La Responsabilité Internationale : La Non-Ingérence Face à l’Abus de Pouvoir en Côte d’Ivoire
Dans un contexte politique ivoirien de plus en plus tendu à l’approche de l’élection présidentielle de 2025, Cheick Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, adresse un message fort aux Ivoiriens et à la communauté internationale. À travers ce discours, il dénonce avec vigueur les pratiques d’exclusion et de violence politique qui marquent la gestion actuelle du pouvoir en Côte d’Ivoire. En se positionnant en défenseur des libertés fondamentales et des droits de l’homme, Thiam cherche à mobiliser l’opinion publique contre un régime qu’il décrit comme « usé, vieillissant et corrompu ». À travers une critique acerbe des dérives autoritaires, il plaide pour un renouveau démocratique, un dialogue sincère et une gouvernance inclusive.
Introduction
Le message de Cheick Tidjane Thiam, prononcé dans un contexte électoral particulièrement chargé en Côte d’Ivoire, constitue une prise de position forte contre les dérives politiques du régime actuel. En dénonçant la répression systématique des opposants, les arrestations arbitraires et l’intimidation, Thiam s’engage dans une critique directe de la gestion du pouvoir en place. Son discours se veut un appel à la mobilisation contre un système perçu comme autoritaire et répressif, et à la restauration des libertés fondamentales. Par des propos puissants, il souligne l’épuisement d’un modèle politique qu’il qualifie de « vieillissant » et annonce un projet alternatif fondé sur l’inclusivité, le respect des droits humains et la transparence démocratique.
À travers ses mots, il aborde des préoccupations majeures relatives à la situation politique actuelle de la Côte d’Ivoire, tout en lançant un appel à la paix, au dialogue et à la réforme démocratique. Cependant, il révèle aussi des enjeux sous-jacents et des tensions qui nécessitent un examen approfondi.
1. Le Contexte Politique de l’Appel
Cheick Tidjane Thiam commence son discours en soulignant le caractère « grave » de la situation politique actuelle, ce qui marque une rupture par rapport à son discours habituel. En évoquant un pays en danger à quelques mois de l’élection présidentielle de 2025, il fait référence à un climat de tension exacerbé par les « arrestations, intimidations et exclusions ». Cette position est partagée par l’opposition et diverses organisations de la société civile qui dénoncent des dérives autoritaires sous le régime actuel, dirigé par le président Alassane Ouattara. Le PDCI-RDA, sous la direction de Thiam, cherche à se positionner comme un acteur de l’opposition qui plaide pour le rétablissement d’un dialogue politique inclusif.
La Critique de l’Exclusion et de la Violence Politique
Cheick Tidjane Thiam s’attaque directement au régime du RHDP. Il dénonce de manière virulente les pratiques d’exclusion et de violence politique qui caractérisent la gestion actuelle du pouvoir en Côte d’Ivoire. Il place au cœur de sa critique la répression systématique des opposants politiques, notamment les arrestations arbitraires, les intimidations et les exactions à l’encontre des figures de l’opposition. Par des formulations fortes, telles que « les Ivoiriens n’en peuvent plus », il capte l’attention de son auditoire et exprime les frustrations profondes d’une population de plus en plus exaspérée par une gouvernance perçue comme autoritaire et répressive.
La Répression des Libertés et l’Intimidation des Opposants
L’une des critiques majeures de Thiam porte sur la gestion des libertés fondamentales, notamment la liberté d’expression et d’action politique. Il dénonce avec force les arrestations arbitraires de militants de l’opposition, des journalistes et des activistes. En soulignant que ces pratiques d’intimidation ont pour but de « museler » toute contestation, il met en lumière une dérive autoritaire qui, selon lui, menace les principes démocratiques sur lesquels repose l’État de droit. Cette répression s’apparente, selon Thiam, à une tentative délibérée d’empêcher l’opposition de participer activement à la vie politique et de contester un système qu’il considère comme illégitime.
À travers ses propos, Thiam exprime un profond mécontentement face à la militarisation du paysage politique ivoirien, où les forces de sécurité sont utilisées non pas pour protéger la population, mais pour réprimer toute forme de résistance. Ce recours excessif à la force devient ainsi un outil de gestion de l’opposition, au lieu de favoriser un débat politique ouvert et pluraliste. En qualifiant cette gestion du pouvoir d’« usée, vieillissante et corrompue », Thiam donne à entendre que le système actuel est devenu obsolète, incapable d’offrir une véritable alternative politique à la population ivoirienne.
