Reste à espérer que, cette fois, les autorités auront vérifié à la loupe la capacité financière et technique du concessionnaire.


Douglas Mountain
oceanpremier4@gmail.com
 Le Cercle des Réflexions Libérales

Commentaires Facebook

Laisser un commentaire