Par Simplice Ongui
Inspiré d’un texte biblique commenté par le Dr Jean Claude Djéréké dans Deutéronome 31, 1-8, ce billet d’humeur s’adresse aux figures politiques qui ont longtemps conduit la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara en tête. Comme Moïse face à son peuple, il invite à méditer sur l’art de transmettre le flambeau et de partir avec dignité, pour laisser à une nouvelle génération la mission de franchir le Jourdain national.
Quand on a tenu la barre d’un navire, affronté tempêtes et accalmies, conduit un peuple vers des rivages d’espoir et d’épreuves, il arrive un moment où les mains fatiguent et où le regard doit se tourner vers l’horizon, non pour chercher un nouveau combat, mais pour désigner celui qui tiendra désormais le gouvernail.
Dans le livre du Deutéronome, Moïse, lucide et humble à 120 ans, dit au peuple d’Israël : « Je ne peux plus être votre chef… C’est Josué qui passera le Jourdain à votre tête… Soyez forts et courageux, ne craignez pas. » Puis, devant tous, il bénit son successeur. Moïse ne s’est pas accroché à son bâton de commandement ; il a su transmettre et partir.
Messieurs Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, vous qui avez, chacun à votre manière, marqué l’histoire récente de la Côte d’Ivoire, ne sentez-vous pas, au fond de vous, que le moment est venu de regarder en face cette leçon de Moïse ? L’Histoire n’est pas une chaise que l’on garde jalousement, c’est un flambeau que l’on passe, avec foi et sérénité, à celui qui saura marcher devant le peuple.
Transmettre le témoin ne signifie pas effacer son œuvre, mais lui donner un prolongement. C’est un acte de grandeur, un signe de paix, un geste d’amour pour son peuple. Le vrai courage politique ne réside pas seulement dans la lutte, mais dans la capacité à s’effacer avec dignité, laissant place à une nouvelle génération.
Moïse l’a fait. Et si, pour une fois, nous prenions l’exemple biblique au pied de la lettre ?
L’histoire retiendra toujours ceux qui ont su se retirer avant que le temps ou les circonstances ne les y contraignent. Moïse n’a pas attendu l’usure ou la révolte pour passer la main à Josué : il l’a fait en pleine conscience, avec foi et courage. La Côte d’Ivoire gagnerait à voir ses anciens leaders politiques suivre cet exemple biblique. Car, au bout du compte, la vraie grandeur d’un chef ne se mesure pas seulement à ce qu’il a bâti, mais à la façon dont il prépare l’avenir… sans lui.
L’histoire est impitoyable avec ceux qui s’accrochent aux rênes jusqu’à ce que le temps ou la lassitude du peuple les en arrache. Moïse, lui, a choisi la lucidité et la grandeur : il a désigné Josué et s’est retiré, laissant le chemin libre. Messieurs Gbagbo et Ouattara, le flambeau ne brûle pas moins parce qu’on le transmet — il éclaire simplement d’autres mains. Aurez-vous le courage, comme Moïse, de bénir votre successeur avant que l’Histoire ne vous y oblige ?
Simplice Ongui
Directeur de Publication
Afriqu’Essor Magazine
osimgil@yahoo.co.uk
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