La Manipulation de l’Appareil Judiciaire
Une autre dimension importante de cette critique réside dans l’utilisation de l’appareil judiciaire pour étouffer l’opposition. Thiam fait implicitement référence à l’utilisation de la justice comme un instrument de pouvoir, utilisé pour harceler et emprisonner les opposants politiques sous des prétextes souvent douteux. Loin d’être un organe indépendant, le système judiciaire ivoirien devient, sous le régime actuel, une extension du pouvoir exécutif, incapable de garantir une justice équitable pour tous. Thiam suggère ainsi que la justice en Côte d’Ivoire a été instrumentalisée à des fins politiques, rendant impossible tout véritable contre-pouvoir face à l’exécutif.
En dénonçant cette situation, Thiam cherche non seulement à défendre les droits des opposants, mais aussi à restaurer la crédibilité d’un système judiciaire dévoyé, afin de permettre à la Côte d’Ivoire de retrouver un véritable équilibre entre les pouvoirs de l’État. Il met en lumière l’urgence de garantir une justice indépendante, libre de toute interférence politique, afin de rendre à chaque citoyen ivoirien la possibilité de défendre ses droits en toute sérénité.
Les Frustrations Populaires et la Montée du Mécontentement
Thiam utilise une rhétorique mobilisatrice pour exprimer les frustrations populaires grandissantes face à cette politique de répression. En s’adressant directement aux Ivoiriens, il évoque la souffrance collective d’un peuple qui, selon lui, est étouffé par une gouvernance qui ne respecte ni ses libertés ni ses aspirations démocratiques. L’expression « les Ivoiriens n’en peuvent plus » résume à elle seule le ras-le-bol général d’une population confrontée à une violence systématique, qu’elle soit physique, politique ou psychologique. Ce sentiment d’impuissance collective nourrit le mécontentement populaire, qui se manifeste par des protestations dans la rue et un désenchantement général face à un pouvoir qui semble s’accrocher à son autorité au détriment des intérêts du peuple.
Cette frustration s’intensifie notamment chez les jeunes, les femmes et les minorités qui se sentent de plus en plus marginalisés par un système qui favorise certains groupes au détriment d’autres. En dénonçant cette « machine infernale de l’exclusion », Thiam se fait l’écho d’une jeunesse ivoirienne en quête de changement, désireuse de se libérer de l’emprise d’un pouvoir perçu comme stérile et corrompu.
Le Renouveau de la Politique : Un Appel à la Restauration des Libertés
À travers cette critique acerbe du pouvoir actuel, Thiam s’efforce de se positionner comme un défenseur des libertés fondamentales et des droits de l’homme. En dénonçant les arrestations arbitraires et la répression politique, il se présente comme un défenseur d’un modèle de gouvernance plus respectueux des libertés individuelles et collectives, plus transparent et plus inclusif. Il oppose ainsi un modèle de gouvernance fondé sur le dialogue et la paix à un modèle autoritaire où la violence et l’exclusion sont utilisées comme outils de maintien de l’ordre.
En invitant à l’apaisement et à la réconciliation nationale, Thiam ne se contente pas de critiquer le régime en place, mais propose également une alternative politique plus démocratique, fondée sur la restauration des libertés et l’inclusivité. Ce renouveau politique passe, selon lui, par la fin des pratiques d’intimidation et de violence, et par l’instauration d’un processus électoral véritablement ouvert à tous, où la compétition politique serait équitable et non biaisée par la répression.
Un Détournement du Dialogue : L’Appel à la Sincérité du Discours
Enfin, Thiam se positionne contre le « faux dialogue » qui, selon lui, caractérise le régime d’Ouattara. En effet, la mise en place de dialogues politiques qui ne mènent à aucune véritable réconciliation ou à des changements concrets dans la gestion du pays est, pour lui, une forme de manipulation. Il appelle à un dialogue sincère, véritablement inclusif, où tous les partis et toutes les voix seraient entendus, sans crainte de représailles. Cet appel vise à rétablir la crédibilité du processus démocratique, en insistant sur le fait qu’un véritable dialogue ne peut se faire dans un climat de peur et de répression.
