
La journée du vendredi 8 août aura été sans répit pour le candidat déclaré Ahoua Don Mello qui a rencontré au pas de course Simone Ehivet Gbagbo l’ancienne première dame et actuelle leader du Mouvement des générations capables (Mgc) et le patron du Cojep Charles Blé Goudé. Des retrouvailles qui, il y a un passé récent, étaient inenvisageables quand Don Mello, le demandeur de cette rencontre filait encore la bonne entente avec Laurent Gbagbo du Ppa-Ci. Aujourd’hui militant de base et candidat déclaré, Don Mello a brisé le mur de glace pour aller à la rencontre de celui avec qui il »partage une histoire », selon les déclarations faites.
L’ambiance était cordiale, bon enfant au siège du Cojep. En démontrent les chaudes poignées de mains, des rires aux éclats qui fusaient de la salle, des applaudissements aussi qu’on entendait du dehors. La rencontre n’est pas fortuite. Si Don Mello, l’ancien porte-parole du gouvernement Gbagbo issu de l’élection de novembre 2010 dit être venu soutenir son ex-collègue qui a fait la prison de La Haye après ce qui leur est arrivé en avril 2011, cette rencontre avait une forte senteur électorale. Blé Goudé éliminé de la course, ADM a fortement besoin des partisans de Cbg pour trouver des parrainages surtout que ce dernier s’est disposé à soutenir tous les candidats de l’opposition engagés dans la compétition. Les deux hommes n’ont pas hésité à lâcher le morceau. Il est aussi bon de relever qu’au-delà des enjeux de la compétition électorale et de la solidarité exprimée, les deux personnalités ont à cœur la reconstitution de la grande famille de gauche engluée pour l’heure dans des contradictions sclérosantes. Voici leurs déclarations à l’issue d’un huis clos de plus de 45 minutes :
Ahoua Don Mello : « Il est important qu’on puisse aujourd’hui penser une vision de gauche »
<<Je suis venu l’encourager et dire que dans la bataille qu’il mène, eh bien, nous sommes à ses côtés pour que demain, son nom soit sur la liste électorale et qu’il soit électeur et éligible. Parce qu’en tant que citoyen ivoirien, de sa trempe et pour la marque qu’il a apportée à son pays, il est important que tous ses droits soient rétablis. De même titre que le président Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé qui est à mon côté ici, et évidemment Soro Guillaume, et d’autres encore qui ont perdu leurs droits civiques et politiques, surtout politiques. Mais en même temps, au-delà de ce combat, qui est un combat qui a été engagé depuis longtemps et qui va continuer jusqu’à la victoire finale, il est important qu’on puisse aujourd’hui penser une vision de gauche partagée. Et donc, cette deuxième phase-là, je pense que ses équipes et mes équipes pourront travailler ensemble pour construire cette vision partagée. Et en même temps, nous sommes dans une phase de collecte des parrainages et il a apporté tout son soutien à mes équipes qui sont sur le terrain. Je ne peux que lui dire merci et lui dire que la lutte qu’on a commencée continue et continuera jusqu’à ce que la victoire arrive à grands pas.>>
Charles Blé Goudé : »Derrière nos sourires, il y a des blessures… on a besoin de reconstituer la gauche »
<<On a donc une histoire commune, faite de douleurs, faite d’apprentissages et le voir ici aujourd’hui au sein du Cojep est une joie pour nous. Celui qui nous visite aujourd’hui est un homme de gauche avec qui nous partageons une idéologie. Avec qui nous partageons une vision. En ce qui me concerne, c’est un Maître. Et pour tous ceux qui m’écoutent ici et avec qui on a eu un parcours universitaire et on a eu un parcours syndical, ils savent que celui qui est arrêté ici à ma droite n’est pas n’importe qui. C’est un Maître, c’est un formateur. Il nous a formés nous tous à ce que nous appliquons aujourd’hui.
C’est pourquoi cette rencontre est particulière. Ce n’est pas un candidat simplement déclaré qui vient nous voir. C’est un homme de gauche. On a besoin de reconstituer la gauche ivoirienne. On a même besoin de la repositionner. Et on a besoin de la mettre au pouvoir. Autour d’un projet. Autour d’une vision. Les citoyens de l’histoire ont voulu que mon nom ne soit pas pour le moment sur la liste électorale. Mais quand on a une vision qu’on porte, ça ne se réduit pas au nom d’une personne. C’est pourquoi, au nom de tous mes amis, nous allons d’abord d’un premier temps l’accompagner dans la collecte de parrainages pour lui permettre de passer cette étape-là. Tout comme nous l’avons déjà déclaré par la voix de notre secrétaire général que nous allions accompagner tous les autres candidats de l’opposition régulièrement inscrits sur la liste électorale. Aujourd’hui, nous avons parlé. Nous avons jeté les bases. Les semaines à venir, nous allons entrer dans le vif du sujet pour mieux peaufiner notre projet que nous allons porter ensemble. Pour donner de l’espoir aux Ivoiriens. Afin qu’on puisse attaquer le problème de société des Ivoiriens. Et pour qu’on quitte le terrain de la polémique qui ne construit pas. Pour qu’on quitte le terrain des problèmes de personnes qui nous retardent, qu’on puisse s’attaquer aux problèmes sociaux des Ivoiriens. Et c’est là que les Ivoiriens nous attendent. En tout cas, c’était une joie pour nous. Et je voudrais lui dire merci pour cette démarche empreinte d’humilité. Il pouvait me convoquer chez lui à la maison où j’allais partir. Parce que c’est mon aîné. Et puis c’est mon formateur, c’est mon maître. Mais il est venu à nous. Ça c’est la marche des grands hommes. Nous sommes donc contents. Et nous encourageons sa volonté qu’il nous a affichée de rassembler la gauche de nouveau. D’aller vers ceux qui se sont éloignés. D’aller vers ceux qui se sont écartés ou qui ont été écartés. Pour qu’il puisse les rassembler au nom de notre lutte commune. Pour laquelle nous portons encore les meurtrissures. Ce que vous voyez et ce que nous voyons, vous ne voyez pas. Derrière nos sourires, il y a des blessures que nous portons à vie.
Nous n’étions pas au commissariat d’Abobo. Nous avons traversé des chemins rocailleux. Mais pour la lutte, nous tenons debout. Et quand on a des personnalités de cette trempe qui nous encouragent, je pense que cette jeunesse ne peut se sentir que heureuse. Je vous remercie.>>
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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