Côte d’Ivoire : l’opposition fulmine contre le bouleversement du calendrier électoral

La fin d’année 2025 s’annonce électoralement explosive en Côte d’Ivoire. À la présidentielle déjà prévue pour le 25 octobre, pourrait désormais s’ajouter un scrutin législatif anticipé. La Commission électorale indépendante (CEI) a en effet annoncé, le jeudi 14 août, son intention d’avancer les législatives de mars 2026 au 27 décembre 2025, soit à peine deux mois après le rendez-vous présidentiel.

Cette proposition, qui doit encore être entérinée par l’exécutif, bouleverse le chronogramme politique et suscite la colère de l’opposition. Pour ses leaders, il s’agit d’une « manœuvre » visant à priver leurs formations de temps et de marges d’organisation. En cause également : le report de la révision de la liste électorale, prévue en fin d’année, une décision que plusieurs juristes jugent contraire aux textes.

### Un retour à l’ancien calendrier

Le président de la CEI, Ibrahime Coulibaly-Kuibiert, justifie cette anticipation par la nécessité de tenir les législatives avant l’ouverture de la nouvelle session parlementaire, programmée pour le 19 janvier. Jusqu’en 2021, ce calendrier était d’usage : les législatives suivaient de près la présidentielle. Mais depuis le scrutin d’octobre 2020, la pratique avait été modifiée et repoussée à mars, notamment en raison de la crise sanitaire liée à la Covid-19.

### Le boycott du PDCI et la colère de l’opposition

Lors de la réunion convoquée par la CEI, le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) a refusé de siéger, dénonçant une consultation « pure façade ». Plusieurs autres mouvements, dont le PPA-CI de Laurent Gbagbo, accusent la commission d’agir sous influence et de vouloir « forcer le calendrier » au profit du pouvoir en place.

« Rien ne justifie une telle précipitation, sinon la volonté d’étouffer l’opposition et de verrouiller le processus », martèle un cadre du PDCI. Pour lui, rapprocher les deux scrutins à seulement huit semaines d’intervalle risque non seulement d’épuiser les partis mais aussi d’accroître la tension sociale.

### Un climat de méfiance généralisée

À quelques mois d’échéances cruciales, la décision de la CEI intervient dans un climat déjà marqué par une profonde méfiance entre acteurs politiques. Alors que le pays s’apprête à élire un nouveau président en octobre, l’annonce de législatives anticipées ravive le spectre de contentieux électoraux et de contestations.

Pour l’heure, l’exécutif n’a pas encore validé la proposition. Mais l’opposition, elle, promet déjà de multiplier les actions de contestation, dénonçant une « dérive dangereuse » pour la stabilité démocratique.

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