Un Discours de Résistance et de Défense des Droits Fondamentaux
En somme, la critique de l’exclusion et de la violence politique par Cheick Tidjane Thiam va bien au-delà d’une simple dénonciation. Elle incarne un projet de résistance face à un pouvoir répressif et autoritaire, et propose un modèle alternatif de gouvernance fondé sur le respect des droits humains et des libertés fondamentales. À travers ce discours, Thiam cherche à rallier les Ivoiriens à une cause commune : la restauration d’un État de droit véritablement démocratique, où la répression et l’intimidation n’ont pas leur place.
3. Le Dialogue comme Solution
L’appel au dialogue, un élément récurrent dans le discours, est une référence directe à l’héritage d’Houphouët-Boigny, le père fondateur de la nation ivoirienne, qui a toujours privilégié la négociation plutôt que la confrontation. Thiam tente ainsi de capitaliser sur cette figure historique, en la plaçant comme modèle pour une gestion pacifique et inclusive des crises politiques. Toutefois, cette insistance sur le dialogue soulève des questions sur la sincérité du régime actuel à engager une telle démarche, surtout en contexte électoral. En effet, les précédentes initiatives de dialogue ont été largement perçues comme des tentatives de contrôle ou de légitimation d’un pouvoir déjà en place.
4. La Question de l’Inclusivité Électorale
Dans son discours, Cheick Tidjane Thiam met un accent particulier sur la question de l’inclusivité électorale, une thématique essentielle à l’approche de l’élection présidentielle de 2025. Selon lui, la réforme du processus électoral est une nécessité impérieuse pour garantir que les élections soient « inclusives et apaisées », permettant ainsi à chaque citoyen ivoirien, et à chaque force politique, d’avoir la possibilité de participer librement et équitablement au choix de leur dirigeant. Thiam se réfère à la position des leaders religieux, notamment la Conférence épiscopale de Côte d’Ivoire et le nouveau président de la Fédération évangélique de Côte d’Ivoire, qui ont exprimé leur volonté de voir des élections transparentes, ouvertes à tous, sans exclusions indues ni manipulations de l’administration en place.
Un Appel à des Élections Libres et Transparentes
L’appel à une réforme du processus électoral, porté par Thiam, trouve une résonance particulière dans un contexte où l’inclusivité des élections en Côte d’Ivoire a souvent été remise en question. Depuis plusieurs années, des accusations de fraude électorale, de manipulation des résultats, et d’exclusion de certains candidats ont nourri la méfiance populaire vis-à-vis de l’intégrité du système électoral. Thiam insiste sur l’importance d’instaurer un climat de transparence, où les élections ne seraient pas entachées par des suspicions de manipulation ou d’injustice. Il défend ainsi une vision d’élections où la règle du jeu soit claire pour tous, où les partis politiques – de la majorité comme de l’opposition – aient un accès équitable aux urnes et où aucune force politique ne soit systématiquement écartée du processus sous des prétextes douteux.
Une Critique Voilée du Rôle de l’Administration Électorale
Toutefois, derrière cet appel à l’inclusivité se cache une critique implicite du régime d’Alassane Ouattara, accusé de manipuler les règles électorales pour favoriser ses propres intérêts. En évoquant les préoccupations des leaders religieux, Thiam cherche à dresser un parallèle entre les appels à une élection ouverte et transparente, et les pratiques actuelles qu’il considère comme non démocratiques. L’une des principales accusations formulées par Thiam porte sur la manière dont l’administration électorale a été utilisée pour exclure certains candidats de la course présidentielle, en créant des obstacles légaux et administratifs pour les opposants politiques. Cette manipulation, selon Thiam, rend difficile la réalisation d’élections véritablement inclusives et contradictoires avec l’idéal démocratique que la Côte d’Ivoire doit viser.
L’exclusion de certains candidats, notamment les figures de l’opposition, est souvent citée comme une tactique du pouvoir pour limiter la concurrence et s’assurer d’une victoire acquise à l’avance. Cette situation est d’autant plus problématique que l’absence de certains leaders politiques dans la compétition électorale prive les électeurs de choix réels, faussant ainsi le principe de la démocratie représentative. Thiam dénonce donc une instrumentalisation de l’administration électorale à des fins partisanes, et appelle à une véritable indépendance de cette institution afin qu’elle ne devienne pas un simple outil au service du pouvoir en place.
