Marche historique du Front commun du 9 août 2025 : la naissance d’un nouveau « courant de pensée » patriotique. Par le Docteur Ben ZAHOUI- DÉGBOU

Selon des chancelleries occidentales et russes, entre un million cinq cent mille (1 500
000) et deux millions (2 000 000) de manifestants du Front commun (PDCI-RDA et
PPA-CI), de certains partis de l’Opposition et de la société civile, ont fait une
démonstration de force à Yopougon. Les organisateurs de cette marche, parlent
d’environ trois millions de manifestants que le parti au pouvoir, le Rassemblement des
Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), réduit « affreusement et
fébrilement » à six mille (6 000). Sur cinq kilomètres, du cinéma Saguidiba à la Place
Ficgayo, sur le boulevard de la Solidarité, pour ceux qui connaissent bien cette banlieue
nord d’Abidjan, des Ivoiriens épris de paix, de justice et de démocratie, ont massivement
pris part à cette marche historique. Sous la houlette des Présidents Laurent Gbagbo
et Tidjane Thiam, ils ont exprimé pacifiquement, dans la bonne humeur et l’humour, leur
ras-le-bol, envers le régime autocratique de Ouattara, ceci, à moins de trois mois d’une
élection présidentielle cruciale pour l’avenir de la Côte d’Ivoire.

Les militants du Front commun réclament l’inscription de leurs Leaders sur la liste
électorale, son audit et sa révision, avant le scrutin présidentiel du 25 octobre prochain.
Sur le terrain, plusieurs manifestants ont défilé en brandissant le drapeau vert du PDCI
d’une main, et le drapeau bleu du PPA-CI de l’autre. Ce qui montre bien une réelle
coalition de ces deux partis et la nouvelle tournure que prend la lutte contre le régime
dictatorial du Président Ouattara. Cette grande marche historique du samedi, 9 août
2025, a eu lieu dans un climat politique confus et tendu, marqué par les exclusions
abusives du processus électoral, du Président Laurent Gbagbo, du Premier Ministre
Guillaume Kigbafori Soro, des Ministres Tidjane Thiam et Charles Blé Goudé.
La situation sociopolitique en Côte d’Ivoire est également marquée par la candidature
provoquante du Président Alassane Ouattara, à un quatrième mandat
anticonstitutionnel. Celle-ci est consécutive à une série d’enlèvements, inadmissibles,
par des encagoulés, de militants du Front commun (PDCI-RDA et PPA-CI), et de
convocations judiciaires récurrentes et intempestives des cadres de cette coalition
politique. Dans cet ordre d’idées, le mercredi 6 août 2025, dans la matinée, un jour avant
la Fête de l’Indépendance, l’Honorable Yohou Dia Houphouët du PDCI-RDA, Damana
Pickass, Vice-Président du PPA-CI, ainsi que quatre autres responsables de ces deux
partis, à savoir Samba David, Koua Justin, Blaise Lasm et Dahi Nestor, ont été convoqués
à la Préfecture de police d’Abidjan. Habitués à la traque des services de Police du
système Ouattara, ils y ont été entendus, une fois de plus, pendant 22 heures d’horloge.
C’était dans le cadre des procédures concernant les récents événements survenus dans
la nuit du 1er au 2 août 2025, à Yopougon, où un bus de la SOTRA, a été incendié et une
voiture de police vandalisée par des « supposés militants du PPA-CI ».

Notons que dans le cadre de cette même affaire, en plus des 13 premiers interpellés,
d’autres arrestations ont eu lieu. Il s’agit notamment de celles de l’Ex-Ministre d’État de
la Défense Lida Kouassi Moïse et de l’Ambassadeur Koné Boubacar, Ex-Directeur du
Protocole d’État, sous le régime du Président Laurent Gbagbo. Justement, le collectif des
avocats des militants du PPA-CI détenus, a souligné mercredi dernier (13 août 2025), au
cours d’une conférence de presse, une violation flagrante des droits de
leurs clients, spécifiant que les arrestations de l’Ex-Ministre d’État de la Défense, Lida
Kouassi Moïse, et de l’Ambassadeur Koné Boubacar, Ex-Directeur du protocole d’État,
n’ont pas obéi à la procédure spéciale due à leur rang d’anciens hauts fonctionnaires.
La préparation de la marche du Front commun a lieu, elle-aussi, dans une ambiance très
tendue. Initialement prévue pour le samedi 2 août 2025, elle avait été annulée par le
Préfet d’Abidjan. La raison : l’insuffisance des forces de l’ordre à cette date, à cause du
défilé militaire du 7 août dernier à Bouaké. La manifestation a ensuite été autorisée pour
le samedi (9 août 2025). Prévue de Marcory à la Place de la République au Plateau, le
centre des affaires d’Abidjan, cette marche a été délocalisée à Yopougon, commune
d’environ deux millions d’habitants, proche d’Abidjan et considérée comme le bastion
du Président Laurent Gbagbo.

