De nouveau une affluence record à la place Ficgayo de Yopougon le Samedi 16 Août, où le président Gbagbo Laurent clôturait sa campagne baptisée »côcôcô ». L’homme s’est exprimé devant ses partisans venus en nombre et déterminés. Comme principal message, il a martelé que la » forfaiture du quatrième mandat ne passera pas « .
Il faut noter qu’alors que ses partisans réclament son inscription sur la liste électorale, le président Gbagbo lui reste focalisé sur le « quatrième mandat » qu’il dit vouloir absolument empêcher. Es-ce à dire que si son nom était de nouveau inscrit sur cette liste électorale, le quatrième mandat deviendrait « acceptable » pour lui ? Cette double revendication est-elle finalement une tactique de marchandage ? Dans tous les cas, le message est quelque peu brouillé. Le président Gbagbo et ses partisans donnent l’impression de ne pas parler de la même chose. Le discours gagnerait à être unifié sur une revendication principale.
L’homme est apparu physiquement diminué. Ses fonctions déclinent. C’est naturel à son âge. Mais cela pose le problème de sa capacité à gouverner effectivement le pays. Généralement dans ce cas de figure, c’est un groupe de personnes autour du président qui décident de la marche de la nation, avec en toile de fond la succession de l’homme. Tout le monde fait mine de regarder ailleurs, mais dans le camp du président Gbagbo, la succession est aussi bien présente dans les esprits. On assiste là également à une lutte de positionnement entre ses principaux lieutenants. Sa nouvelle compagne, Nady Bamba, semble de plus en plus peser dans ses décisions. Elle pourrait bien devenir une Grace Mugabe au cas où (sait-on jamais) l’homme accédait de nouveau à la magistrature suprême.
Le président Gbagbo a condamné les propos xénophobes entendus lors du meeting du 09 Août dernier. C’est une bonne chose. Il faut à cet effet remarquer que madame Lorougnon Marie-Odette, cadre influente du PPA-CI, dérape très souvent sur ce terrain, sans pour autant qu’elle ne soit inquiétée. Lorsque les autorités ont décidé le report du 06 au 09 Août du premier meeting, elle s’élevait contre « ceux qui gouvernent ce pays et ne l’aiment pas car n’étant pas des Ivoiriens ». La vidéo a suscité une certaine réprobation.
Après ces deux meetings à la place ficgayo, tout laisse à penser que la prochaine séquence de la bataille se déroulera dans la rue. L’opposition a promis de « durcir la lutte » si le pouvoir ne « s’assoit pas à la table du dialogue ». Faut-il maintenant s’attendre à des heures chaudes ? On s’achemine lentement vers le moment de vérité. Evidemment le pouvoir s’y est préparé et dit avoir tenu compte des leçons des troubles de 2020. Mais pourra-t-il forcément contenir la rue ? Rien n’est moins sûr. Lors de sa tournée dans les régions du pays d’Avril à Juin 2025 en faveur de la paix, le président de la chambre des Rois a laissé entendre qu’une « mesure d’apaisement » vis-à-vis du leader de l’opposition était « en préparation ». Jusque-là elle n’est pas encore intervenue. Quelle qu’elle soit, il est à espérer qu’elle mène à l’apaisement. Mais on voit mal comment elle pourra éviter la confrontation, tant les positions restent éloignées de part et d’autre. La rue reste une carte majeure pour l’opposition.
Enfin durant ce meeting, on a aperçu un immense drapeau burkinabè flotté au milieu de la foule, aux côtés de drapeaux ivoiriens beaucoup plus petits. C’est juste inadmissible. Le président Gbagbo n’a jamais fait mystère de sa volonté de « coopérer pleinement » avec les pays du sahel s’il venait de nouveau à accéder au pouvoir. Pour beaucoup, cela va générer une certaine instabilité de la Côte d’Ivoire dans ses relations avec la France, ainsi que les pays de la CEDEAO.
Douglas Mountain
oceanpremier4@gmail.com
Le Cercle des Réflexions Libérales
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