L’Incarcération de l’Opposition comme Stratégie d’Élimination
Thiam va plus loin dans sa critique en dénonçant l’incarcération de figures de l’opposition, qu’il qualifie de méthode systématique pour éliminer toute voix discordante. En mentionnant ces arrestations, Thiam pointe l’une des dérives les plus inquiétantes de l’ère actuelle : l’utilisation de la justice comme instrument de contrôle politique. L’arrestation de figures de l’opposition, souvent sur des accusations politiques fabriquées, a créé un climat de peur et d’intimidation qui dissuade de nombreux acteurs politiques de s’engager activement contre le pouvoir en place.
Ces pratiques, selon Thiam, ont un double objectif : affaiblir l’opposition et s’assurer que le pouvoir reste incontesté. En parlant de ce sujet de manière explicite, Thiam cherche à attirer l’attention de la communauté nationale et internationale sur ce qui est perçu comme une atteinte grave aux principes démocratiques. Ces actions entravent non seulement la liberté d’expression et d’association, mais aussi le droit fondamental de participer à la vie politique de manière équitable.
Une Vision d’un Processus Électoral Inclusif et Équitable
Thiam ne se limite pas à la critique ; il propose également une vision alternative du processus électoral. Pour lui, un système électoral véritablement démocratique doit garantir l’égalité des chances pour toutes les forces politiques, sans favoritisme ni exclusion. Cela implique une réforme profonde de l’administration électorale, notamment la création d’une instance véritablement indépendante et professionnelle qui soit perçue comme impartiale par tous les acteurs politiques. Ce type de réforme viserait à restaurer la confiance de la population dans le processus électoral, un élément fondamental pour assurer la légitimité de tout futur gouvernement.
Un autre aspect important de la vision de Thiam est l’engagement à favoriser un climat apaisé durant les élections. L’inclusivité, pour lui, n’est pas seulement une question de participation, mais aussi de respect mutuel entre les différents acteurs politiques. Il plaide donc pour des élections qui ne soient pas marquées par la violence, les intimidations ou la répression, mais par un véritable esprit de démocratie et de dialogue.
Une Réforme Électorale pour Consolider la Démocratie
La question de l’inclusivité électorale est donc au cœur du discours de Cheick Tidjane Thiam, qui cherche à mettre en lumière l’importance de réformer un processus électoral actuellement perçu comme biaisé. En se référant aux déclarations des leaders religieux et en critiquant les pratiques de manipulation et d’exclusion, Thiam se positionne comme un défenseur d’un système démocratique plus juste et plus transparent. Loin de se contenter d’une simple opposition au pouvoir en place, il formule des propositions concrètes visant à restaurer la légitimité des élections en Côte d’Ivoire et à offrir à chaque citoyen ivoirien la possibilité de participer librement à la vie politique. C’est à travers ces réformes qu’il espère renforcer la démocratie et ouvrir la voie à une gouvernance plus inclusive et respectueuse des droits de tous.
5. L’Appel à la Libération des Prisonniers Politiques
L’appel à la libération des prisonniers politiques est un élément crucial de ce discours. Thiam met en avant le cas des militants du PDCI-RDA et d’autres partis d’opposition emprisonnés pour leurs opinions politiques. En demandant leur libération dans un souci d’apaisement, il fait pression sur le gouvernement d’Ouattara, tout en soulignant que l’injustice subie par ces prisonniers sera, à terme, reconnue. Cette position traduit un désir de récupérer la confiance des Ivoiriens et de promouvoir un climat plus juste, en particulier en période électorale.
6. L’Appel à une Nouvelle Génération de Leaders
Thiam mentionne également la nécessité de passer le relais à une nouvelle génération de dirigeants, une déclaration qui peut être vue comme une critique indirecte des dirigeants actuels et des figures politiques qui occupent la scène depuis plusieurs décennies. En prônant un changement de génération, il cherche à se positionner comme un leader du renouveau, même si ses liens avec le passé et sa position au sein du PDCI-RDA, un parti historique, peuvent nuancer cette image.