Le Président ADO et ses suiveurs doutaient de la mise en place de la coalition du
PDCI-RDA et PPA-CI. Tidjane Thiam étant considéré comme un « Libéral ».
De mémoire de journaliste, la manifestation du Front commun PDCI-RDA et PPA-CI,
nonobstant la guerre des chiffres, est de loin la plus importante de ces trente dernières
années en Côte d’Ivoire. Elle est l’émanation d’un nouveau « courant de pensée »
patriotique et constitue, sans aucun doute, un avertissement très sérieux au parti au
pouvoir. Celui-ci campe malheureusement encore, sur ses positions alors que le rapport
de force politique penche désormais du côté du Front commun, qui dispose d’une
majorité sociologique dans notre pays. La coalition des deux plus grands partis
de l’Opposition ivoirienne, a désormais une « âme » qui constitue une nouvelle corde à
son arc, pour faire plier le régime autocratique RHDP, en fin de règne.
Le Président ADO et ses suiveurs n’avaient jamais imaginé que le Ministre
Tidjane Thiam, allait suivre intelligemment, les traces du Président Henri Konan Bédié,
en réactivant, au moment où il le fallait, le partenariat politique avec le PPA-CI de
Laurent Gbagbo. En effet, le célèbre Polytechnicien, ancien Directeur Général de la
Compagnie d’assurance britannique Prudential, ancien Patron du Crédit Suisse et ami
d’Emmanuel Macron, le locataire actuel du Palais de l’Élysée, a surpris par ce geste, les
observateurs et analystes de la vie politique en Côte d’Ivoire.

Franchement, beaucoup d’entre ces observateurs et analystes, doutaient, à juste titre, de
l’alignement du Ministre Tidjane Thiam sur les nouveaux paradigmes de la « pensée
décoloniale ». Celle-ci apparaît, entre autres idées, comme un souverainisme réaliste
dont les grandes orientations sont les suivantes : « une indépendance de l’État ; une
capacité à ne pas se voir imposer la volonté des autres, fût-elle, celle d’anciennes
puissances coloniales (principe de non-ingérence) ; une liberté d’organisation sociale et
économique avec une monnaie nationale ». La « pensée décoloniale » se fonde
essentiellement sur l’indépendance totale des Peuples africains, notamment de ses élites
politiques qui continuent de vivre comme « des sujets coloniaux ». Le Président ADO et
bien d’autres chefs d’États africains restent malheureusement encore, dans les vases
communicants, sombres et néocoloniaux de la fameuse Françafrique. Les dernières
sorties médiatiques du Président du PDCI-RDA ont fini par convaincre tous ceux qui
avaient encore des réserves sur son engagement à ne défendre que les intérêts de son
pays.

La notion « d’idéologie » politique se résume aujourd’hui en un « courant de
pensée » : les théories du Libéralisme et du Socialisme sont galvaudées.

La posture de l’ancien Directeur Général du Crédit Suisse, vis-à-vis des relations avec les
partenaires occidentaux de la Côte d’Ivoire, est claire : elle doit être fondée sur des
intérêts mutuels, dans un partenariat gagnant-gagnant. Ses idées générales, à quelques
nuances près, dans la forme, sont en harmonie ave celles de Laurent Gbagbo, même si le
Front commun n’a pas une base « idéologique » commune. A propos de cette notion, le
Président Félix Houphouët-Boigny disait d’ailleurs tout simplement que son « idéologie
», à lui, c’était sa vision sur le « Développement de la Côte d’Ivoire, ennemi de personne et
amie de tout le monde ». Il avait certainement raison dans le fond. Le Front commun
(PDCI-RDA et PPA-CI), ne peut être jugé, comme une coalition, contre nature, du point
de vue « idéologique ». Ces deux partis ont pour ambition de développer la Côte d’Ivoire,
indépendamment de leur différence idéologique originelle. Mais, au fond, aujourd’hui,
c’est quoi, même, une « idéologie » ? Eh bien, en science politique, « une idéologie est un
certain ensemble d’idéaux, de principes, de doctrines, de mythes ou de symboles éthiques
d’un mouvement social, d’une institution, d’une classe ou d’un grand groupe qui explique
comment la société devrait fonctionner et offre un modèle politique et culturel pour un
certain ordre social » (Encyclopédie Universalis).

