Au Gabon, le gouvernement de transition dirigé par le général Brice Clotaire Oligui Nguema a récemment annoncé une mesure controversée : l’interdiction faite aux étrangers de pratiquer le petit commerce. Cette décision concerne en priorité les Camerounais, Nigérians, Maliens et d’autres ressortissants ouest-africains très présents dans le secteur informel gabonais.
Un choix justifié par la « protection des nationaux »
Selon les autorités gabonaises, cette interdiction vise à « préserver l’espace économique des nationaux » dans un contexte marqué par la montée du chômage et la recherche d’opportunités pour la jeunesse locale. Les petits commerces – vente de détail, alimentation de quartier, boutiques diverses – sont en grande partie dominés par les étrangers, ce qui alimente depuis plusieurs années un ressentiment au sein de la population.
Une mesure aux accents nationalistes
Ce type de restriction n’est pas inédit sur le continent. On observe une tendance similaire en Afrique du Sud, au Ghana ou encore en Zambie, où des mesures protectionnistes visent à réserver certains secteurs économiques aux nationaux. L’objectif affiché est de « donner la priorité » aux citoyens, mais ces décisions sont souvent critiquées pour leur caractère discriminatoire et pour les tensions sociales qu’elles engendrent.
Une contradiction avec la ZLECAf
L’interdiction soulève également des interrogations sur la compatibilité de cette politique avec la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), qui ambitionne au contraire de faciliter la circulation des biens, des services et des personnes en Afrique. Entre Pretoria et Libreville, le « réveil des nationalismes » semble ralentir cette dynamique panafricaine.
Risques et conséquences
À court terme, la mesure pourrait satisfaire une partie de l’opinion publique nationale en donnant un avantage aux commerçants gabonais. Mais elle risque aussi d’entraîner :
une hausse des prix, si l’offre locale n’arrive pas à compenser la fermeture des commerces étrangers ;
des tensions diplomatiques avec les pays dont les ressortissants sont visés ;
et une fragilisation de l’intégration économique régionale.
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