7. Les Attentes des Ivoiriens et le Programme du PDCI-RDA
Thiam met en avant un programme politique centré sur la paix, la tolérance et la prospérité, soulignant l’importance du capital humain et de l’égalité des chances. Ce programme semble viser un large éventail de la population, des jeunes aux femmes, en passant par les PME, les fonctionnaires et les paysans. L’accent mis sur la fin du « rattrapage ethnique » et l’appel à une constitution stable, sans changements fréquents, témoignent d’une volonté de garantir une gouvernance plus juste et plus égalitaire. Cependant, cette rhétorique pourrait être perçue comme une promesse d’amélioration des conditions de vie sans réelle proposition concrète de mise en œuvre immédiate.
La Position Internationale et la Non-ingérence
Dans un passage clé de son discours, Cheick Tidjane Thiam adresse une critique directe aux partenaires extérieurs de la Côte d’Ivoire, en particulier les acteurs internationaux qui ont contribué à l’installation et à la consolidation du régime d’Alassane Ouattara. En soulignant leur rôle dans l’ascension de ce pouvoir, il met en lumière la responsabilité partagée de la communauté internationale dans le maintien de l’ordre politique actuel. Thiam les met en garde contre un soutien aveugle à un régime qu’il juge « usé, vieillissant et corrompu », insistant sur le fait que continuer à soutenir un pouvoir en déclin serait non seulement une erreur stratégique, mais aussi une position moralement insoutenable.
Cette critique s’inscrit dans un cadre plus large de redéfinition des relations internationales de la Côte d’Ivoire, un pays qui, selon Thiam, doit désormais se tourner vers un soutien extérieur qui privilégie la justice, la démocratie, et l’inclusivité. Cette approche marque une rupture avec la tendance actuelle qui a, dans les dernières années, favorisé des alliances pragmatiques, parfois au détriment de principes démocratiques et des droits humains. Thiam appelle ainsi à une reconfiguration des relations extérieures de la Côte d’Ivoire, dans un esprit de respect des valeurs fondamentales de liberté, d’équité et de transparence.
Le Rôle des Acteurs Internationaux et Leur Responsabilité Partagée
L’argumentaire de Thiam repose sur l’idée que la communauté internationale a joué un rôle clé dans la stabilité du régime d’Ouattara, particulièrement à travers des interventions politiques, économiques et diplomatiques qui ont contribué à maintenir ce pouvoir en place malgré les critiques internes et les tensions sociales. En insistant sur cette implication, il cherche à souligner une forme de responsabilité morale des partenaires étrangers, notamment les puissances occidentales, les institutions financières internationales, et les organisations régionales telles que l’Union européenne, la CEDEAO ou l’ONU. Thiam semble leur rappeler que leur soutien a contribué à légitimer un pouvoir qui, selon lui, aujourd’hui, ne respecte plus les principes démocratiques qu’il était censé promouvoir.
Cela met en lumière la tension entre les impératifs géopolitiques et les principes de souveraineté démocratique. Alors que certains partenaires internationaux peuvent défendre la stabilité à tout prix, Thiam suggère que cette stabilité, même si elle semble garantir la paix sociale à court terme, nuit à long terme à la qualité de la gouvernance et à la prospérité démocratique du pays. Il critique ainsi une forme de pragmatisme qui pourrait avoir conduit à la fermeture des yeux face aux dérives autoritaires du pouvoir, notamment les violations des droits humains, l’exclusion politique de l’opposition, et les intimidations systématiques.
La Non-Ingérence : Un Principe Fragile dans le Contexte Actuel
Thiam évoque également la notion de « non-ingérence », une doctrine que certains acteurs internationaux évoquent fréquemment pour justifier leur absence de prise de position sur les affaires internes d’un pays. Il fustige cette position de manière particulièrement virulente, soulignant qu’elle devient intenable face à des actes de violence et de répression politique. Selon lui, le principe de non-ingérence ne peut être invoqué de manière indéfinie lorsque des violations des droits humains sont en cours et que des processus démocratiques sont compromis.
En interpellant les partenaires étrangers qui ont soutenu Ouattara depuis son arrivée au pouvoir, Thiam cherche à rappeler que leur soutien dans les moments difficiles de la Côte d’Ivoire ne doit pas se transformer en une forme de complicité dans la consolidation d’un pouvoir autoritaire. Au contraire, il leur demande de se placer du « bon côté de l’histoire », en soutenant la justice, l’inclusivité et l’équité. En fait, ce n’est pas tant la position de non-ingérence qui est en question ici, mais la manière dont ce principe a été appliqué de manière sélective. Lorsque les droits démocratiques sont bafoués et que l’indépendance de la justice est compromise, Thiam appelle la communauté internationale à ne pas rester passive.