Cette définition, ci-dessus, est unanimement admise dans la littérature. Il faut seulement
rappeler que le mot « idéologie » a été créé par l’Académicien français Antoine-Louis-
Claude Destutt de Tracy (1754-1836) pour désigner « la science nouvelle qui a pour
objet l’étude des idées ». Notons par ailleurs que la chute du mur de Berlin, le 9
novembre 1989, et la dislocation, le 25 décembre 1991, de l’Union des Républiques
Socialistes Soviétiques (URSS), ont marqué la fin des grandes « idéologies ». C’est-à-
dire le Capitalisme, son corollaire le Libéralisme, et le Socialisme ou encore la Droite et
la Gauche qui, depuis le 19ème siècle, dominaient les sociétés occidentales. Ces deux
événements, à savoir la chute du mur de Berlin et la dislocation de l’URSS, marquent
aussi, la fin de la Guerre froide et, depuis, ces notions de Libéralisme et de Socialisme,
de Droite et de Gauche, sont largement galvaudées. Il est donc inutile de parler
d’Alliance contre nature entre les partis créés par Félix Houphouët-Boigny, le Capitaliste
et Libéral et le Socialiste, Laurent Gbagbo. Tout se joue aujourd’hui au « Centre » ni à
Droite ni à Gauche.

De toutes les façons, certains Socialistes ont été souvent hostiles au Libéralisme, accusés
de « fournir une couverture idéologique à l’extinction du capitalisme », il a été démontré
par des Chercheurs que les objectifs du Libéralisme, ne sont pas si différents de ceux du
Socialisme. Même si cette similitude d’objectifs, ait été décrite comme étant floue et
trompeuse, pour la simple raison que ces deux systèmes donnent à la liberté, à l’égalité
et à la solidarité, des sens différents. Dans un contexte moderne, le Socialisme libéral qui
intègre les principes libéraux au Socialisme, est parfois utilisé de manière
interchangeable avec le Libéralisme social, moderne ou la Social-démocratie qui prône la
justice sociale, une économie mixte et l’expansion des droits civils et politiques, par
opposition au Libéralisme classique. Comme on peut le constater, finalement, toutes ces
notions, ne sont que des jeux de mots au plan théorique.

Actuellement, « l’idéologie » recouvre tout simplement, l’ensemble des idées qui inspirent
un Gouvernement ou un parti politique ». Elle est alors synonyme de « courant de pensée
» ou de vision politique pour atteindre des objectifs précis, à court ou long terme. Le
Parti Démocratique de Côte d’Ivoire, section du Rassemblement Démocratique Africain
(PDCI-RDA) et le Parti des Peuples Africains de Côte d’Ivoire (PPA-CI), sont dotés d’un
capital humain, suffisamment expérimenté politiquement, pour asseoir durablement un
« courant de pensée » qui pourrait être, une symbiose des programmes
de Gouvernement de ces deux partis, pour le bonheur des Ivoiriens. Eu égard à la bonne
humeur constatée le 9 août dernier à Yopougon, ceux-ci approuvent, le
Front commun, qui constitue un espoir, une nouvelle vision commune, vers une vraie
réconciliation nationale, un pays démocratique, un État de Droit
et un Développement économique et social endogène de la Côte d’Ivoire.

La réussite du premier grand test du Front commun (PDCI-RDA et PPA-CI), avec cette
grande marche de protestation, est une étape à capitaliser dans les futures orientations
politiques, pour contraindre le régime Ouattara, à accepter le Dialogue. Depuis bientôt
quinze ans, ce régime devenu hégémonique par la manipulation, la fraude électorale et
l’instrumentalisation du système judiciaire, n’entend pas lâcher le pouvoir. Et son
Leader n’échappe pas au syndrome « d’hubris ». D’après les psychanalystes, il
caractérise « une personne qui fait preuve de narcissisme, d’arrogance, d’égoïsme, de
manipulation, de mensonge et de mépris ». Toujours, selon ces mêmes spécialistes, cette
personne a le sentiment d’être éternelle et d’avoir la toute-puissance sur tout le monde,
au sommet d’une organisation sociale ou politique dominante.

