Déclaration du mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » après la marche du Front commun

Le samedi 09 août 2025, le PPA-CI et le PDCI, réunis dans un Front commun avec d’autres groupements politiques, ont appelé à Yopougon à une gigantesque marche à laquelle les populations dans toutes leurs diversités culturelles et socio-économiques ont répondu avec enthousiasme. Après cette marche sans commune mesure avec aucune autre depuis plus d’une décennie, le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » tient à saluer toutes les ivoiriennes et tous les ivoiriens épris de démocratie, de justice et de paix qui ont exprimé dans l’ordre et la discipline citoyenne leur désir de voir se tenir en octobre 2025 des élections inclusives, crédibles et démocratiques.

Dans tous les pays démocratiques du monde, aucun pouvoir, aucun gouvernement n’ignore ni ne méprise une manifestation de cette ampleur qui est l’expression d’un engagement citoyen et populaire pour des élections inclusives. Les ivoiriens sont descendus dans les rues à Yopougon parce que, pour eux, des manœuvres politiciennes tendent à les léser dans leur choix politique.

On a utilisé la loi pour ruser avec le peuple. Les rédacteurs de la Constitution y ont laissé à dessein des ambiguïtés pour mettre en conflit et l’esprit et la lettre dudit texte et favoriser des interprétations intéressées. Lorsqu’on procède ainsi, on crée soi-même les conditions structurelles de l’instabilité. C’est ce que la Côte d’Ivoire a fait.

En 2016, les éléments de discours utilisés ont entretenu exprès l’ambiguïté. De nombreux spots publicitaires appelant à voter « Oui », des acteurs politiques et de nombreux experts disaient, et les traces sont toujours disponibles : « L’adoption de la nouvelle constitution n’entraînera pas de rupture avec l’ancienne constitution qui limite le nombre de mandats présidentiels à deux ». La suite, tout le monde la connaît.

Pendant que les législatives étaient prévues pour se tenir au mois de mars 2026, on la place au 27 décembre 2025. Pendant que la loi (article 6 du code électoral) fait obligation de procéder, chaque année, à la révision de la liste électorale, on laisse, d’abord, entendre que « la loi ne dit pas que la révision doit se faire avant les élections » mais qu’elle « doit se faire chaque année » et qu’on peut la faire après la présidentielle d’octobre 2025 pour, ensuite, avancer ne pas pouvoir le faire et rejeter ce processus à une date inconnue à cause de certaines contraintes constitutionnelles et opérationnelles. Et, certaines langues avancent même que toute cette batterie de manœuvres ne vise qu’à éviter une nouvelle révision de la liste électorale qui obligerait à y faire figurer des noms d’hommes politiques que l’on voudrait priver de mandat électif. Tout cela crée un environnement politique hautement malsain.

Quand on ruse ainsi avec l’intelligence de tout un peuple, ce même peuple finit par crier son ras-le-bol face à ce qu’il considère comme des manœuvres d’exclusion pour rétrécir l’offre politique en faveur d’un camp et donner à ce dernier plus de chance de gagner. On en est là, aujourd’hui, dans le contexte politique de la Côte d’Ivoire. Et les choses risquent de se gâter si la sagesse ne triomphe pas dans les postures des uns et des autres.

Si rien n’est fait et que la situation actuelle perdure, le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » craint que les positions se radicalisent et ne fassent le lit de la violence de la rue pour se faire entendre suivie de la violence de l’Etat pour se faire respecter et pacifier l’environnement politique. Le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » ne veut ni de la violence de la rue ni de la violence de l’Etat qui donnerait un prétexte pour faire régner la terreur dans le pays. Il ne faut donc pas laisser pourrir exprès la situation pour que le désordre s’installe et en profiter pour embastiller l’opposition. Le slogan du mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » pour l’élection présidentielle de cette année, c’est : « ni tête coupée pour la gloire d’Aképhalos, ni dégât matériel, ni emprisonnement d’opposants mais une Côte d’Ivoire rassemblée et qui se retrouve pour un avenir radieux ».

C’est pourquoi, comme il l’a fait à de nombres reprises, le mouvement « Les Démocrates de Côte d’Ivoire » en appelle, une fois de plus, au Président Alassane Ouattara afin qu’il utilise les pouvoirs exceptionnels que lui confère la Constitution pour que les noms des Présidents Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, du Premier ministre Soro Guillaume et du ministre Charles Blé Goudé soient inscrits sur la liste électorale. A deux mois de la présidentielle, le temps du dialogue politique est passé. Le temps qui est arrivé, c’est celui de la prise d’un décret. C’est LA SEULE VOIE possible pour une décrispation politique réelle.

Une rencontre au sommet pourrait suivre la prise d’une telle mesure. Elle verrait la classe politique se réunir autour du Président Alassane Ouattara pour signer un accord pour des élections sans violence, inclusives et démocratiques. L’histoire de la Côte d’Ivoire a montré qu’elle est capable, avec de la volonté politique et l’engagement de toutes ses filles et de tous ses fils, de surprendre le monde avec de telles initiatives. Le Président Félix Houphouët-Boigny a été l’initiateur de cette démarche paternelle et magnanime qui évite de sombrer dans l’inimitié. C’est pourquoi il a fait du dialogue une religion, le sens de son action politique et le couronnement de toutes ses initiatives politiques. Le Président Laurent Gbagbo l’a aussi fait, et cela a grandi la Côte d’Ivoire.

Du nord au sud et d’est en ouest en passant par le centre, cette attitude repose sur un fond culturel solide transmis de génération en génération dans toutes les communautés. Tous les palabres, tous les conflits, tous les litiges au village comme en ville trouvent toujours une solution dans la convivialité retrouvée. C’est cela l’Afrique et c’est le propre de l’ivoirien, sa nature et sa culture. Nos sociétés occidentalisées ne doivent pas hésiter à puiser dans notre socle culturel africain les ressources nécessaires pour une administration juste et inclusive qui favorise la paix dans nos cités.

La terre de la Côte d’Ivoire doit cesser de nourrir les entités avides de sang humain (elle les en a trop nourri dans la marche vers le pouvoir) et devenir une terre d’entités lumineuses pour le progrès et l’épanouissement de l’homme ivoirien. Il y va du salut de ce pays et de son peuple.

Fait à Abidjan, le 18 août 2025.
Pour « Les Démocrates de Côte d’Ivoire ».
Le Président
Prof. Séraphin Prao

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