L’Isolement Croissant du Régime et Ses Conséquences
Le discours de Thiam révèle également un sentiment d’isolement croissant du régime d’Ouattara sur la scène internationale. Au fur et à mesure que les tensions internes s’exacerbent et que la situation politique devient de plus en plus difficile, la légitimité de Ouattara semble diminuer, non seulement aux yeux de la population ivoirienne, mais aussi au niveau international. Alors que certains acteurs étrangers continuent de soutenir le gouvernement en place, le PDCI-RDA de Thiam semble croire que ce soutien est désormais une épée à double tranchant, menaçant de devenir un facteur d’isolement politique.
Cette position témoigne d’une évolution dans la dynamique des relations internationales de la Côte d’Ivoire. Le soutien extérieur, qui a permis au pays de sortir d’une guerre civile en 2011 et d’une période de crise post-électorale, n’est plus perçu comme une simple alliance pragmatique. Il est désormais vu comme un soutien à un pouvoir qui échoue à répondre aux aspirations démocratiques du peuple. Thiam met en garde la communauté internationale contre le risque de perdre son influence et son capital moral en soutenant un régime qui ne semble plus incarner les valeurs qu’il prétend défendre.
La Nouvelle Vision des Relations Internationales
En somme, Thiam utilise cette critique de la non-ingérence pour appeler à un changement de cap dans les relations internationales de la Côte d’Ivoire. Plutôt que de maintenir des alliances qui se sont essoufflées et qui risquent de nuire à l’image et à la stabilité future du pays, il plaide pour un soutien fondé sur des principes démocratiques solides. Pour lui, l’engagement de la communauté internationale ne doit pas se limiter à préserver la stabilité à court terme, mais doit s’orienter vers la promotion de réformes institutionnelles, de processus électoraux transparents, et du respect des droits de l’homme. Ce faisant, Thiam invite la communauté internationale à prendre position en faveur d’un avenir plus juste et inclusif pour la Côte d’Ivoire.
Conclusion Générale
Le discours de Cheick Tidjane Thiam, prononcé dans un contexte politique de grande tension à l’approche de l’élection présidentielle de 2025, incarne un appel puissant et déterminé à la restauration de la démocratie, de la justice et de l’État de droit en Côte d’Ivoire. À travers sa critique acerbe des dérives autoritaires du régime actuel, il met en lumière la répression systématique, l’exclusion des opposants et les violences politiques qui gangrènent la vie publique. Thiam se positionne ainsi non seulement comme un opposant, mais surtout comme un défenseur des valeurs fondamentales de liberté, de justice et de paix, des principes qui devraient, selon lui, être au cœur de toute gouvernance démocratique.
En dénonçant un système politique qu’il qualifie de « corrompu et répressif », il fait l’éloge de la nécessité d’un renouveau démocratique, où le dialogue sincère et la gouvernance inclusive ne seraient pas de simples slogans, mais des principes effectifs dans la gestion du pays. Il ne s’agit pas ici d’une simple contestation du pouvoir en place, mais d’un véritable projet de réconciliation nationale. Thiam met en avant l’urgence de réformes profondes destinées à garantir à chaque Ivoirien l’exercice de ses droits et libertés, loin des pressions et des intimidations qui minent actuellement le système politique.
Loin de la simple critique, le message de Thiam s’inscrit dans une vision positive pour l’avenir du pays. Il propose une alternative politique fondée sur la transparence, l’équité et la justice, des valeurs auxquelles il souhaite que la Côte d’Ivoire adhère pleinement pour devenir une nation unie, pacifique et prospère. Toutefois, l’enjeu réside dans la capacité de ce message à être entendu et concrétisé. Alors que le pays semble plus que jamais prêt pour un changement profond et authentique, il reste à savoir si cette vision d’un avenir démocratique et inclusif saura transcender les obstacles politiques et institutionnels actuels. Le défi est désormais de transformer ces paroles en actions, et d’ouvrir la voie à un véritable renouveau démocratique.
Simplice Ongui
Directeur de Publication
Afriqu’Essor Magazine
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