En science politique et dans la littérature, la naissance et la survie des partis politiques
dominants, ainsi que les dangers qu’ils présentent, sont bien connus en Afrique. Par
exemple, « un effet négatif de la domination d’un parti est que celle-ci, encourage
généralement les tendances autoritaires ou dictatoriales de leurs Leaders ». Et c’est bien le
cas aujourd’hui en Côte d’Ivoire où le parti au pouvoir, le Rassemblement des
Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), dans sa toute-puissance, fait la
sourde oreille, devant les revendications légitimes de l’Opposition significative.
Le Front commun (PDCI-RDA et du PPA-CI) a réduit indubitablement l’hégémonie
du RHDP sur la scène politique ivoirienne.

L’avènement du Front commun, la coalition du PDCI-RDA et du PPA-CI, vient réduire,
tant soit peu, l’hégémonie du RHDP et briser ainsi, la fragmentation des partis politiques
de l’Opposition ivoirienne. En effet, « la coalition des partis de l’opposition est souvent
proposée comme modèle à suivre pour assurer la défaite des partis dominants africains ».
Ce modèle est étayé par des données empiriques tirées généralement des élections de 2002
au Kenya, à l’occasion desquelles, une coalition de partis d’opposition se forma à deux mois
seulement des élections et l’emporta sur la KANU (Union nationale du Kenya), au pouvoir
pendant les quatre décennies qui avaient suivi l’indépendance » (Professeur
Patrick O. Asingo, « La coalition des partis politiques en Afrique… l’exemple du Kenya »,
ASPJ Afrique & Francophonie, 3ème trimestre 2013).

Au-delà des revendications communes et légitimes du PDCI-RDA et du PPA-CI, cette
coalition ou ce Front commun, peut réussir à battre très largement le RHDP, au premier
tour de la présidentielle du 25 octobre prochain, à condition de choisir un candidat
unique et d’avoir une liste électorale consensuelle. Bien sûr, l’objectif actuel du Front
commun est d’obtenir l’inscription de ses dirigeants sur cette liste électorale. Celle-ci,
doit être absolument auditée pour espérer avoir une élection équitable, transparente et
crédible. Actuellement, c’est le statu quo et le Président de la République,
Alassane Ouattara, cherche visiblement à embrasser le pays comme en 2011 et en 2020.
Au cours de ces deux élections présidentielles, il y a eu, respectivement, trois mille
(3000) et cent (100) morts. Le Front commun doit faire preuve de stratégies politiques
évoluées pour ne pas tomber dans le piège du Président ADO, dont l’intransigeance, à
créer le chaos en Côte d’Ivoire, fait penser au « Jugement du Roi Salomon ».

En effet, pour les Chrétiens, Le Premier Livre des Rois (3 : 16-28), dans l’Ancien
Testament de la Bible, raconte l’histoire d’un différend qui oppose deux femmes
cohabitantes, ayant chacune mis au monde concomitamment un enfant, mais l’un est
mort étouffé et l’autre vivant . Pour régler le différend, Le Roi Salomon (970-931 av. J-
C) réclame une épée et ordonne : « Partagez l’enfant vivant en deux et donnez une moitié
à la première et l’autre moitié à la seconde ». L’une des femmes déclare qu’elle préfère
renoncer à l’enfant, plutôt que de le voir mourir. L’autre, par contre, demande au Roi
d’Israël de couper l’enfant en deux. De ce fait, Le Roi Salomon reconnait la véritable
mère de l’enfant. C’est bien celle qui a épargné la vie du bébé. Il lui donne donc le
nourrisson et sauve ainsi sa vie.

Cette histoire, qui caractérise la sagesse du Roi d’Israël, ramenée à la Côte d’Ivoire, qui
symbolise ici le « bébé vivant », met face à face : d’un côté, le Président Laurent Gbagbo,
le Ministre Tidjane Thiam, et de l’autre, le Président Alassane Ouattara. Alors, question
déterminante pour la paix en Côte d’Ivoire, à la veille de la présidentielle du 25 octobre
2025 : parmi ces trois personnalités, lequel veut absolument qu’on coupe le « bébé » en
deux, (un indice) pour la seconde fois en deux décennies ? Et pourquoi donc ? Dieu le
Pères Tout-Puissant protège la Côte d’Ivoire, notre riche et beau pays et exauce nos
prières. Amen !

Docteur Ben ZAHOUI DÉGBOU,
Géographe-Journaliste, Spécialiste de Géopolitique,
Enseignant-Chercheur en Commerce International.
Masterant en Théologie, BIBLEDOC, Institut de Théologie,
P.O. BOX 118 STAFFORD, VA – USA
Fondateur de glouziletnews.com

Commentaires Facebook

Laisser un commentaire